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Comment gérer la jalousie de ma fille de 7 ans envers son frère ?

il y a 2 ans

Bonjour,

J’ai deux enfants, une fille de 7 ans et un petit garçon de 2 ans et demi. Ils entretiennent tous les deux des rapports assez conflictuels. En effet depuis la naissance de son petit frère, ma fille manifeste une grande jalousie envers lui que nous n’arrivons pas vraiment à apaiser. Nous passons des moments uniquement avec elle, essayons de la valoriser sur son rôle de grande sœur, lui parlons beaucoup, utilisons des livres… Mais malgré le fait qu’elle nous dit comprendre que nous l’aimons toujours autant, son comportement est difficile. Elle se comporte souvent comme « un bébé », parle de façon incompréhensible, se roule par terre, fait des crises de colère… De plus, elle embête souvent son petit frère en lui piquant ses affaires, en le tenant alors qu’il ne veut pas, en lui criant dessus… Ces types de comportements ne se produisent qu’à la maison ou chez les grands-parents, mais à l’école par exemple il n’y a aucun souci, son enseignant me dit qu’elle est très agréable, appliquée et qu’elle a de nombreux amis.
Nous avons essayé d’être plus fermes en l’isolant quelques minutes dans sa chambre lorsqu’elle ne s’arrête pas d’embêter son petit frère malgré nos avertissements.

Mon fils de son côté devient très agressif avec elle, en criant également et tapant. Tout comme ma fille, il est en revanche très calme chez sa nounou, jouant avec les autres sans aucun problème.

L’ambiance à la maison devient très compliquée et nous avons l’impression de ne passer que très peu de moments agréables tous les 4. Nous avons pris rdv chez un pédopsychologue pour ma fille, en espérant qu’il pourra l’aider et nous aider également.

Depuis quelques temps, mon fils fait des cauchemars, presque toutes les nuits, dans lesquels il crie le prénom de sa sœur, en disant « arrête, arrête de m’embêter, laisse-moi… ».

Je suis complètement attristée par la situation et je crains que ça ne le perturbe encore plus que ce que je n’imaginais. Je suis vraiment à la recherche de pistes pour nous aider à apaiser la situation. Je vous remercie par avance pour votre aide.

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Je comprends combien cela peut être à la fois déroutant car vous ne savez que faire, décevant car nous sommes tous dans le mythe de la famille idéale et épuisant puisqu’il faut surveiller, gronder etc…

Je crois que vous avez tout à fait bien fait de prendre rendez-vous avec une psychologue. Elle pourra j’en suis sûre, décortiquer pas mal de choses du ressenti de votre grande fille.

Par contre il y a des conseil d’éducation que je me permettrai de vous suggérer. Plus vous serez compréhensifs avec votre grande, plus vous resterez dans le dialogue intellectuel et théorique et plus elle « jouera » (c’est inconscient bien sûr) de la peine qu’elle vous fait. La question de la rivalité fraternelle est de vérifier tout le temps « qui mes parents préfèrent-ils ? » Et bien sûr il ne sert à rien de passer des heures à expliquer ou à lire « les parents aiment tout le monde pareil… » C’est bien de l’avoir fait, très bien, mais maintenant je crois que vous avez assez parlé ! Il me semble préférable maintenant de mettre un cadre comme vous l’avez fait : « Dans notre famille et notre maison on ne fait pas ça. Va chez toi (dans ta chambre) si tu te comportes comme ça car nous ça ne nous intéresse pas d’être avec toi quand tu fais ça ». Cela est dit très calmement sans colère. Et vous le redites et le redites chaque fois… et c’est long d’éduquer un enfant.

Bien évidemment, cela doit être compensé par tous les bons moments que vous pourrez passer avec elle ou lui proposer. Sans pour autant lui dire « Tu vois on fait ça pour que… ». Tout doit être naturel et loin du raisonnement, pour une fois.

Faites-lui confiance pour son frère : confiez-le lui pour l’habiller ou le laver ou je ne sais quoi… De toute ma carrière de pédiatre je n’ai jamais vu d’accident volontaire de fratrie !

Ne vous inquiétez pas : tout cela est normal mais vous devez le canaliser par le cadre. Et la psychologue va vous aider.