Bonjour,
Réponse de Séverine Werner, Consultante en lactation
Au 6e mois, chez un enfant encore allaité et diversifié, il est impossible que le lait maternel ne suffise plus… Il est reconnu que la quantité de lait est à peu prés stable entre le 1er et le 8ème mois ce qui signifie qu’elle s’adapte parfaitement aux besoins de l’enfant. Rappelons que le lait reste l’aliment le plus important la 1ère année. La diversification est recommandée par l’OMS autour du 6ème mois et son rôle principal est de compléter ce que le lait maternel ne comble plus en totalité c’est à dire le fer, le zinc et les vitamines hydrosolubles (donc fruits et légumes). Mais il est important de rappeler que ces apports restent en petites quantités et que ce qui va faire grossir l’enfant se trouve bien dans le lait. L’erreur est parfois d’apporter trop de solides au détriment du lait. Il faut sans doute se tourner vers les rythmes et efficacité des tétées : est-ce que l’enfant fait toujours un certain nombre de tétées (au moins 6 voire plus). En effet, ce n’est pas parce que l’enfant grandit qu’il va réduire son nombre de tétées. Il lui faut son «quota» de lait et s’il n’y a pas assez de tétées de jour par exemple, il va se rattraper la nuit …
D’autre part, les tétées sont-elles bien efficaces ? À cet âge, certains bébés sont distraits pendant la tétée et ne tètent que quelques minutes… Il serait peut être intéressant d’observer la façon de téter, quitte à s’isoler parfois dans un endroit calme afin que l’enfant soit mieux concentré. Il pourra aussi avoir besoin d’augmenter le nombre de ses tétées afin de mieux répartir ses besoins.
Enfin, il peut aussi s’agir d’un moment de croissance et les besoins augmentant, ce n’est qu’en tétant que la lactation se remet à niveau et lui suffira. Ne pas hésiter à lui proposer les 2 seins et à alterner plusieurs fois les seins. Comprimer le sein en fin de tétée si besoin afin de « vider » le sein et permettre d’augmenter la rapidité de synthèse du lait.
Se concentrer sur les rythmes et l’efficacité des tétées reste mon meilleur conseil.
Je me permets de souligner qu’en terme de santé pour votre enfant et vous même, c’est très bien de continuer à allaiter encore votre enfant à cet âge, particulièrement en France.
Réponse du Dr Alain Bocquet, pédiatre
Ne soyez pas rigide sur la régularité des quantités et des horaires, cela viendra progressivement. Essayez de le faire téter davantage le soir en augmentant le nombre de tétées, ce qui stimulera aussi votre lactation. L’apport de légumes et de fruits le soir est intéressant mais il ne doit pas entraîner une diminution de la consommation de lait : il faut donc commencer par la tétée.
Voici l’alimentation que vous pourrez proposer à votre bébé à partir du 6e mois jusqu’à l’âge de 9 mois en essayant de privilégier l’allaitement maternel (les doses de biberons sont proposées à titre indicatif) :
L’allaitement maternel se fait toujours à la demande durant la journée (en moyenne 5 à 6 tétées).
Le matin
1 tétée ou 1 biberon de 240 ml d’eau faiblement minéralisée + 8 mesures arasées de lait 2e âge.
Cette ration peut être augmentée ou diminuée de 30 ml d’eau + 1 mesure arasée, mais il ne faut jamais forcer votre bébé à terminer son biberon. Il faut respecter son appétit qui peut varier d’un jour à l’autre, ou selon les heures de la journée.
Il est possible, d’ajouter 1 à 2 c. à soupe de “farines” ou “céréales” 2e âge, avec gluten, dans ce biberon.
Les jus de fruits ne sont pas indispensables.
A midi
Un repas mixé à la cuillère, ou dilué dans un biberon
1/ Soit une purée de légumes “maison” :
- Les légumes doivent être cuits sans ajout de sel (ou très peu).
- Il est préférable de proposer un seul légume par jour (en plus de la pomme de terre qui sert de liant pour les légumes les plus fluides comme les courgettes ou les tomates) afin que votre bébé apprenne le goût particulier de chaque légume.
- Il est conseillé de changer de légume chaque jour, pour que votre bébé accepte ensuite plus facilement les aliments nouveaux.
