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Parents séparés : il refuse de dormir chez son père, que faire ?

il y a 11 mois

Bonjour,

Mon fils a toujours fait ses nuits et su dormir dans sa chambre. Seulement, depuis ses 28 mois, les nuits sont devenues difficiles : beaucoup de réveils nocturnes, puis des grosses crises de pleurs et d’angoisse à l’idée d’aller dormir dans sa chambre.

Agé aujourd’hui de 3 ans et demi, il n’arrive pas s’endormir sans ma présence et se réveille la nuit pour vérifier que je suis à côté de lui. Il joue dans sa chambre, mais dès que l’heure de dormir arrive c’est les crises de pleurs et les angoisses pour y aller. Il ne veut dormir que dans le lit de maman, avec maman. Quand je lui demande pourquoi il ne veut pas dormir dans sa chambre, il me répond « maman est pas là ».

Séparée de son père depuis plusieurs mois, nous passons devant le juge aux affaires familiales (JAF) en mai 2024. Mon fils refuse de dormir chez son père : pour lui ce n’est pas sa maison et il ne veut pas dormir si maman n’est pas là. Son père demande malgré tout à obtenir un jugement avec nuitées. Il part du principe que si le petit pleure, à force il comprendra que c’est comme ça. Chose que je refuse. J’aimerais que mon fils puisse dormir dans sa chambre et chez son père quand il se sentira prêt.

Je suis un peu désemparée car je ne sais pas comment faire comprendre au JAF que l’enfant n’est pas prêt à dormir sans ma présence et surtout je ne sais pas comment aider/préparer mon fils à dormir sans moi si jamais le jugement ne va pas dans mon sens. Je ne veux pas que du jour au lendemain il soit amené à vivre cette situation et pense que je l’abandonne.

Pourriez-vous me donner des conseils s’il vous plait ?

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Il n’est en aucun cas souhaitable, dans notre culture tout au moins, qu’un enfant de 3 ans et demi dorme toutes les nuits dans le lit de sa maman. Vous devriez accepter l’idée que, vivant seule avec cet enfant, il n’est pas très raisonnable pour sa construction psychique, que votre lien soit aussi exclusif. Je ne vois pas comment votre enfant pourrait, de lui-même, être prêt à dormir seul si vous ne l’y encouragez pas et même ne l’y obligez pas. Vous devez encourager votre enfant à dormir ailleurs qu’avec vous, et vous devez l’encourager à aller dormir chez son père, mais aussi ses grands-parents s’ils veulent le garder.

Un enfant se construit dans tout un environnement familial et il a autant besoin de sa maman que de son papa. Je suppose bien évidemment que son papa ainsi que l’entourage que j’ai cité est capable de s’en occuper et est aimant à son égard. En effet, je ne vous connais pas et ne connais pas son père ni ne connais votre histoire de couple ni la raison de votre séparation.

Donc, en supposant que son papa est capable et aimant, la situation fait qu’il a entièrement raison de vouloir garder votre enfant, y compris la nuit. Et c’est tout à fait nécessaire pour cet enfant de partager la vie de son papa et donc plusieurs jours d’affilée et de nuits. Il est selon moi fort possible que le juge statue dans ce sens.

En n’aidant pas votre enfant à dormir ailleurs qu’avec vous, vous vous exposez à la critique de son père et sans doute aussi du JAF, que vous ne voulez pas que son père le garde…

Donc je vous encourage à expliquer à votre grand garçon qu’il est beaucoup trop grand pour dormir toutes les nuits avec sa maman. Que vous n’êtes pas d’accord avec cette situation et qu’il doit aller dormir aussi chez son papa.

Bien sûr il va rechigner mais vous allez être ferme et déterminée et l’ y contraindre progressivement, ce qui lui évitera que le juge lui impose trop brutalement ce changement sans que sa maman, pour son bien, ne l’y ait préparé. En effet, si vous ne voulez pas qu’il pense que vous l’abandonnez, le jour où cette décision du juge surviendra, il est important que cela vienne de vous, pour que votre enfant se sente non pas abandonné, mais bien au contraire soutenu par sa maman et encouragé par elle. C’est le travail de tout parent.

En résumé, c’est à vous d’être prête à lâcher votre enfant vers son père et non à lui d’être prêt à vous quitter.

Je vous souhaite bon courage pour passer cette étape.