Mis à jour le 08 janvier 2025 Dr Catherine SALINIER
Le scorbut est une maladie liée à une carence en vitamine C, qui avait presque disparu dans les pays industrialisés au cours du siècle dernier. Or, des cas récents montrent une réapparition de cette maladie, notamment en France.
Comment expliquer cette recrudescence ? Quels sont les symptômes de la maladie ? Comment la prévenir et la guérir ? On vous donne de nombreuses informations sur cette maladie.
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Qu’est-ce que le scorbut ?
Une maladie liée à une carence en vitamine C
Le scorbut est une pathologie causée par une carence prolongée en vitamine C (acide ascorbique) : (apport quotidien en vitamine C inférieur à 10 mg pendant une période de 1 à 3 mois). Cette vitamine, qui ne peut être produite par l’organisme et doit donc être apportée par l’alimentation (notamment via les fruits et légumes frais) est essentielle au bon fonctionnement du corps humain.
Elle participe en effet au bon fonctionnement des enzymes et à la synthèse de certains composés du corps, comme le collagène. Elle contribue également à l’absorption du fer dans le corps et joue une part importante dans le renforcement du système immunitaire. Elle agit comme un antioxydant puissant, ce qui aide à protéger les cellules des dommages causés par les radicaux libres et à être détruites.
Une carence en vitamine C peut avoir pour conséquence :
- Une fragilisation des parois capillaires (ce qui explique les nombreuses hémorragies cutanées ou muqueuses).
- Un impact sur la santé générale, notamment sur le système immunitaire qui s’affaiblit et devient moins efficace d’où des infections répétées
Le scorbut, la « maladie du marin »
Elle est surnommée « la maladie du marin », car elle touchait principalement les marins en raison de l’absence de fruits et légumes frais (sources de vitamine C) lors des longs voyages en mer, entrainant divers troubles de santé. Avec l’amélioration des techniques de conservation des aliments, la maladie avait presque disparu.
Les causes du retour du scorbut
La dégradation des habitudes alimentaires
Selon le docteur Ulrich Meinzer, médecin spécialiste en nutrition et auteur principal de l’étude, les cas de scorbut se sont accélérés après 2019, et l’épidémie de Covid. L’étude, couvrant la période 2015-2023, révèle en effet une augmentation de 34,5% des hospitalisations pour scorbut, en parallèle avec une hausse de 20% de la malnutrition sévère chez les patients en France.
La précarité et l’augmentation des prix alimentaires, amplifiées par la pandémie de Covid-19, ont contribué à une dégradation des habitudes alimentaires. Les familles les plus vulnérables sont souvent contraintes de se tourner vers des aliments peu coûteux mais pauvres en nutriments essentiels, exacerbant ainsi les carences en vitamines et favorisant le développement du scorbut.
Les principaux facteurs de risque
Plusieurs contextes ou comportements peuvent favoriser cette carence en vitamine C :
- Les personnes en situation de précarité : « Les familles en situation de précarité ne peuvent pas ou plus s’acheter des produits frais qui apportent assez de vitamine C », soulignent les chercheurs dans une étude publiée en décembre 2024 dans The Lancet. Le Programme Malin, qui propose des aides budgétaires aux familles en situation de pauvreté a vu depuis la crise augmenter le nombre de ses bénéficiaires. Cet accès limité aux fruits et légumes frais entraîne une carence alimentaire, principales causes du retour du scorbut.
- Les personnes âgées vivant en institution : une alimentation peu variée ou insuffisante peut les exposer à des carences nutritionnelles en vitamines, y compris en vitamine C, favorisant l’apparition du scorbut.
- Les personnes isolées : l’isolement social peut réduire la qualité des repas consommés, augmentant le risque de carences en vitamines essentielles comme la vitamine C.
- Les adeptes de régimes restrictifs : certaines pratiques alimentaires comme les régimes pauvres en glucides éliminent les aliments riches en vitamine C, conduisant à un déficit vitaminique et au développement potentiel du scorbut.
- Les personnes atteintes de pathologies psychiatriques : ces troubles peuvent impacter leur alimentation et favoriser les carences en vitamines nécessaires à leur santé.
- Les personnes diabétiques : parfois, elles évitent les fruits pour limiter leur glycémie, réduisant ainsi leur apport en vitamines comme la vitamine C, augmentant le risque de scorbut.
- Les grands fumeurs et les personnes atteintes d’alcoolisme : leurs besoins en vitamine C sont augmentés par rapport à la moyenne, augmentant le risque de carences et de développer le scorbut.
Il est important de mentionner que certains troubles chroniques, comme les maladies inflammatoires, augmentent également le risque de développer cette carence. De plus, chez les patients soumis à des épisodes infectieux et aux enfants, les besoins en vitamine C peuvent être plus élevés, nécessitant une attention particulière des médecins.
Une baisse de vigilance de la part des parents
Pour Fabienne Kochert, ancienne présidente de l’AFPA (Association française de pédiatrie ambulatoire), cela vient aussi d’une baisse de la vigilance des parents quant à ce que mange un enfant « Quand ils sont petits, les parents sont plus vigilants… Quand ils grandissent, les parents peuvent perdre de leur vigilance et les enfants ne mangent plus de fruits », rappelant l’importance de l’éducation alimentaire pour prévenir les carences en vitamines et éviter le scorbut.
