Comment mettre fin au co-dodo ?

Bonjour Madame,

Je ne sais pas pourquoi vous n’avez pas de maman. Je ne sais pas non plus si vous vivez seule ou non avec votre enfant. Rien dans votre question ne me dit si vous avez ou non un compagnon ou une compagne, ni ce qu’il/elle pense de la situation et vous aide ou non à faire autrement.

Ce que je lis dans votre question c’est que votre situation à vous (manque de maman) vous a conduite à établir avec cet enfant un lien très serré et très fort que vous n’arrivez pas à distendre alors même que vous le souhaitez.

Le fait d’avoir eu une maman absente vous amène à être une maman peut-être trop présente. En tous les cas qui ne supporte pas la séparation (vous le dites vous-même). Or un enfant, pour s’autonomiser, doit être confronté à des séparations raisonnables (et dormir dans son lit en est une).

Tout cela n’est pas grave et c’est explicable. Il n’est pas trop tard, loin de là, et c’est même bien, au contraire, que vous réagissiez maintenant. Cependant, la situation est suffisamment compliquée  pour que je vous conseille de consulter un(e) psychologue habitué(e) aux petits bébés et aux relation mère-enfant. Vous trouverez sans problème ce professionnel au service de PMI (Protection Maternelle Infantile) de votre ville ou au CMP ( Centre Médico-Psychologique) ou en demandant conseil à votre médecin.

Il me serait facile de vous dire de mettre votre enfant dans son lit et de le laisser s’habituer progressivement même s’il rouspète et hurle un peu pour dire qu’il n’est pas d’accord. Bien sûr vous lui expliquez tout cela et vous l’accompagnez avec bienveillance mais aussi fermeté. Mais je crois, qu’en plus de cette attitude, il faut réfléchir à votre lien et à ses causes. Pour son bien et le vôtre.

Allez courage ! Il faut qu’il grandisse et peu à peu vive sa vie…

Bonjour,

L’allaitement a de très nombreux bienfaits, et la proximité qu’il nécessite entre la maman et le bébé devient vite une proximité que l’enfant réclame à cor et à cri, comme votre petite fille en grandissant.

La physiologie de l’allaitement, et même du sommeil, et même de l’attachement affectif, voudrait que les choses continuent comme ça, que le bébé dorme contre sa maman tant qu’il est allaité et même… beaucoup plus longtemps encore comme cela se fait dans beaucoup de cultures, ou même de familles chez nous, qui n’y trouvent rien à redire.

Mais notre culture à nous, et notre vie sociale à nous, c’est chacun sa chambre (parents et enfants de plus de 6 mois), et chacun son lit (sauf les parents qui en principe dorment ensemble).

Seulement voilà : le bébé qui dormait contre sa maman ne comprend pas, et n’accepte pas pourquoi un beau jour il doit dormir seul dans son lit et il le dit haut et fort !!

Les dents ne sont pour rien dans cette situation, les dents poussent sans arrêt de 6 mois à 2 ans, puis recommencent à 6 ans et, si elles réveillaient, l’enfant ne dormirait jamais pendant de longues années…

les 8ème ou 9ème mois (selon les enfants) sont effectivement des mois caractérisés par une anxiété de séparation par prise de conscience par l’enfant de son individualité par rapport à sa maman. A cet âge, les bébés supportent plus mal la séparation. Et pourtant ils doivent apprendre à ne pas en avoir peur en comprenant que celui qui part revient. C’est pour cela qu’il faut beaucoup jouer avec eux à « coucou/caché », beaucoup les rassurer de la voix quand ils pleurent, si on quitte une pièce, etc…

La méthode dont vous parlez, « méthode Febrer », s’inscrit dans cet esprit d’habituer progressivement un enfant à se séparer et à dormir seul. On le laisse pleurer (car il pleure pour exprimer son désaccord d’être seul) quelques minutes plus de plus en plus longtemps. C’est une méthode que doit être nuancée et adaptée à chacun. On n’élève pas un enfant avec un chronomètre, ni une méthode. L’idée est que si vous souhaitez que votre enfant s’endorme seule dans son lit, il faut l’accompagner avec fermeté (oui on laisse pleurer !), mais bienveillance (laisser hurler longtemps n’a aucun sens). Que ce soit 5 ou 10 minutes, ça  dépend de l’intensité des cris, de ce que vous tolérez et de tout votre contexte d’éducation à vous, ses deux parents, de comment vous agissez la journée vis à vis d’elle. Si vous êtes calmes, non angoissés vous même d’entendre crier votre bébé, si vous revenez l’apaiser très souvent si elle vous semble en détresse, en quelques soirées elle saura s’endormir seule. Mais plus elle fera l’expérience d’une situation très stressante, et plus ses difficultés dureront . Il faut donc trouver un juste milieu : laisser pleurer un peu, mais rassurer beaucoup, et ne jamais faire marche arrière dans votre décision…

N’êtes vous pas un peu le doudou l’un de l’autre et pas seulement vous de votre enfant?

Votre situation de mère seule vous a amenée à être sans doute beaucoup trop tolérante vis à vis de votre enfant et de cette situation de cododo. Sans doute avez vous autant besoin de lui qu’il a besoin de vous… Rassurez-vous certaines mamans, qui ont pourtant un compagnon, arrivent à la même situation. Cependant le fait d’être deux parents permet, en général, une distance plus raisonnable vis à vis de l’enfant qui doit rester à sa place d’enfant et ne pas s’imposer en permanence à ses parents.

Ce n’est pas le fait en soi qui est gênant c’est que vous vous en plaignez et en avez assez. Certaines mamans ne s’en plaignent pas et continuent comme cela des années, chacun a sa façon de voir et d’élever son enfant.

Mais comme cela vous ennuie (et c’est tout à fait normal), il faut donc le lui dire et faire ce qu’il faut pour que ça cesse avec patience mais détermination.

Il faut «juste» commencer à dire «non!!» à votre enfant, tout simplement!

A 13 mois il n’a pas besoin d’avoir le sein à disposition à sa guise. Vous allez commencer par la journée. Lui refuser le sein si ce n’est pas le moment de se nourrir. Puis vous allez le coucher dans son lit pour la sieste et ne pas l’endormir au sein, idem le soir. Bien sûr ça ne va pas être facile mais en y allant progressivement et en étant déterminée et gentiment ferme il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. Puis vous refusez qu’il prenne le sein la nuit pour jouer avec, le mordiller, le tétouiller, etc., et progressivement vous l’amenez à dormir dans son lit et dans sa chambre.

Mais c’est le jour qu’il faut d’abord agir et avoir de la distance et de l’autorité pour beaucoup d’autres choses aussi où vous avez l’impression qu’il «vous bouffe».

Il est bien évident qu’il ne s’agit pas de le laisser hurler jusqu’à l’aube mais d’agir progressivement mais avec assurance.

Et quand même BRAVO pour cet allaitement de plus de un an, même si vous êtes tombée dans le piège un peu. Mais il n’est pas trop tard, loin s’en faut pour réagir et votre prise de conscience montre que vous êtes sur la bonne voie. Courage.