- Si votre enfant refuse un légume il faut lui proposer de nouveau un autre jour, sans le forcer. Il ne faut pas se décourager après plusieurs refus mais savoir persévérer jusqu’à ce que le légume initialement refusé soit accepté puis apprécié.
Parmi les légumes, il est possible d’utiliser : carottes, haricots verts, épinards, courgettes (épépinées et sans peau), blanc de poireaux, potirons, betteraves rouges, brocolis, tomates. Les blettes et les endives peuvent être utilisées en quantité limitée, sous forme de légumes jeunes pour limiter l’apport de fibres. Les petits pois peuvent être utilisés seulement s’ils sont extra-fins et en faible quantité. La quantité de carottes sera limitée en cas de constipation. On évitera les légumes « à goût fort », ou trop riches en fibres : choux, raves, navets, oignons, vert de poireaux, céleris, persil, salsifis, cardons, artichauts, fenouil, poivrons, aubergines, etc.
La qualité des légumes surgelés est au moins égale sinon supérieure à celle des “produits frais” de la grande distribution. Les légumes du potager familial sont une excellente solution, à condition que leur culture soit réalisée en limitant l’usage des pesticides et des engrais, et que leur durée de conservation soit courte.
Il est conseillé d’ajouter 1 cuillère à café d’huile végétale crue dans les légumes (soit un mélange d’huiles végétales, soit en alternance : colza, noix, soja, maïs, olive), ou une noisette de beurre frais, ou une cuillère à café de crème fraîche.
avec 10 g. de viande (rouge et blanche, en évitant les abats et la charcuterie à l’exception du jambon cuit découenné), soit 2 cuillères à café de viande mixée,
ou 10 g. de poisson, frais ou surgelé, non pané, 2 fois par semaine : 1 fois du poisson maigre, et 1 fois du poisson gras (saumon, maquereau, sardine, hareng). On évitera certains poissons: anguille, barbeau, brème, carpe, silure, espadon, marlin, siki, requin, lamproie,
ou 10 g d’œuf cuit dur
La viande et le poisson peuvent être cuits à la vapeur avec les légumes, ou grillés (sur le grill ou dans une poêle de type Téfal*), ou bouillis.
et un dessert de fruits crus ou cuits en utilisant des fruits bien mûrs écrasés ou mixés sans sucre ajouté si possible.
- Il est préférable de proposer un seul fruit par jour afin que votre bébé apprenne le goût particulier de chaque fruit.
- Il est conseillé de changer de fruit chaque jour, pour que votre enfant accepte ensuite plus facilement les aliments nouveaux.
- Si votre bébé refuse un fruit il faut lui proposer de nouveau un autre jour, sans le forcer; il ne faut pas se décourager après plusieurs refus mais savoir persévérer jusqu’à ce que le fruit initialement refusé soit accepté et apprécié.
2/ soit un “petit pot” de 200 g. légumes-viande, ou légumes-poisson et un “petit pot” de 130 g. de fruits.
Il est nécessaire de respecter les goûts et l’appétit de votre enfant.
A 16h
Une tétée ou un laitage “bébé” (yaourt, petits suisses: spéciaux «bébé»),
Les «laitages-bébé», fabriqués à partir de lait 2e âge, sont préférables aux autres laitages car leur teneur en protéines est réduite, et ils sont enrichis en fer, en acides gras essentiels et en vitamines.
complété éventuellement par une croûte de pain ou un biscuit (boudoir, biscuit à la cuillère, langue de chat, )
et un peu de fruits
Le soir
- soit une tétée
- soit 1 biberon de 240 ml d’eau faiblement minéralisée + 8 mesures arasées de lait 2e âge avec 1 à 2 c. à soupe de “farine” ou “céréales” 2e âge (avec gluten)
- soit un biberon de soupe avec 5 mesures de lait 2e âge,
- soit une purée de légumes à la cuillère (Il est possible d’ajouter un peu de fromage râpé dans les légumes) suivie d’un biberon de 120 ml (4mes.) à 150 ml (5 mes.) de lait 2e âge, ou d’une tétée
et un “petit pot” de fruits, ou une compote de fruits “maison” en utilisant des fruits bien mûrs, cuits et mixés, sans sucre ajouté si possible.