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Comment sevrer mon bébé de 16 mois ?

il y a 3 mois

Bonjour,

Ma fille de 16 mois marche, court, est curieuse, explore, rit, communique. Elle commence à comprendre des consignes.

Elle n’a jamais fait beaucoup de siestes. L’endormissement la nuit est facile et elle dort souvent 11 heures avec des réveils. Le jour, elle dort deux fois 40min ou une fois 1h et cela au prix d’efforts considérables pour l’endormir (portage et/ou bercements pendant 1h quand c’est moi et 15min quand c’est papa). Malgré les signes de fatigue, elle lutte pour ne pas dormir. Si nous avons de la visite, elle sera trop excitée pour dormir et ne fera pas de sieste.

C’est un enfant qui a été attendu, elle est née par césarienne en bonne santé. Je m’occupe d’elle à plein temps. Mon mari travaille et prend souvent le relais dès qu’il rentre à la maison. Je l’allaite toujours, elle adore ça.

Bien que j’aie connaissance des recommandations en matière de sommeil, elle dort avec moi dans un lit au sol depuis ses 6 mois. Avant cela, elle dormait dans un cododo. Elle avait des reflux et cela a cessé quand elle a commencé à dormir avec moi. Cela me permettait de dormir alors j’ai gardé cette (mauvaise) habitude.

A ses 15 mois, nous avons remarqué des tâches de déminéralisation sur ses dents, j’ai décidé de la sevrer la nuit et de lui offrir le sein le matin, le soir et après les repas car jusqu’à récemment elle tétait encore à la demande jour et nuit. La logique était de cesser d’exposer ses dents au lait qui est sucré entre les brossages. Pour ce sevrage, j’ai suivi les conseils que j’ai souvent lu sur mpedia : fermeté, cohérence, douceur et patience. Cela aura pris 15 longues nuits jusqu’à ce qu’elle dorme toute la nuit avec des micro réveils où elle se rendormait seule (toujours dans le lit avec moi). Je lui offrais une tétée à 6h du matin puis nous nous rendormions jusqu’à 8h.

Cela a duré 15 jours jusqu’à ce qu’elle tombe malade et que je lui redonne le sein à la demande jour et nuit pendant 48h car elle ne mangeait plus et elle pleurait sans s’endormir avec la fièvre. La 3e nuit, elle allait mieux, je lui ai refusé le sein à l’endormissement et ça s’est bien passé.

Depuis peu, elle me réclame sans cesse, s’endort en étant sur moi et se réveille de plus en plus tôt pour réclamer du lait. Je désespère. Je me sens piégée de l’avoir habituée à dormir avec moi, à avoir pris autant sur moi. Je me sens incapable de revivre les 15 nuits du sevrage. Si je la laisse avec papa elle dormira, mais dès qu’elle dort avec moi elle exige tout de moi.

Que faire ?

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Et si vous acceptiez l’idée qu’il me parait nécessaire d’expliquer à votre petite fille qu’habituellement les papas et les mamans dorment ensemble et les enfants dans leur chambre ? Et si vous arriviez à lui dire ce que vous m’écrivez ici : « je désespère », « je me sens piégée », « j’ai trop pris sur moi », « je me sens incapable de revivre 15 nuits de sevrage » ? Car c’est bel et bien à elle qu’il faut le dire !

Et si vous acceptiez l’idée qu’un enfant de 16 mois hurle quand on le frustre, mais que c’est normal (et même nécessaire car il faut accepter les frustrations pour qu’une vie sereine soit possible) puisqu’ il y a beaucoup de frustrations dans la vie ? Et si vous acceptiez cette idée qu’un cadre de vie et des limites sont nécessaires à sécuriser un enfant et qu’il n’est pas trop tôt à 16 mois de commencer à les poser ? Avec cohérence, calme et fermeté.

Vous avez bien réussi pour éviter les caries dentaire et je vous en félicite, mais alors pourquoi ne réussiriez-vous pas pour mieux dormir et pour retrouver une vie de couple plus habituelle ? Je ne dis pas « normale » car c’est à chacun de fixer ce qui est normal pour les deux personnes du couple. Et si votre conjoint et vous-même préférez dormir séparés et que votre enfant dort très bien avec lui, eh bien… rien de plus simple : donnez-la lui et vous pourrez ainsi dormir.

Un enfant de 16 mois ne fait que ce qu’on l’autorise à faire… Apprenez à dire « non », juste « non ». Les parents sont les tuteurs sur lesquels s’appuyer pour grandir, et ce sont eux qui savent ce qui est permis (« oui ») et ce qui ne l’est pas  (« non »). Et comme cela, l’enfant grandit tout droit, bien en sécurité, dans le cadre.