Entrée en maternelle, colères et violences : que faire ?

Bonjour Madame,

Oui je comprends que ce petit garçon est en colère. Il semble parler correctement puisque vous me dites qu’il peut vous parler le soir de ce qu’il s’est passé. Mais sa colère dépasse son langage et passe par son corps.

Il est déjà suivi par une psychologue et je vois mal quel conseil autre je pourrais vous donner car c’est effectivement la prise en charge qui s’impose. Néanmoins la prise en charge psychologique des enfants si petit ne peut pas se faire sans la prise en charge aussi de ses parents de façon à ce que chacun évolue pour aider cet enfant. Il semblerait que le papa de votre enfant ait besoin d’accepter de ne pas faire passer la rancœur qu’il a contre vous par son enfant. C’est cela qu’il faudrait obtenir.

En attendant vous pourriez peut-être lui demander d’accompagner une ou deux fois son enfant chez la psychologue ou même à l’école pour qu’il entende que son enfant ne va pas bien et est très en colère.

La prise en charge psychologique pourrait être associée à une prise en charge en psychomotricité en alternance par exemple. En effet les psychométriciens travaillent beaucoup le comportement par le corps. Parlez en avec la psychologue.

Au niveau de votre enfant et de l’école il serait nécessaire que tout adulte qui s’occupe de lui (vous et le personnel de l’école) comprenne bien que cette colère en lui a plus besoin d’être apaisée que reprochée. Je veux dire par là que s’il est grondé pour ce qu’il fait, si on lui dit qu’il est vilain, etc. c’est double peine : non seulement il a mal mais en plus il est grondé d’avoir mal. Il est donc important de ne pas le gronder, encore moins le punir.

Cela ne veut pas dire qu’on ignore ce qu’il fait, non, on lui dit bien que cela ne se fait pas et qu’il doit s’excuser mais on ne le gronde pas, on ne le met pas à l’écart. Au contraire on le valorise, on lui donne des responsabilités dans la classe et à la cantine, etc. on essaye de lui montrer de l’affection pour l’aider à se sentir fort sans avoir à taper et à mordre.

Il est important qu’il se sente « aimable » (ce qui veut dire « pouvoir être aimé ») et non pas détestable. Il faut travailler pour lui redonner confiance en lui. C’est sans doute ce que fait la psychologue mais ce que peuvent aussi faire les adultes de son entourage.

Bon courage à ce petit bonhomme

Bonjour Madame,

Je trouve que votre enfant va très bien ! Et tout son problème (si problème il y a) est résumé par sa phrase « je voulais pas elle mais toi »… En effet, la rentrée en maternelle est vraiment très difficile pour ces tout petits. Il n’y a que la France pour faire ainsi des maternelles obligatoires, et pour beaucoup d’enfants avec des temps périscolaires, c’est une journée si longue sans papa et maman.

La séparation est difficile et la plupart des enfants qui vont bien, qui sont bien constitués en sécurité affective au fond d’eux-mêmes s’y adaptent très bien en ne disant rien sauf… quand ils se retrouvent en terrain connu, aimé et fiable. Alors là, ils se lâchent et laissent libre cours à leur désarroi, leur colère, leur besoin de régresser etc… En effet, le milieu où on est le mieux, où on est sûr qu’on peut tout se permettre, leur havre de sécurité comme dit la théorie de l’attachement  c’est… avec ses parents !

Alors voyez son comportement comme un signe de relâchement, de lâcher prise après la journée à prendre sur elle et à se maîtriser… Ne la grondez pas ! Certes, pointez ce qu’elle fait qui ne va pas (vous taper, vous mordre etc…), prenez-le si vous le pouvez avec humour et recul. Laissez-la régresser, elle qui doit toute le journée être « grande », et patientez… Tout rentrera dans l’ordre dans quelques mois. Mais ce sera toujours chez vous et avec vous qu’elle lâchera les armes et franchira les limites.

Quel parent n’a pas entendu « elle est adorable et dès que tu arrives ça ne va plus… » ? Le parent, au lieu de se vexer et de se sentir en défaut d’éducation, doit prendre cela comme une marque d’attachement solide de la part de son enfant.

Bonne scolarité à votre « grande petite fille »

Bonjour Madame,

Vous ne pouvez rien faire de plus que ce que vous faites : pédiatre, psychologue scolaire, pédopsychiatre. C’est très bien. Vous avez pris en compte ce que vous dit la maitresse et vous faites tout pour aider votre enfant.

Je suis de l’avis du pédiatre qui dit que, à cet âge, les colères sont habituelles et plus ou moins importantes selon les enfants. Normalement les maitresses et les Atsem de maternelle savent comment gérer cela. Il semblerait que, en ce qui concerne votre enfant, elles n’y arrivent pas. Votre enfant est-il anormalement coléreux ? Je suppose que le pédiatre qui le suit depuis qu’il est né a dû vous rassurer sur son développement global (langage, motricité, comportement social, audition, vision) à l’examen complet des 3 ans. Si cet examen n’a pas encore eu lieu, il faut le faire.

Par ailleurs je suppose que vous avez une vie de famille calme, que votre enfant ne regarde pratiquement aucun écran ou alors que avec vous et que quelques minutes, que vous le sortez beaucoup et qu’il bouge beaucoup en extérieur (promenades, jeux au parc etc…). Donc si tout va bien de son développement et de votre vie familiale, et si vous, à la maison, vous ne notez pas de colères anormales et arrivez à bien gérer, c’est donc que c’est effectivement l’école qui pose problème à cet enfant et il faudrait revoir cette adaptation.

Si vous avez la possibilité de ne mettre votre enfant que le matin jusqu’aux vacances de Toussaint ce serait parfait. Mais si vous travaillez et que vous ne le pouvez pas, alors il ne faut pas se poser de question et il va à l’école toute la journée (essayez de ne pas le mettre en garderie) comme c’est obligatoire à son âge. Et la maitresse doit s’adapter à cet enfant, l’isoler aussi le temps de la colère et ne pas le gronder de façon à faciliter son adaptation. On peut le réprimander s’il ne respecte pas les règles (par exemple ne pas prêter son jouet), mais le gronder pour une colère n’a pas de sens car il ne peut pas la maitriser. L’ignorer et l’isoler oui on peut, on doit.

Vous allez voir ce que dit la psychologue scolaire et le pédopsychiatre et vous allez garder un lien chaleureux avec la maitresse pour qu’elle aussi aide votre garçon comme le fait celle du lundi matin.