Mis à jour le 13 février 2025 Dr Andréas WERNER
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La toxoplasmose est une maladie parasitaire qui peut être responsable de lésions graves chez le fœtus. Si la future mère n’est pas immunisée avant sa grossesse, elle devra prendre des précautions pour ne pas être contaminée et ne pas contaminer son bébé comme pour la listériose et la salmonellose. Certains aliments ne pourront être mangés pendant toute la grossesse, et une précaution majeure sera de bien laver les légumes et les fruits consommés. D’après l’ANSES, en France, on estime chaque année à 2700 le nombre d’infections au cours de la grossesse.
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Qu’est-ce que la toxoplasmose ?
La toxoplasmose est due à un parasite, le toxoplasma gondii, qui se multiplie dans les intestins des chats. Ce parasite a un cycle de vie complexe, avec des hôtes définitifs, principalement les chats, dans lesquels il se reproduit, et des hôtes intermédiaires comme les herbivores, les oiseaux, et parfois les humains. Il est aussi présent dans la viande d’animaux contaminés (muscles des ovins et des bovins), dans la terre si celle-ci a été en contact avec des déjections de chats, dans les litières et sur certains aliments comme les fraises. Les symptômes sont généralement discrets.
Des ganglions, une fièvre légère, une fatigue ou des douleurs musculaires sont des signes peu spécifiques pouvant indiquer une toxoplasmose. Après une première contamination, on est immunisé à vie grâce à la présence d’anticorps spécifiques dans le sang.
La toxoplasmose est habituellement bégnine chez des sujets en bonne santé. En cas d’infection pendant la grossesse, elle peut être responsable de complications chez le bébé, en particulier au niveau du cerveau et de l’œil. En début de grossesse, les lésions sont peu fréquentes, mais sévères. En fin de grossesse, l’atteinte fœtale est plus fréquente, mais moins sévère.
Professions et situations à risque
Certaines professions exposent davantage au risque de contamination par le parasite Toxoplasma gondii, notamment celles impliquant un contact fréquent avec des animaux ou de la terre :
- Professions à risque élevé : vétérinaires, éleveurs, jardiniers, agriculteurs, personnel travaillant dans les abattoirs ou manipulant des viandes crues, comme les bouchers et les cuisiniers.
- Femmes enceintes : les femmes enceintes non immunisées avant la grossesse sont particulièrement vulnérables, car une contamination peut entraîner des complications graves pour le fœtus.
- Patients immunodéprimés : les personnes immunodéprimées (atteintes par le VIH, sous chimiothérapie, ou ayant reçu une greffe) courent un risque accru de réactivation de la toxoplasmose, entraînant des complications graves comme des atteintes cérébrales ou oculaires.
Les deux derniers groupes nécessitent une vigilance accrue et des mesures de prévention renforcées, comme le port de gants pour les travaux de jardinage ou la manipulation de viande crue, et une surveillance médicale adaptée.
Symptômes de la toxoplasmose
Chez les personnes en bonne santé, elle est asymptomatique dans environ 80 % des cas[1]. Lorsqu’elle se manifeste, les symptômes sont souvent bénins et peuvent inclure :
- Fièvre modérée : une légère élévation de la température corporelle.
- Fatigue : une sensation de lassitude ou de faiblesse.
- Ganglions lymphatiques enflés : principalement au niveau du cou, ces ganglions sont généralement indolores.
- Douleurs musculaires : des myalgies peuvent survenir, similaires à celles ressenties lors d’une grippe.
Les risques pour les femmes enceintes et le fœtus
La toxoplasmose représente un danger important pour le fœtus lorsqu’une femme enceinte non immunisée est contaminée durant sa grossesse. Le parasite Toxoplasma gondii peut traverser la barrière placentaire et entraîner une infection congénitale, dont les conséquences varient selon le moment de la grossesse[1] :
- Premier trimestre : la transmission est moins fréquente (environ 10 % des cas), mais les complications sont souvent graves. Le parasite peut provoquer des malformations sévères, telles que l’hydrocéphalie (accumulation anormale de liquide dans le cerveau), des lésions cérébrales ou des atteintes oculaires précoces. Dans les cas extrêmes, cela peut entraîner une fausse couche ou une mort fœtale in utero.
- Deuxième trimestre : Le risque de transmission augmente à environ 30 %. Les atteintes sont variées, allant de lésions modérées comme la choriorétinite (maladie de la rétine affectant la vision) à des troubles neurologiques, ainsi que des anomalies de croissance fœtale.
- Troisième trimestre : le risque de transmission augmente considérablement (environ 60 % des cas), mais les lésions sont généralement moins graves. Les atteintes peuvent inclure des inflammations oculaires, comme la choriorétinite (maladie de la rétine réduisant la vision), ou des troubles neurologiques qui peuvent ne pas être présents à la naissance, mais se développer ultérieurement.
En cas de suspicion de toxoplasmose congénitale, une surveillance médicale rigoureuse est essentielle pour évaluer les éventuelles atteintes fœtales et administrer un traitement adapté.
Que faire pour éviter la toxoplasmose ?
En l’absence de protection, si la future maman n’est pas immunisée contre la toxoplasmose, elle doit respecter certaines précautions :
- Se laver les mains soigneusement avant de préparer les aliments,
- Laver correctement les fruits et les légumes, y compris les salades prêtes à l’emploi, avant de les manger,
- Bien cuire la viande fraîche ou surgelée*,
- Porter des gants pour manipuler de la terre ou se laver scrupuleusement les mains après avoir jardiné,
- Éviter d’être en contact avec de la litière ou de la terre souillée par un chat. Si c’est le cas, se laver soigneusement les mains après.
