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Sort de son lit à 2 ans 1/2 : que faire ?

Dernière question posée le 14/11/2024

Bonjour,

Nous sommes des parents perdus !! Nous avons 2 enfants un garçon de 6 ans 1/2 et une petite fille de 2 ans 1/2. Depuis environ 6 mois les nuits de ma fille sont difficiles…!!! Au début elle sortait de son lit à barreau après plusieurs tentative et chutes nous avons changé de lit. Et elle n’a pratiquement jamais vraiment fait de nuit complète dans son lit. Le soir au coucher nous lui racontons une histoire et a une veilleuse. Le souci c’est qu’elle ne reste pas du tout dans sa chambre, elle est collée à nous, donc nous faisons non stop les allers-retours sans succès et finissons par rester assis à côté d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme… Et les nuits elle rejoint notre lit, je la découvre souvent au pied de notre lit (afin qu’elle essaie de rester discrète). Nous avons beau la ramener à chaque fois mais il arrive que nous n’ayons plus la force de nous réveiller pour la ramener. Sachant qu’elle ne prend plus la tétine depuis 2 mois (tout s’est très bien passé et ne l’a jamais réclamé) mais malgré tout elle veut rester le bébé (elle me dit « Ava bébé ») Aidez-nous à retrouver nos soirées et nos nuits…!!

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour,

Merci de nous aborder aussi gentiment. Nous sommes ravis si nous pouvons vous aider un peu dans ce difficile rôle de parents. Je ne peux pas vous aider à retrouver vos soirées et vos nuits car c’est à vous de vous aider!!! Tant que vous serez à ce point complaisants avec votre fille, jusqu’à attendre assis à côté d’elle qu’elle s’endorme je doute fort que vous arriviez à ces soirées sereines que vous espérez.

Il faut un minimum d’égoïsme pour être parents et ne pas laisser les enfants trop empiéter sur la vie des parents!!

De deux choses l’une:

  • Soit votre enfant est en général très angoissée, refuse de voir d’autres personnes que vous, s’adapte mal aux personnes qui la gardent ponctuellement ou plus longtemps (crèche, nounou) bloque un peu dans ses acquisitions d’autonomie (repas, jeux, curiosité pour les activités, etc.) et il vous faut demander une aide psychologique et voir avec son médecin pour vous orienter.
  • Soit votre enfant va très très bien par ailleurs et il s’agit «juste» du fait qu’elle abuse de votre complaisance à ce moment, à juste titre difficile, de la séparation du sommeil et il vous faut l’aider avec, c’est vrai, plus de fermeté. Il n’y a guère d’autre solution. En acceptant de rester ainsi près d’elle vous lui signifiez qu’elle a raison d’avoir peur et ça ne risque pas de la rassurer et de lui passer si vite… Si vous vous montrez sereins vous-mêmes et fermes «stop c’est l’heure des parents, on ne veut plus te voir, tu n’as pas le droit de te relever ou alors je me fâche très fort (et là au deuxième coup il faut vraiment vous fâcher!!)» il va y avoir quelques soirées très difficiles mais très vite elle trouvera un sommeil serein je vous le promets…

Cette «anxiété de séparation» survient presque toujours vers 2 ans et est une étape habituelle du développement.

Il vous faut passer du temps avec elle en soirée calmement. Puis la coucher avec un rituel court, tranquille, pas trop cérémonieux (il ne faut pas trop en faire) puis lui expliquer qu’elle n’a plus à appeler que « c’est maintenant l’heure des parents» puis laisser sa porte entrebâillée et la lumière dans une pièce à côté (que vous laisserez allumée toute la nuit) (la veilleuse dans la chambre n’est pas forcément une bonne solution car c’est «ok j’y vois mais je suis toute seule» alors que la lumière dans le couleur c’est «ils sont à côté»).

Au premier rappel ou re-lever ne pas céder à ses demandes et hausser un peu le ton (sans pour autant l’effrayer en vous fâchant fort) et la laisser pleurer une dizaine de minutes après lui avoir expliqué que vous êtes à côté…et au second rappel lui dire que c’est fini, que vous ne reviendrez plus et là, la laisser pleurer. Bien sûr il est important que son Papa intervienne aussi.

Lors des réveils nocturnes le processus sera le même.

Il n’est pas souhaitable de laisser un enfant pleurer la nuit sans être allé le voir, sans l’avoir rassuré et consolé au moins 2 fois mais il ne faut pas que cela dure des heures.

Bien sûr cela suppose aussi que ses journées soient bien rythmées, sans agitation perpétuelle d’emploi du temps ou de mode de garde. Il convient que l’ambiance de la famille soit rassurante sans souci important sous jacent qui pourrait donc faire que votre enfant ressent cette inquiétude. De cela on n’est pas toujours maître, évidemment, (maladie, souci de travail, de couple…). Dans ce cas là ou si les troubles du sommeil persistent ou s’aggravent il faut en référer à son pédiatre.

Si son grand frère est d’accord vous pourriez aussi les mettre dans la même chambre. C’est une très bonne solution alternative pour rompre cette solitude de la nuit et du sommeil.

Au total de la compassion mais pas de complaisance. Ça n’amuse aucun parent d’être sévère mais c’est souvent nécessaire et au final rassurant pour l’enfant qui se sent «encadré» par des limites à ne pas franchir.