Fatigue, sang dans les urines, problèmes cutanés : quels sont les symptômes du scorbut ?
Le scorbut, qui reste une maladie très rare, est souvent difficile à diagnostiquer par les médecins. En effet ses symptômes peuvent être confondus avec ceux d’autres pathologies. Voici les principaux signes à surveiller :
- Une fatigue intense et persistante.
- Une faiblesse musculaire et articulaire
- Une anémie.
- Un gonflement et des saignements des gencives, indicateurs classiques de la carence en vitamine C.
- Des hémorragies cutanées, telles que des ecchymoses, hématomes ou purpura, peuvent survenir.
- Des saignements du nez, ainsi que la présence de sang dans les urines ou les selles
- Des difficultés de cicatrisation des plaies observées chez les patients
- Une perte d’appétit accompagnée d’un amaigrissement.
- Une sécheresse marquée des yeux et de la bouche.
- Un œdème des membres inférieurs.
Il est important de noter qu’un patient présentant un ou plusieurs de ces symptômes peut ne pas sembler gravement malade. Toutefois, en cas de scorbut avéré, l’évolution peut être rapide, avec un risque de décès lié à une défaillance cardiaque. Devant ces signes, il est essentiel de consulter rapidement un médecin généraliste ou se rendre dans un CHU pour un traitement approprié.
Quel examen pour confirmer le scorbut ?
Le diagnostic du scorbut repose sur une prise de sang permettant de mesurer le taux de vitamine C dans l’organisme. Il s’agit du seul examen permettant de confirmer cette pathologie. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), un taux sanguin de vitamine C inférieur à 2 mg/L établit la présence de scorbut.
Ce bilan sanguin peut également révéler d’autres carences souvent associées, comme un déficit en fer, en d’autres vitamines tout aussi indispensables ou en sels minéraux. Bien que le scorbut soit désormais rare, près de 40 000 dosages de vitamine C ont été effectués en France en 2016, selon la HAS.
Quels sont les traitements du scorbut ?
Le traitement du scorbut repose sur l’administration orale de vitamine C, à raison de 1 g par jour, réparti en plusieurs prises quotidiennes. Ce traitement doit être suivi pendant au moins 15 jours, accompagné d’un suivi médical régulier par un médecin et, si nécessaire, d’une supplémentation prolongée.
En cas de syndrome hémorragique affectant la peau, les muqueuses ou les gencives, les symptômes tendent à disparaître en seulement 2 jours de traitement. L’état général du patient peut également s’améliorer de manière significative en l’espace de 15 jours grâce à un traitement adéquat.
Au-delà du traitement vitaminique, il est recommandé d’adopter une alimentation équilibrée pour éviter une rechute. Cette alimentation doit inclure une variété de fruits et légumes frais, garantissant un apport suffisant en nutriments essentiels, y compris donc la vitamine C, afin de prévenir la carence et le scorbut.
Comment prévenir le scorbut ?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande un apport quotidien en vitamine C de 110 mg pour les hommes et les femmes. Étant donné que la vitamine C n’est ni synthétisée ni stockée par l’organisme, il est essentiel de la fournir chaque jour par le biais de l’alimentation pour prévenir les carences et maintenir une bonne santé.
Pour éviter les carences, une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits et légumes contenant de la vitamine C, est indispensable.
Exemples d’aliments contenant de la vitamine C :
- Cassis cru (181 mg*)
- Persil frais (177 mg*)
- Chou cru (145 mg*)
- Poivron rouge, sauté/poêlé sans matière grasse (144 mg*)
- Zeste de citron cru (129 mg*)
- Brocoli cru (106 mg*)
- Céréales pour petit déjeuner « équilibre » (89 mg*)
- Fruits rouges, crus (framboises, fraises, groseilles, cassis) (87 mg*)
- Kiwi (82 mg*)
- Pulpe d’orange crue (47,5 mg*)
* Teneur en vitamine C (en milligrammes) pour 100 grammes d’un aliment – Sources : https://ciqual.anses.fr/#/constituants/55100/vitamine-c-(mg-100-g)
Il est important de consommer ces fruits et légumes frais et crus, car la cuisson détruit une grande partie des vitamines qu’ils contiennent. Par conséquent, même avec une consommation semblant adéquate de fruits et légumes, des carences peuvent survenir si ces aliments ne sont pas consommés crus, affectant ainsi la santé de la peau et des gencives et augmentant le risque de développer le scorbut.
Cela corrobore l’intérêt du repas « à la française » réparti sur la journée :
- crudités en entrée
- plat avec légumes + viande ou poisson ou œuf + légumineuse + féculent ou pain le midi et le soir
- laitage + fruit pour le goûter
À noter : le jus de fruit pressé doit être bu rapidement car l’oxydation à l’air détruit la vitamine C. Par exemple, une bouteille de pur jus d’orange, une fois ouverte, voit disparaitre la vitamine C
Les fruits doivent être consommés crus ou, pour le bébé, en compote spécifique où de la vitamine C a été ajoutée.
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