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Gros problèmes de sommeil à 18 mois : que faire ?

Dernière question posée le 20/09/2024

Bonjour,

Ma fille de 18 mois se réveille au minimum 3 fois la nuit, elle se couche sans problème vers 20h, et commence à se réveiller vers 23h. Elle ne se rendort qu’avec un biberon puis se réveille 3h plus tard et réclame à nouveau un biberon, puis se réveille à 7h dès que je sors de ma chambre le matin, sans bruit particulier, elle a le sommeil très léger. On a déjà essayé de la laisser pleurer mais on fini toujours par lui donner un biberon et elle dort aussitôt après. Quand on ne cède pas, elle ne dort pas de la nuit. Elle est énervée toute la journée, crie et fait toutes les bêtises possibles mais elle ne veut pas faire de sieste non plus. A côté de ça elle ne semble pas fatiguée plus que ça et a un développement psychomoteur assez précoce. Nous ne savons plus quoi faire et le manque de sommeil commence à jouer sur notre patience et du coup on cède encore plus.

La réponse de notre expert

WERNER Andréas Dr
Dr Andréas  WERNER

Bonjour,

Réponse du Docteur Andréas Werner, pédiatre

Votre fille peut se réveiller pour des raisons diverses, c’est normal de se réveiller la nuit. Ce n’est pas normal qu’elle vous réveille. Un cauchemar est une bonne raison pour vous réveiller, mais on ne fait pas des cauchemars toutes les nuits. Pour les angoisses c’est également possible. Mais le fait qu’elle arrive à changer votre comportement n’est jamais rassurant pour elle. Etre « Chef de famille » est lourd à porter à 18 mois. Y a-t-il eu des changements dans la vie de votre fille : mode de garde, déménagement, retour de vacances, conflit ou deuil familial, etc. ?

Évitez des messages pas clairs pour elle. Évitez absolument les biberons d’eau ou de lait, et ne la levez pas la nuit.

Soyez rassurants, mais fermes ; montrez votre présence mais n’hésitez pas à la laisser pleurer, soyez gentils mais clairs dans vos messages : « Je t’aime ma petite fille, mais la nuit, chez nous, on dort, et actuellement je ne suis pas disponible pour toi !  »

L’apprentissage de la « tolérance à la satisfaction différée » est toujours difficile pour tout le monde dans la famille, mais une des taches parentales essentielles et extrêmement importantes pour l’avenir de votre enfant.

Réponse des docteurs Alain Bocquet et Catherine Salinier, pédiatres

Le soir, elle doit s’endormir dans son lit, dans sa chambre, seule, après le gros câlin et la berceuse du soir. Il est très important que vous quittiez la chambre avant qu’elle s’endorme.

Le mot « bonsoir » est la limite qui marque le début de la séparation pour la nuit et vous ajoutez « à demain » pour lui signifier que vous l’aimez très fort et que vous lui promettez de la retrouver après sa nuit de sommeil. Entre « bonsoir » et « bonjour » il ne doit plus rien se passer entre elle et vous (sauf si elle est malade) : pas de retour dans la chambre, pas de bisous, pas de câlins interminables, pas de paroles, etc… et pas de biberons (surtout à son âge !) Entre ces deux mots votre fille doit comprendre qu’elle doit rester calme dans sa chambre et qu’elle doit respecter votre sommeil et celui de toute la famille.

Vous pouvez allumer deux mini-veilleuses de couleurs différentes dans deux points différents de la chambre au moment où vous quittez la chambre, le soir (un seul point lumineux ne suffit pas pour se repérer dans l’espace pendant la nuit). L’environnement qui entoure votre fille au moment où elle s’endort doit rester absolument le même toute la nuit : si la porte est ouverte elle doit rester ouverte, si la lampe du couloir est allumée elle doit rester allumée toute la nuit, si vous lui tenez la main pour l’endormir vous devrez rester à côté d’elle en lui tenant la main toute la nuit, si elle s’endort dans votre lit (ce qui n’est vraiment pas une bonne solution et qu’il faut éviter) elle devra y rester toute la nuit, etc… Si elle se réveille, ce qui est normal entre chaque cycle de sommeil, et qu’elle constate que vous n’êtes plus à côté d’elle, alors que vous étiez là quand elle s’est endormie, elle se trouve très angoissée, car elle pense que vous l’avez abandonnée et elle pleure !

Elle peut éventuellement pleurer de temps en temps, même très fort, dans son sommeil, en cas de terreurs nocturnes qui ne sont pas graves et surviennent plutôt avant minuit, ou en cas de cauchemars, plus fréquents en fin de nuit : dans les deux cas intervenez le moins possible, vous pouvez lui faire une caresse, mais surtout ne la sortez pas de son lit.

Elle a pris de mauvaises habitudes et elle devient tyrannique avec vous en vous faisant du chantage par ses cris et ses pleurs. L’attitude de fermeté bienveillante que vous allez adopter va lui apprendre que vous avez posé une limite précise représentée par le mot « bonsoir » et que vous vous y tenez. Elle va essayer de pleurer, même très fort, et pendant longtemps, pour vous faire « craquer ». Vous pouvez retourner dans sa chambre une ou deux fois, sans la prendre dans vos bras et sans bisous, lui montrant par votre ton que vous êtes fâchés et en la prévenant que vous ne reviendrez plus, puis vous le laisserez crier. Cela va durer pendant deux nuits, trois au maximum, et puis tout sera fini. Elle aura compris la réalité de la limite que vous aurez fixée par le mot « bonsoir ». Pour être heureux un enfant a besoin d’amour et de limites : il ne faut pas que l’un des deux manque. Elle saura que ses parents l’aiment très fort mais aussi qu’ils sont solides et qu’elle peut compter sur eux.

Mais il faut aussi être sûr que tout va bien dans la journée. Y a-t-il eu un changement récent ? Avez vous quelques soucis en ce moment qu’elle aurait pu percevoir ? Pour pouvoir la rassurer, et être en capacité de fermeté, vous devez être vous mêmes calmes, non préoccupés et ne pas vous laissez envahir vous mêmes par cette angoisse du sommeil de votre enfant ce qui ne fait qu’augmenter la sienne.

Si vous êtes calmes et fermes il est probable que tout va rentrer très vite dans l’ordre.

Vous pouvez lire l’article de mpedia sur le rituel du coucher.