Réponse à propos du décalottage du docteur Véronique Desvignes
1. Nous savons qu’il existe physiologiquement des adhérences préputiales, c’est-à- dire que le prépuce est «collé» sur le gland chez la plupart des petits garçons. Les sécrétions préputiales blanchâtres (smegma), que l’on voit souvent en transparence, vont se développer du bas vers le sommet du gland et permettre dans 80% des cas la libération spontanée des adhérences à partir de l’âge de 5 ans. C’est très fréquent.
- Nous savons aussi qu’il existe parfois un phimosis, c’est-à-dire que l’anneau préputial est très étroit et ne laisse pas sortir le gland. C’est moins fréquent.
- Nous savons enfin que parfois certains enfants, même tout petits, n’ont ni adhérences ni phimosis et qu’ils sont vite et facilement décalottés. C’est plus rare.
2. L’objectif poursuivi est que les adolescents n’aient pas de problème lors des érections, Un décalottage impossible ou incomplet en raison d’un phimosis serré ou d’adhérences étendues rendra celles-ci douloureuses.
L’existence d’adhérences limitées, de quelques millimètres qui intéressent le sillon entre le gland et la verge, n’est pas inquiétante, les premières érections de l’adolescence réglant généralement le problème sans vécu particulièrement douloureux.
3. Les urologues recommandent actuellement «une abstention de tout geste de décalottage avant l’âge d’un an, le respect de l’évolution naturelle du prépuce jusqu’à l’âge de cinq ans et le traitement en première intention par des corticoïdes locaux des phimosis congénitaux ou secondaires avant tout geste chirurgical.»
Tout cela est connu, mais il existe autant d’avis que de médecins:
Certains pédiatres et médecins, compte-tenu de ce qui a été dit plus haut, attendent que «la naturefasse bien les choses». Ils expliquent aux parents et à l’enfant comment se laver, comment tirer tout doucement, sans forcer sur son prépuce. Ne rien faire ne doit en effet pas dispenser d’explications, faute de quoi l’adolescent risque de se retrouver avec un problème inattendu qu’il abordera difficilement en famille ou avec le médecin.
D’autres pédiatres et médecins préfèrent continuer à réduire les adhérences. Les partisans d’une levée des adhérences plus précoce avancent plusieurs arguments:
- Un nombre non négligeable de petits garçons gardent des adhérences préputiales étendues à 5 ans, 8 ans ou même à l’adolescence obligeant l’urologue soit à opérer (circoncision) soit à décalotter l’enfant au cabinet après application de crème anesthésiante. Pour ces enfants déjà âgés et ces adolescents, la douleur qui suit le décalottage, notamment lors des mictions, bien que de mieux en mieux gérée par les antalgiques, reste longtemps gravée dans les mémoires.
- De l’avis des médecins qui décalottent les petits garçons, un décalottage plus précoce apparaît moins traumatisant.
- Les autres arguments avancés sont la prise en charge rapide par l’enfant de son l’hygiène et la fréquence moindre des infections urinaires.
Une préparation par l’application quotidienne d’une pommade dermocorticoïde quelques semaines ou quelques mois avant la tentative de libération des adhérences est absolument sans danger et permet d’assouplir le prépuce. L’application d’une crème anesthésiante rend les manœuvres libératoires en cabinet très peu douloureuses.
L’âge auquel certains pédiatres et médecins décalottent les petits garçons est très variable, allant de 5-6 mois à 5-6 ans, l’âge de 3 à 4 ans paraissant le plus habituel.
Le véritable phimosis ne peut être géré en cabinet. Si les dermocorticoides sont inefficaces, l’avis de l’urologue doit être demandé mais pas avant 5-6 ans.
Enfin quelles que soient les habitudes et convictions de votre pédiatre ou médecin généraliste, tous sont unanimes pour penser que le prépuce est très fragile et ne doit pas être traumatisé. Des saignements, des éraillures importantes au niveau de l’anneau préputial peuvent en diminuer l’élasticité et être responsables de phimosis secondaires. Il faut donc que les manœuvres libératoires, si elles sont pratiquées, soient faites en douceur mais jamais en force.
Réponses à propos de la circoncision :
1. Dr Thierry Scheye, chirurgien pédiatrique
Il n’y a, à priori, pas d’âge spécifique pour réaliser ce geste. Il peut se faire très tôt comme dans la religion juive (1er ou 2e mois).
Aujourd’hui ce ne sont pas les complications chirurgicales qui sont les plus ennuyeuses. Les complications que l’on peut rencontrer indépendamment de l’âge sont la sectiondu gland, une sténose de l’urètre, un hématome, une suppuration.
Différentes questions peuvent se poser :
- le problème financier résultant du refus de remboursement de la sécurité sociale pour les indications rituelles
- l’atteinte à l’intégrité corporelle avec un risque de plaintes d’enfants contres leurs parents
- l’engouement pour cette démarche vis à vis du Sida
2/ Dr Véronique Desvignes, pédiatre
Pour la circoncision rituelle, la date est fonction de la religion et des habitudes du pays d’origine: au Maghreb la circoncision est l’occasion d’une fête vers l’âge de 3 ou 4 ans. Les juifs opèrent très tôt, vers 8 jours, le plus souvent avant la fin du premier mois.
L’essentiel est que le geste soit réalisé dans de bonnes conditions d’asepsie par des opérateurs entraînés: tous ne sont pas chirurgiens, ainsi c’est généralement un rabbin qui intervient chez les nouveau-nés juifs.
Cela peut se faire en France, habituellement en milieu chirurgical, mais se pose alors le problème du remboursement par la Sécurité Sociale. Le geste peut aussi être réalisé dans le pays d’origine pour les enfants issus de l’immigration.