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Prématurité : comment accompagner un bébé né autour de 30 semaines ?

Mis à jour le 18 novembre 2024 2 de nos experts

Bébé prématuré en néonatologie
Crédit : AdobeStock_2303931

Vous êtes enceinte et il existe une menace d’accouchement prématuré ? Vous avez donné naissance à un bébé, né prématuré ?

En tant que parent, vous pouvez vous sentir déstabilisé face aux complications, mais il existe des soins adaptés pour aider votre enfant à grandir dans les meilleures conditions possibles. Découvrons ensemble le parcours de ces tout-petits, de leur naissance à leur stabilisation.

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Quand parle-t-on de prématurité ?

La définition de la prématurité repose sur l’âge gestationnel du nourrisson au moment de la naissance. On parle de prématurité pour les enfants nés avant 37 semaines d’aménorrhée.

La prématurité est classée en différentes catégories selon le nombre de semaines de grossesse atteintes au moment de la naissance. Cette classification aide à évaluer les besoins de soins spécifiques de votre nourrisson et à anticiper les complications potentielles. Voici les trois principaux stades :

Ces nourrissons, fragiles et vulnérables, traversent de nombreuses étapes pour atteindre une certaine maturité.

Stades de la prématurité : comprendre les niveaux de précocité

Qu’est-ce que l’âge gestationnel ?

Avant de découvrir les différents stades de la prématurité, penchons-nous sur l’âge gestationnel. L’âge gestationnel est en effet un facteur clé pour évaluer le développement de votre bébé. Il est calculé en semaines d’aménorrhée (SA), qui correspondent au nombre de semaines écoulées depuis le premier jour des dernières règles de la mère.

Cela diffère légèrement des semaines de grossesse, qui sont généralement décalées de deux semaines, puisque la conception survient environ deux semaines après le début du cycle menstruel. Plus un nourrisson naît tôt, plus il est susceptible de rencontrer des complications liées à l’immaturité de ses organes.

Comprendre l’impact de l’âge gestationnel peut vous aider à mieux appréhender les soins dont votre enfant aura besoin et à vous préparer à son parcours de santé.

JE RETIENS : il est essentiel de noter que certains bébés peuvent nécessiter des soins spécifiques même après avoir atteint 37 semaines de gestation, en fonction de leur développement physique et neurologique au moment de la naissance.

Prématurité modérée (entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée)

Les bébés prématurés nés à ce stade nécessitent des soins en néonatologie, mais leurs organes sont généralement plus développés que ceux des grands prématurés. Leur poids peut varier, et, s’ils peuvent rencontrer des difficultés mineures en matière de respiration ou d’alimentation, beaucoup se rétablissent assez rapidement.

Grande prématurité (entre 28 et 32 semaines d’aménorrhée)

Les nourrissons nés avant terme à ce stade font face à des risques plus élevés de complications. Leur développement organique est encore très immature, et ils nécessiteront des soins intensifs. Ces enfants peuvent avoir besoin d’une assistance respiratoire et d’un soutien nutritionnel important.

Extrême prématurité (moins de 28 semaines d’aménorrhée)

Ce stade est le plus critique. Les bébés nés extrêmes prématurés sont souvent en danger en raison de leur immaturité sévère.

Par exemple, les bébés nés avant 28 semaines peuvent avoir des difficultés respiratoires en raison d’une insuffisance de surfactant pulmonaire. En effet, cette substance est essentielle au bon fonctionnement des poumons, car elle maintient les alvéoles pulmonaires ouvertes.

Leur poids de naissance est très faible, et ils nécessitent des soins médicaux avancés pour survivre. Les risques de complications à long terme sont plus élevés, mais avec un suivi adéquat, certains de ces enfants peuvent surmonter les défis liés à leur naissance précoce.

Concrètement, que se passe-t-il si votre bébé naît prématurément ?

Différentes étapes jalonnent le parcours d’un bébé prématuré, de l’anticipation de la naissance à la stabilisation après l’accouchement.

