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Néophobie alimentaire 6 ans, que faire ?

il y a 3 ans

Bonjour,
J’ai un garçon de 6 ans, vraiment difficile. Il aurait peut être des troubles autistique mais ce n’est pas sûr.
Depuis tout petit l’alimentation à toujours été compliquée mais le temps passe et cela ne s’améliore pas. Chaque repas est un combat pour le faire manger. A la cantine il ne mange presque jamais. Cette semaine alors qu’il aimait le menu il n’a pas mangé car « il n’avait pas envie »… quel enfant refuse un éclair au chocolat pour ce type de raison ?
En général il n’aime que 4 ou 5 plat et refuse de goûter des nouveaux. On ne peut le nourrir de pâtes à chaque repas ! Il aime les saucisses mais ne sait même pas avaler correctement un morceau de viande qu’il finira par recracher. Pareil pour le poisson quand il n’est pas pané. De base il a un tempérament plus têtu qu’une mule et toute tentative pour le forcer a manger ou même a goûter échoue. Il aime les desserts mais préfèrera en être privé que de manger le plat présenté. Quand on lui présente des pâtes il se gave, mais on est obligés d’acheter toujours la même sauce sinon même ça il ne mange plus.
A la cantine si les pâtes ont des bouts de carottes ou équivalent il ne mangera pas non plus. Si jamais il se lasse d’un des rares plats qui « passent » c’est une nouvelle galère pour lui trouver autre chose. On nous dit « votre enfant se laissera pas mourir de faim », j’ai très franchement des doutes car il est souvent resté 3 ou 4 repas sans rien avaler. Il refuse aussi les plats froids, il va tout le temps faire réchauffer son assiette mais pas sandwich froid, salade ou crudités !
Bref… ça atteint un tel niveau qu’on est a bout et on fini par le mettre tout le temps a la cantine même si on sait qu’il mange pas, au moins il n’est pas là.
Faut il être plus sévère ? Faut il laisser couler ? Avec le temps ça influe sur son comportement et il devient de plus en plus odieux, en mode enfant gâté.
On n’arrive a pas voir ce qu’on a raté car son petit frère mange parfaitement les même choses que nous.
On nous propose de faire de l’orthophonie mais il en déjà pour l’écriture et il peut pas faire plus de 2 séances par semaine alors on attend qu’il finisse déjà l’écriture mais je ne suis pas sûr que ça changera quelque chose. Si vous avez une idée, n’importe quoi, je suis preneur.
Merci d’avance.

La réponse de notre expert

BOCQUET Alain, Dr
 Dr Alain BOCQUET

Bonjour,

Le comportement de votre enfant évoque tout à fait une néophobie importante : mais ceci n’est pas une pathologie et cela passera avec le temps à condition que vous adaptiez votre comportement à cette situation.

Vous devriez lire l’article de mpedia sur la néophobie, en particulier le paragraphe « prise en charge ».

Dans votre question certains mots ou expression méritent un commentaire :

  • Chaque repas est un combat : Les repas ne doivent pas être un combat, soyez calmes et détendus même si cela est difficile. Votre fils sera étonné de constater que vous gardez votre calme, ce qui témoigne de votre solidité. Votre fils a besoin de parents solides et il est angoissé s’il constate que vous êtes débordés et que vous ne maitrisez plus la situation.
  • Il n’avait pas envie : il a le droit de ne pas avoir envie de manger lors d’un repas. Il ne faut pas relever la remarque et il faut respecter son appétit. Lorsqu’il vous dit cette phrase cela peut aussi correspondre à un test pour voir s’il a le pouvoir de vous faire perdre vos nerfs. Dites que cela n’est pas grave de ne pas avoir faim, ne compensez pas le plat refusé par un autre plat, ne donnez pas un dessert plus important, ne compensez pas par des aliments de grignotage pour attendre le repas suivant.
  • Votre enfant ne se laissera pas mourir de faim : effectivement cette affirmation est juste et habituellement la courbe de poids reste tout à fait correcte.
  •  Il a un tempérament plus têtu qu’une mule : il a le droit d’avoir un caractère fort et cela n’est pas un défaut. Cependant cela rend les relations avec vous compliquées car il essaie de vous dominer, même si en fin de compte cela l’angoisse de constater qu’il y arrive…
  • Toute tentative pour le forcer a manger ou même a goûter échoue : il ne faut jamais forcer un enfant à manger, cela est tout à fait contre-productif. Il faut beaucoup de bienveillance de votre part. Il ne faut jamais réprimander ou punir ou priver de dessert un enfant qui refuse un plat. De même il ne faut jamais féliciter ou récompenser un enfant qui a bien mangé.
  • Il aime les desserts mais préfèrera en être privé que de manger le plat présenté : cf le phrase précédente.
  • C’est une nouvelle galère pour lui trouver autre chose : ce ne doit pas être une galère car vous ne devez pas trouver autre chose, mais proposer à votre enfant les mêmes plats qu’au reste de la famille. S’il mange c’est bien, s’il refuse on en reste là !
  • Ca atteint un tel niveau qu’on est a bout : effectivement il a réussi à prendre le pouvoir sur vous et cela vous exaspère. Sur le moment il jubile de cette victoire sur vous, mais ensuite il angoisse de constater que ses parents ne sont pas solides : sur qui peut-il compter si ses parents sont si faibles et à bout ?
  • On finit par le mettre tout le temps a la cantine : c’est grave de l’exclure de la famille pour les repas, moment de convivialité…
  • Faut il être plus sévère ? : Il ne s’agit pas d’être sévère, mais d’être solides dans votre comportement et vos décisions. Vous devez apparaître indifférents devant son refus de manger et ne pas faire de commentaires. Vous ne devez pas parler sans cesse de ce problème avec lui, ni à d’autres personnes devant lui, car votre désarroi traduit votre fragilité.
  • Il devient de plus en plus odieux, en mode enfant gâté : n’est-il pas odieux parce qu’il aimerait avoir des parents plus solides ?
  • Son petit frère mange parfaitement les même chose que nous : évitez absolument de comparer la consommation d’aliments de son frère avec la sienne. Chaque personne est différente. Son comportement opposant peut aussi lui permettre d’attirer votre attention sur lui, plutôt que sur son petit frère.

Il semble que l’orthophoniste ne soit pas utile, par contre l’aide d’un(e) psychologue ayant l’habitude des enfants serait très utile pour vous aider dans cette situation difficile pour vous.