Mon bébé d’un an refuse les purées et compotes : que faire ?
il y a 8 ans
La réponse de notre expert
Bonjour, Il semble que vous rendiez les poussées dentaires responsables de beaucoup trop de problème(...)
Bonjour,
Je suis maman expatriée en Afrique. Mon bébé d’un an refuse presque systématiquement les purées et compotes depuis bientôt deux mois, date à laquelle il a commencé sa poussée dentaire assez douloureuse et avec fièvre, écoulement nasal, diarrhées. Il réclame des biberons de lait pour chaque repas. Ce bébé a eu 3 dents sorties les 3 dernières semaines. Il se nourrissait très bien en solide jusqu’à ses 10 mois et mangeait de tout. Je continue à lui proposer du solide à chaque repas mais il s’énerve et ne mange rien jusqu’à ce que le biberon lui soit servi. Je rajoute qu’il souffre d’un RGO important et prend 2 x 5mg d’Inexium par jour. J’ai peur qu’il souffre de carences et je m’inquiète qu’il ne revienne qu’avec grandes difficultés à l’alimentation solide. Étant peu conseillée ici je vous remercie pour votre écoute et vos conseils. C’est mon premier enfant et je ne suis pas toujours sûre de moi.
Bonjour,
Il semble que vous rendiez les poussées dentaires responsables de beaucoup trop de problèmes…
Dès l’âge de un an un enfant peut montrer des préférences alimentaires, pour le sucré par exemple.
Il peut survenir des périodes de baisse d’appétit passagères.
La période de la néophobie survient généralement vers 2 ans. C’est une période difficile au niveau de l’alimentation.
A 1 an votre enfant devrait déjà manger une bonne partie de ses légumes et de ses fruits en morceaux. L’acceptation d’aliments en morceaux dépend du développement des compétences de mastication-déglutition et de l’éruption des dents. Elle est facilitée par la précocité d’introduction d’aliments à texture moins lisse d’où la nécessité de présenter des textures évolutives à l’enfant pour éviter une rupture trop importante et solliciter sa mastication petit à petit.
L’enfant peut commencer à tenir dans sa main des croûtes de pain et des biscuits entre 6 et 9 mois, et à 9 mois il peut prendre lui-même avec ses doigts des petits morceaux dans son assiette. Il faut bien séparer les textures lisses et les morceaux: donnez les purées et les compotes à la cuillère, mais mettez les petits morceaux de légumes, de fruits, de fromage dans une petite assiette séparée. Si vous mélangez des morceaux avec la purée ou la compote votre enfant sera en difficulté pour gérer 2 textures différentes en même temps et il fera mine de s’étouffer…
Il ne faut pas trop tarder pour cette introduction d’aliments en morceaux. On a montré que des enfants de 15 mois qui n’avaient reçu des aliments grossièrement mixés qu’après 10 mois avaient ensuite plus de difficultés à manger des morceaux et à élargir leur répertoire alimentaire : à 7 ans ces enfants consommaient moins de fruits et légumes et avaient davantage de problèmes de comportements alimentaires. L’introduction tardive des textures non lisses peut aussi avoir des conséquences orthodontiques, en particulier sur une croissance harmonieuse et suffisante des arcades dentaires.
Il faut respecter les goûts et l’appétit de votre fils, sans jamais le forcer.
Les repas doivent être des moments de plaisir et de convivialité, si possible en famille. Il faut éviter de se battre lors des repas.
- Vous devez le mettre à table en même temps que le reste de la famille si cela est possible,
- Essayez de créer une ambiance joyeuse et conviviale lors des repas,
- S’il refuse un aliment essayez de l’encourager mais ne le forcez surtout pas; il faut lui proposer de nouveau cet aliment un autre jour ; il ne faut pas se décourager après plusieurs refus mais savoir persévérer.
- Ne remplacez pas un aliment refusé par un autre,
- Ne compensez pas la faible consommation d’aliments à un repas par des aliments de grignotage entre les repas,
- Respectez bien le rythme de 4 repas par jour, sans aucune nourriture entre ces 4 repas. Ne supprimez pas le goûter pour favoriser le repas du soir,
- Ne surveillez pas sans cesse ce qu’il mange: laissez-le faire,
- Ne montrez aucune inquiétude si vous avez l’impression qu’il a peu mangé,
- Ne le grondez pas s’il a peu mangé,
- Ne le félicitez pas s’il a bien mangé,
- Ne parlez pas sans cesse de ce problème, et éviter d’en parler entre vous ou à une tierce personne devant lui.
Restez calmes et détendus. Votre fils risque de se rendre compte qu’il a un pouvoir sur vous en refusant la nourriture, et il pourra en jouer. Montrez-lui (par votre attitude mais sans en parler), dans un grand calme, que son refus de manger vous est totalement indifférent et faites comme si cela n’avait aucune importance pour vous. C’est difficile, mais c’est la seule solution. Rassurez-vous il ne va pas dépérir même s’il saute quelques repas: sa prise de poids s’en ressentira peut-être un peu, mais ce ne sera que passager.
Donnez de la saveur à votre cuisine. On peut éviter la monotonie en jouant avec les épices dans les compotes (vanille, cannelle, etc.) ou dans les légumes, la viande ou le poisson (curcuma, cumin, curry, muscade, etc.) en évitant le poivre et le piment. Les herbes aromatiques (aneth, basilic, cerfeuil, ciboulette, coriandre, estragon, laurier, menthe, persil, romarin, sauge, thym, etc.) permettent de varier les recettes en modifiant les goûts et de mettre de la couleur dans les plats. Un peu d’oignon, d’échalote, et même d’ail, ajouté à la cuisson peut permettre de faciliter l’acceptabilité de certains légumes plus fades, et de varier les préparations.
- Les légumes doivent être cuitssans sel ; ne pas rajouter de sel ensuite, sauf en cas de refus de légumes très fades (en très faible quantité).
- Il est préférable de proposer un seul légume par jour (en plus de la pomme de terre qui sert de liant pour les légumes les plus fluides comme les courgettes ou les tomates) afin que votre enfant apprenne le goût particulier de chaque légume.
- Il est conseillé de changer de légume chaque jour, pour que votre enfant accepte ensuite plus facilement les aliments nouveaux.
- S’il refuse un légume il faut lui proposer de nouveau un autre jour, sans le forcer; il ne faut pas se décourager après plusieurs refus mais savoir persévérer, au moins une dizaine de fois, jusqu’à ce que le légume initialement refusé soit finalement accepté puis apprécié.
Parmi les légumes, il est possible d’utiliser: betteraves rouges, blanc de poireaux, brocolis, carottes, courgettes (épépinées et sans peau), épinards, haricots verts, patate douce, panais, potirons ou potimarrons, tomates. Les bettes (vert et blanc) et les endives peuvent être utilisées en quantité limitée, sous forme de légumes jeunes pour limiter l’apport de fibres. Les petits pois peuvent être utilisés seulement s’ils sont extra-fins. La quantité de carottes sera limitée en cas de constipation. On évitera, au début, les légumes “à goût fort”, ou trop riches en fibres : artichauts, aubergines, cardons, céleris, choux, fenouil, navets, oignons, poivrons, raves, salsifis, vert de poireaux, etc.
La qualité des légumes surgelés est au moins égale sinon supérieure à celle des “produits frais” de la grande distribution. Les légumes du potager familial sont une excellente solution, à condition que leur culture soit réalisée en limitant l’usage des pesticides et des engrais, et que leur durée de conservation soit courte.