Cela inclut des mesures préventives avant la naissance (s’il y a menace d’accouchement prématuré), des soins spécifiques au moment de l’arrivée de votre bébé et une surveillance médicale rigoureuse pour assurer son adaptation à l’extérieur du ventre maternel.

Avant la naissance

Si une menace d’accouchement prématuré est détectée, vous serez orientée avant la naissance vers un centre périnatal adapté, de façon à éviter le transfert de l’enfant après la naissance. C’est ce que les médecins appellent “le transfert in utéro”.

Des corticoïdes vous seront administrés à deux reprises par voie intramusculaire ou intraveineuse à 24 heures d’intervalle. Cette précaution permet d’accélérer la maturation des organes de votre enfant et de compenser l’immaturité à la naissance.

C’est en réalité la reproduction d’un phénomène naturel observé chez les femmes enceintes, puisque le taux de corticoïdes s’élève naturellement dans le sang juste avant la naissance du bébé.

Ces médicaments permettront, entre autres, d’augmenter la production de surfactant de votre enfant afin de l’aider à s’adapter à l’air libre. Cette substance contenue dans les poumons maintient les alvéoles ouvertes : elle est indispensable à la respiration et fait défaut aux grands prématurés.

Cette première étape permet à votre enfant de commencer à s’adapter au changement de milieu qu’il va connaître à la naissance, lors du passage du milieu placentaire, liquide, au milieu extra utérin.

Premiers instants de vie des grands prématurés

À la naissance, votre enfant possède tous ses organes externes et internes, mais ils sont encore immatures, ils ne fonctionnent pas complètement.

Votre bébé est tout petit. Il pèse parfois moins de 1000 grammes. Sa peau est fine et de couleur rouge sombre. Vous pourrez observer que sa pilosité, ses mamelons et les sillons de sa main ne sont pas encore développés. Ses organes se développeront peu à peu.

Il va dormir beaucoup mais parfois il sera bien éveillé et il vous sera tout à fait possible d’entrer en relation avec lui, d’abord par le regard et par le toucher. Parlez-lui. Cela lui fera du bien et cela vous aidera aussi.

Stabilisation à la naissance

L’équipe médicale vous expliquera que, immédiatement après l’accouchement, votre bébé a besoin d’une stabilisation. Votre enfant doit en effet s’adapter à ce changement radical de milieu. Il s’agit tout d’abord de le réchauffer.

On lui procure ensuite si besoin une assistance respiratoire ainsi que du surfactant pulmonaire dès les premières minutes. Il s’agit toutefois rarement d’une véritable réanimation. Ces différents soins ont lieu dans la salle d’accouchement avant de rejoindre l’unité de réanimation et de soins intensifs en néonatologie.

La survenue de complications respiratoires et circulatoires, ainsi que de troubles digestifs sont les principaux risques liés à la prématurité, c’est pourquoi votre nourrisson va être surveillé avec attention par l’équipe médicale pendant plusieurs semaines. Au début, il est alimenté à l’aide d’un cathéter (perfusion), placé le plus souvent d’abord par voie ombilicale.

Il va évoluer peu à peu vers une alimentation et une respiration normale. Une fois son état stabilisé, le peau-à-peau lui permettra de retrouver les sensations (odeur, toucher, bruits du cœur, voix, etc.) qu’il connaît et qui vont le rassurer. Cette méthode favorise la régulation de la température corporelle de votre bébé, lui offrant un environnement sécurisé et stimulant pour son système immunitaire. En établissant ce contact direct, vous renforcez également votre connexion affective avec votre enfant, ce qui est vital pour son bien-être émotionnel et psychologique. De plus, le peau-à-peau vous aide à vous sentir plus impliqué(e) dans les soins de votre bébé, facilitant ainsi la création de liens solides et durables (c’est la méthode dite « kangourou »).

L’allaitement maternel est possible et même fortement recommandé pour les prématurés (à défaut, avant 33 semaines, il recevra du lait maternel donné par d’autres mères, provenant du lactarium). Le nombre de semaines passées dans le service de néonatologie  n’est pas fixe et dépend de son développement.

