Quotidien difficile avec des jumeaux de 13 mois

Bonjour Madame,

Je suis parfaitement d’accord avec vous, vous, jeunes parents avez beaucoup d’injonctions qui génèrent beaucoup de culpabilité ! La culpabilité sera d’autant plus grande que la jeune maman, le jeune papa manque de confiance en soi. Je vois que vous avez assez confiance en vous puisque vous remettez en question les injonctions ce qui est très bien.

Dans la génération qui vous a précédé il y avait peut-être moins d’injonctions, j’en conviens, mais il y avait beaucoup plus de conseils de l’entourage, de la famille et même beaucoup d’intrusion. Cela générait moins de culpabilité mais plus de frustration : « ma mère s’occupe de mon bébé à ma place ».

En tant que médecin, je peux vous dire que ce que vous ressentez comme des injonctions ne sont que des recommandations. Elles sont basées sur la science et nous parlons en terme de « risque » et non de fatalité certaine. Il faut voir les recommandations comme un but vers lequel se diriger et non forcément comme un but à atteindre. Il y a l’idéal et il y a la réalité de la vie.

Prenons un exemple clair : il est idéal qu’un enfant vive dans une famille où les parents s’entendent parfaitement bien. Ok ? Des enfants dont les parents se séparent subissent une épreuve difficile ok ? Cependant il vaut mieux que les parents se séparent plutôt que l’enfant vive au milieu des cris et des disputes. Non ? Alors il y a l’idéal et il y a la réalité.

Alors oui il est recommandé de répondre rapidement et de façon adaptée aux appels des bébés donc à ses cris pendant les 4-6 premiers mois. Cela c’est la recommandation. Mais on peut se demander : que veut dire « rapide » (seconde ? minute ? quart d’heure ?) et que veut dire adapté ? (le prendre dans les bras, le regarder, lui parler ?). Ces nuances permettent d’adapter la recommandation à la vie.

En ce qui vous concerne et concerne votre question : je comprends que vous êtes seule à vous occuper de vos jumeaux. Effectivement c’est une condition difficile et pas idéale car les parents qui sont deux peuvent s’organiser pour faire les choses à deux (par exemple le bain). Ce n’est pas votre cas donc il faut vous adapter. Quand vous donnez le biberon à l’un, si l’autre réclame vous pouvez très bien le rassurer de la voix, le bercer dans son transat avec votre pied (?) dans tous les cas il comprend que vous l’avez entendu et c’est une réponse même si elle n’est pas « idéale ». Et de toutes les façons, le biberon du premier fini vous allez le prendre. Pour donner le bain, vous pouvez très bien amener le second jumeau dans la salle de bain quand vous baignez le permier et il profite de votre voix, de vos chansons, etc.

C’est évident, on n’élève pas des jumeaux quand on est seule comme on élève un enfant à deux ! Il faut s’adapter, trouver des compromis et surtout comme vous le dites très bien, faire du mieux que l’on peut à défaut de faire parfaitement.

En ce qui concerne le développement neurologique, je vous rassure complètement : le développement neurologique d’un bébé est entravé par de la maltraitance grave et pas parce qu’on le laisse hurler 10 minutes ! Quand on laisse hurler un bébé sans être allé le voir, sans lui avoir parlé et cela de façon très régulière, fréquente et répétée, on risque effectivement de le mettre en situation d’insécurité qui en fera (peut-être mais pas forcément) quelqu’un d’inquiet. Mais je suis sûre que vous ne laissez hurler aucun de vos enfants de manière régulière, fréquente, répétée et pendant longtemps ! Je vous conseille d’aller voir le site jumeaux et plus qui vous sera une aide appréciable je pense.

Un petit détail pour le bain. Une façon agréable de donner le bain au bébé et donc à deux bébés ensemble tant qu’ils ne peuvent pas se retourner est de mettre dans la grande baignoire d’adulte si vous en avez une très peu d’eau (environ 10 centimètres) de mettre le bébé sur le dos dans ce fond d’eau et de le laisser gigoter en l’aspergeant. Ils adorent ça. On appelle cela le « bain libre ». Bien sûr il est hors de question de quitter la pièce et laisser le ou les bébés seuls ou de les quitter de yeux.

Bravo Madame pour ces jumeaux ! Bon courage car c’est difficile pendant les trois premières années mais quelle richesse pour eux d’être deux même si la maman se partage ! Finalement cela leur donne bien plus d’autonomie qu’un bébé seul : ils apprennent à attendre et à partager !