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Comment surmonter ma peur après l’hospitalisation de mon bébé ?

il y a 3 semaines

Bonjour,
Je suis maman de trois enfants de 6 ans, 3 ans et demi et bientôt 4 mois. Ma 3eme grossesse est arrivée malgré une contraception.
Je suis d’un naturel plutôt anxieux et cette grossesse a exacerbé celles-ci… Sans qu’il y ait eu de raison particulière, j’ai eu très peur que quelque chose arrive à mon bébé.
Mon bébé a fait une bronchiolite sévère à VRS qui l’a mené en réanimation quand il n’avait que 15 jours.
Depuis son retour à la maison il y a bientôt 3 mois, il a déjà refait 2 bronchiolites, il a maintenant un traitement de fond pour l’asthme… Il est pris en charge et j’espère que tout cela sera bientôt derrière lui.
En revanche, depuis qu’il a été malade, malgré nos précautions avec le renforcement des mesures d’hygiène et le vaccin Abrysvo, un allaitement exclusif, etc., je vis dans une peur constante qu’il retombe malade et attrape les virus ramenés par son frère ou sa sœur de l’école maternelle. Chaque médecin qui s’est occupé de notre bébé nous a mis en garde contre ceux-ci… Et quand il tombe malade, je culpabilise et me sens incapable de protéger mon bébé…
Nous imposons des lavages de mains quasi chirurgicaux aux enfants dès qu’ils veulent toucher leur frère, nous interdisons les bisous, avons passé 2 mois sans sortir et en ne voyant quasiment personne d’extérieur… Mon mari qui lui n’est pas anxieux allait également dans ce sens.
Vendredi, j’ai disputé ma fille de 6 ans quand elle est revenue de l’école avec de la fièvre, lui ai reproché de vouloir faire un câlin à son frère sans faire attention à l’école. J’ai tout de suite réalisé que j’avais perdu pied. Je me suis bien-sûr excusée auprès d’elle et je lui ai expliqué ma difficulté à gérer mes émotions parfois et que ce n’est absolument pas sa faute. J’ai peur de l’avoir profondément blessée par ce reproche très injuste, de plonger mes enfants dans des angoisses hypocondriaques, de les faire culpabiliser si leur frère retombe malade…
Mon fils de 3 ans et demi m’a demandé si c’était sa faute si son frère attrapait des microbes.
J’ai également peur qu’ils prennent leur petit frère comme responsable des tensions de la maison…
Je me suis persuadée que ça irait mieux aux 2 mois de mon bébé, puis à ses 3 mois… Mais la peur est toujours là et j’ai du mal à la gérer…
J’ai contacté un centre d’aide mère/enfant, mais je n’ai pas encore eu de réponse…

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Vous exposez et analysez parfaitement ce que vous ressentez et les conséquences que cela peut avoir sur vos enfants qu’il convient effectivement de protéger de vos angoisses qui les culpabilisent.

Vous n’y êtes pour rien… Il y a télescopage entre ce que vous ont dit mes confrères (prudence pour éviter chez le bébé d’autres contaminations) et votre anxiété actuelle. Ce télescopage a entrainé de votre part une mise en garde bien trop excessive vers vos grands.

Votre petit bébé doit être protégé des microbes, c’est vrai, mais il a un énorme besoin des bisous et des câlins de ses grands frère et sœur pour se construire. Et eux ont un énorme besoin de s’occuper de ce bébé pour l’accepter et lui trouver sa place dans la famille.

Alors, on va prendre des mesures raisonnables : on se lave les mains et la figure en rentrant de l’école et ensuite, on fait tous les bisous que l’on veut au petit bébé. Et on joue avec lui autant qu’on le veut. Quel bonheur d’avoir un grand frère et une grande sœur et quel bonheur d’avoir un tout petit frère ! Aucun microbe ne peut avoir raison de ce bonheur !!

En ce qui vous concerne, vous avez tout à fait bien fait de prendre rendez-vous au service de psychiatrie périnatale. En effet, je me demande si cette anxiété pathologique ne cache pas une dépression postnatale dont vous savez très bien qu’il touche plus de 15 % des mamans sans qu’on n’y puisse rien. L’hospitalisation de votre tout petit bébé peut aussi être un facteur favorisant. À cela non plus, vous ne pouvez rien. Il est important de vous faire aider pour votre bien-être, mais aussi pour celui de toute votre famille.

Ne vous inquiétez pas, dans quelques mois tout sera derrière vous et vous-même et votre famille retrouverez votre équilibre. En attendant, faites vous aider et prenez beaucoup de recul par rapport aux consignes de précautions qu’ont donné mes confrères. Ne l’interprétez pas avec trop de rigueur, car ce n’est pas ce qu’ils ont voulu dire.

Je vous souhaite de très bons moments avec cette magnifique famille.