Causes de la prématurité : comprendre les facteurs de risque

La prématurité peut résulter de divers facteurs, et il est important pour vous, en tant que (futurs) parents, de comprendre ces causes afin de mieux les anticiper. Plusieurs éléments peuvent augmenter le risque d’accouchement prématuré :

  • Conditions médicales de la mère : certaines maladies, comme l’hypertension, le diabète ou les infections, peuvent influencer la santé de la grossesse et provoquer un accouchement prématuré.
  • Antécédents de prématurité : si vous avez déjà eu un bébé prématuré, vous êtes plus susceptible d’en avoir un autre. Chaque grossesse est unique, mais l’historique peut jouer un rôle important.
  • Grossesses multiples : les grossesses gémellaires ou de plus de deux enfants sont souvent associées à un risque accru de prématurité, car l’utérus est soumis à une pression supplémentaire.
  • Facteurs liés au mode de vie : des habitudes déconseillées pendant la grossesse telles que le tabagisme, la consommation d’alcool ou une mauvaise nutrition peuvent contribuer à un accouchement prématuré. Veillez à adopter un mode de vie sain pour favoriser le développement optimal de votre nourrisson.
  • Stress et fatigue : le stress émotionnel et la fatigue physique peuvent également augmenter le risque. Il est important de prendre soin de votre bien-être mental et physique tout au long de votre grossesse.
  • Infections : certaines infections, notamment des infections urinaires ou vaginales, peuvent déclencher des contractions prématurées.

Comprendre ces causes peut vous aider à dialoguer avec votre professionnel de santé et à mettre en place des mesures préventives adaptées. Restez vigilante et n’hésitez pas à poser des questions si vous ressentez des préoccupations concernant votre grossesse.

Quels dangers pour les bébés prématurés ?

Les bébés prématurés, nés avant terme, sont exposés à des risques importants liés à l’immaturité de leurs organes. Plus la naissance survient tôt, plus les risques sont élevés. Parmi les complications courantes, on retrouve :

  • Les troubles respiratoires en raison du manque de surfactant.
  • Les risques cardiovasculaires, notamment les problèmes de rythme cardiaque et de circulation sanguine.
  • Les troubles digestifs : le système digestif étant encore immature, des troubles comme l’entérocolite nécrosante, une inflammation grave de l’intestin, peuvent survenir.
  • Les risques d’infection : les nourrissons prématurés sont également plus vulnérables aux infections, car leur système immunitaire est encore en développement.

D’autres complications incluent des troubles de la régulation de la température corporelle, un faible poids de naissance, ainsi que des difficultés de nutrition et de développement.

Prématurité : l’importance du dialogue avec les médecins

Il n’existe pas de données scientifiques précises qui relient le développement normal d’un nouveau-né prématuré à son poids ou son âge de naissance. Ce sont toutefois des enfants très fragiles et les médecins savent qu’aucun enfant n’a jamais survécu en dessous de 22 semaines d’aménorrhée (semaines comptées depuis les dernières règles de la mère).

Le pronostic est très variable et dépend du contexte dans lequel votre bébé a évolué pendant la grossesse. Hypertension, maladies durant la grossesse, infections de la mère, peuvent modifier la résistance de l’enfant. Les spécialistes du service de néonatologie sont très présents avec vous pour accompagner vos choix, pour vous expliquer les soins et l’agression qu’ils peuvent représenter dans certains cas pour votre bébé.

Le dialogue est très important, il s’agit de trouver le meilleur projet pour le bien-être de votre nouveau-né et de votre famille. Vous pouvez compter sur l’information et le soutien des médecins et du personnel soignant, ainsi que des associations d’aide aux parents d’enfants prématurés qui vous permettront d’échanger.

Des psychologues sont également présents dans les services de néonatologie pour vous accompagner.

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American academy of pediatrics. Caring for your baby and young child: birth to age 5, Bantam Books. 2004. 752 pages

Le grand Livre de la grossesse – Collège national des gynécologues et obstétriciens français – direction J.Lansac – Editions Eyrolles 2012/2013

 

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