Traitement de la toxoplasmose
La toxoplasmose ne nécessite généralement pas de traitement chez les personnes en bonne santé, mais une prise en charge est recommandée dans certains cas spécifiques :
- Chez les femmes enceintes : la spiramycine est utilisée pour limiter la transmission au fœtus[2]. En cas d’infection fœtale confirmée, une combinaison de pyriméthamine, sulfadiazine, et acide folinique est prescrite.
- Chez le nouveau-né atteint de toxoplasmose congénitale : un traitement prolongé associant pyriméthamine et sulfadiazine est administré, parfois jusqu’à un an, pour prévenir les complications[3].
- Chez les patients immunodéprimés : une combinaison de pyriméthamine et sulfadiazine[4]. L’alternative à la sulfadiazine, en cas d’intolérance, est la clindamycine avec une prescription systématique d’acide folinique pour limiter les effets secondaires.
Un suivi médical régulier est indispensable pour adapter le traitement et surveiller les effets secondaires. En cas de doute, consultez un professionnel de santé.
Le dépistage de la toxoplasmose
Il est important de savoir le plus tôt possible (de préférence avant la grossesse), si la future maman est immunisée contre la toxoplasmose, grâce à des tests sérologiques qui mesurent les anticorps spécifiques produits par le système immunitaire en réponse à Toxoplasma gondii.
- Immunoglobulines M (IgM) : ces anticorps apparaissent tôt après une infection et signalent une infection récente[5].
- Immunoglobulines G (IgG) : ces anticorps apparaissent plus tard et persistent à vie, témoignant d’une immunité acquise après une première contamination[5].
La combinaison des résultats IgG et IgM permet de déterminer si la future maman a été récemment infectée ou si elle est protégée, et d’orienter les mesures de prise en charge.
- Si le test est positif, c’est qu’elle a déjà été en contact avec ce parasite et qu’elle est protégée contre une réinfection. Aucun suivi spécifique n’est nécessaire à ce niveau.
- Si le test est négatif, la future maman devra prendre toutes les précautions nécessaires pour se protéger et protéger son enfant car il n’existe pas de vaccin contre la toxoplasmose. En l’absence de protection, un contrôle sanguin (prise de sang) sera effectué chaque mois, tout au long de la grossesse, pour s’assurer que la future maman ne fait pas une toxoplasmose à « bas bruits » pouvant nécessiter un traitement.
Si une infection est suspectée ou confirmée, des examens complémentaires, comme l’amniocentèse à partir de 17 SA (soit environ 3 mois et demi), peuvent être réalisés pour rechercher le parasite et de déterminer s’il y a ou non atteinte fœtale. Si le parasite est présent, un traitement antibiotique adapté doit être institué. Des examens comme l’échographie et, si nécessaire, les IRM permettent d’identifier d’éventuelles complications.

Je retiens !
La toxoplasmose est une infection souvent bénigne, mais ses conséquences peuvent être graves pour les populations à risque, notamment les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées. Eviter les complications de cette infection repose principalement sur 2 axes essentiels :
- Prévention : adopter des gestes simples et efficaces au quotidien, tels que bien laver les fruits et légumes, cuire correctement les viandes, et éviter tout contact direct avec les déjections de chats ou la terre souillée, permet de limiter significativement les risques de contamination.
- Dépistage : pour les femmes enceintes, un dépistage sérologique en début de grossesse est indispensable pour évaluer leur immunité et mettre en place, si nécessaire, des mesures adaptées pour protéger le fœtus, notamment une surveillance chaque mois si elle n’est pas immunisée.
En cas de doute, de symptômes évocateurs ou pour toute question sur la toxoplasmose, il est recommandé de consulter un professionnel de santé qui pourra apporter des réponses adaptées et, si besoin, orienter vers les examens nécessaires.

Pensez-y !
La surgélation rapide à -35 °C ou plus froid tue efficacement les kystes du parasite.
Une congélation domestique à -18 °C peut être efficace, mais il faut maintenir cette température pendant au moins 3 à 4 jours pour s’assurer que tous les kystes sont détruits.
Précautions à prendre :
Si vous êtes enceinte ou immunodéprimé(e), il est recommandé de bien cuire la viande (à 67 °C) en plus de la congélation, car la cuisson est la méthode la plus fiable pour éliminer Toxoplasma gondii.
Les viandes les plus à risque sont le mouton, le porc et le gibier (le bœuf et le poulet sont moins concernés).
En résumé, la surgélation industrielle est très efficace contre la toxoplasmose, mais la congélation domestique nécessite un temps plus long pour être sûre.
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Le grand Livre de la grossesse édité par les Editions Eyrolles écrit par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français sous la direction du Professeur Jacques Lansac, édition 2012/2013.
[1] Ameli – Toxoplasmose : définition, symptômes et complications possibles
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/toxoplasmose/definition-symptomes-complications-possibles
[2] Ameli – Le diagnostic et le traitement de la toxoplasmose
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/toxoplasmose/diagnostic-traitement
[3] Réseau Sécurité Naissance – Prise en charge maternelle et néonatale
https://www.reseau-naissance.fr/medias/2022/09/TOXOPLASMOSE-Prise-en-charge-maternelle-et-neonatale-2021_VF.pdf
[4] Archives UNESS – Toxoplasmose
https://archives.uness.fr/sites/campus-unf3s-2015/UNF3Smiroir/campus-numeriques/parasitologie/enseignement/toxoplasmose/site/html/cours.pdf
[5] Medisite – IgM et IgG de la toxoplasmose : comprendre ses résultats d’analyse
https://www.medisite.fr/suivi-de-grossesse-igm-et-igg-de-la-toxoplasmose-comprendre-ses-resultats-danalyse.3313034.31154.html
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