Parmi les informations rappelées par Dominique Le Guludec, Présidente de la Haute Autorité de Santé (HAS), lors d’un point presse organisé hier, mercredi 13/11/2019, le chiffre impressionnant du nombre de bronchiolites, qui touche « pas loin d’un demi-million d’enfants tous les hivers » en France. Elle représente une cause de recours massif aux soins, le premier réflexe des parents étant les séances de kinésithérapie respiratoire. Une pratique qui n’est aujourd’hui plus recommandée.
Bronchiolite : une pathologie très fréquente
La bronchiolite aiguë du nourrisson est une pathologie très fréquente, qui repose principalement sur l’apparition d’une détresse respiratoire. Les médecines font face à une demande de soins importante chez les nourrissons, et doivent notamment répondre à l’inquiétude de leurs parents.
Pour en savoir plus sur cette maladie respiratoire épidémique, ses symptômes, traitements, gestes de surveillance et de prévention, consultez notre article en cliquant ici.
Une actualisation des recommandations françaises sur la prise en charge de la bronchiolite était nécessaire
En effet, ces dernières recommandations dataient, en France, de 2000 et n’avaient pas été réactualisées au regard des études récentes, en particulier avec les données sur de nouvelles approches thérapeutiques (sérum salé hypertonique), sur les indications de la kinésithérapie (laquelle n’est pas une prise en charge universelle), sur les traitements anti-inflammatoires et bronchodilatateurs et également sur les critères d’hospitalisations comprenant les facteurs de risque.
Plus récemment, des recommandations américaines, anglaises et canadiennes, italiennes et
australiennes avaient, elles, été actualisées en 2014 et 2015.
Que disent ces nouvelles recommandations ?
Celles-ci concernent les nouveaux-nés et nourrissons âgés de moins de 12 mois, ayant une première bronchiolite aigüe. En effet, devant un 2ème épisode rapproché de bronchiolite, il sera nécessaire d’envisager d’autres diagnostics, de prendre en compte d’autres paramètres tels que l’âge, les antécédents (asthme, allergies), les symptômes associés.
Conjointement avec le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP), la HAS a élaboré une grille d’évaluation sous forme de check-list, permettant aux professionnels de santé de définir trois niveaux de gravité de la bronchiolite : formes légères, modérées ou graves. Pour cela, on regardera des critères de gravité clinique (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, problèmes d’alimentation…) et des critères de vulnérabilité (prématurité inférieure ou égale à 36 semaines, âge inférieur à 2 mois, contexte socioéconomique défavorable…).
Selon ces nouvelles recommandations, les formes légères, qui sont les plus fréquentes, ne nécessitent pas d’hospitalisation, permettant par ailleurs d’éviter d’exposer les bébés à des germes. La prise en charge repose sur une approche non médicamenteuse, avec le lavage de nez comme action principale. Il est important que cette technique soit bien expliquée aux parents par le médecin car elle soulage vraiment l’enfant. Vous la retrouverez décrite dans notre article sur le rhume.
Quand cela est nécessaire, « il est essentiel d’assurer une surveillance pluridisciplinaire de ces nourrissons afin de ne pas les perdre de vue pendant cette période critique, en particulier les deux premiers jours », souligne la HAS.
Les nourrissons souffrant de formes modérées sont orientés, au cas par cas, vers leur pédiatre ou vers l’hôpital. Quant aux formes graves, elles doivent d’emblée être orientées vers l’hôpital et si nécessaire, vers une unité de soins intensifs. Les nourrissons de moins de 6 semaines relèvent également d’une surveillance hospitalière systématique.
La HAS rappelle que les traitements médicamenteux (bronchodilatateurs, adrénaline, sérum salé hypertonique) ne sont pas indiqués dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë, et qu’une antibiothérapie doit être réservée aux cas rares de surinfection bactérienne. Les sirops antitussifs et les fluidifiants bronchiques sont pour leur part contre-indiqués.
En outre, la HAS et le CNPP soulignent que les techniques de kinésithérapie respiratoire traditionnelles (clapping, vibration…), aujourd’hui largement répandues, sont également contre-indiquées.
Dans certains cas, comme dans celui des enfants handicapés, la kinésithérapie respiratoire peut cependant se montrer utile.
Pour lire le texte complet des recommandations de bonne pratique de la HAS, cliquez ici.