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Apprentissage de l’écriture et de la lecture dans un environnement non-francophone

Mis à jour le 10 juillet 2019 Monique TOUZIN

Langage

Apprendre à lire et à écrire est un passage important et parfois compliqué dans la vie de l’enfant. Cette période délicate nécessite une attention particulière car c’est un apprentissage long, intense et primordial pour la suite de la scolarité. Comment cela se passe-t-il dans les familles non-francophones ? Un enfant né de parents non francophones aura-t-il plus de difficultés pour apprendre à lire et écrire le français lorsqu’il sera scolarisé en France ?

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Sommaire de l'article

L’importance du langage oral

Afin d’apprendre la lecture ou l’écriture (généralement vers l’âge de 6 ans), il convient tout d’abord de maîtriser le langage oral. En effet, un enfant doit connaître les mots et doit être capable de percevoir les sons qui les composent. A partir de là, il pourra appliquer les correspondances entre les sons et les lettres. Aussi, s’il ne maîtrise pas correctement le langage oral, il lui sera difficile de comprendre et d’appliquer ces identifications.

Les difficultés sont alors différentes entre les enfants issus d’une famille non-francophone mais étant nés ou ayant débuté leur scolarité en France, des enfants non-francophones qui arrivent au moment de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en France car leur niveau de maîtrise et de conscience de la langue est différent.

Pour un enfant né dans une famille non-francophone mais scolarisé et socialisé en France ou intégré dans un bain linguistique français avant 5-6 ans, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture n’est pas plus complexe sur le plan de l’acquisition de la procédure que pour un enfant issu d’une famille francophone. Un enfant qui n’éprouve pas de difficultés particulières pour le langage oral n’aura pas de problèmes pour le langage écrit, qu’il soit francophone ou non.

Les enfants non-francophones qui intègrent l’école au cours de la maternelle ou encore du primaire, comprennent et apprennent à parler le français en 6 à 12 mois. Ils doivent en même temps que l’apprentissage de la langue, se préparer à l’analyse des sons de cette nouvelle langue pour pouvoir commencer à lire et écrire, ce qui rend l’apprentissage souvent plus difficile.

Quelles sont limites, difficultés de ces apprentissages ?

Dès lors qu’un enfant parle correctement le français et en comprend le cadre même si ce n’est pas sa langue maternelle, il n’y a pas de raisons pour qu’il ait des problèmes au niveau de la lecture et l’écriture.

Toutefois, certains facteurs peuvent accroître la complexité de cet enseignement:

  • intégrer l’école française au moment de l’apprentissage de la lecture sans parler correctement le français,
  • être originaire d’un pays où il n’y a pas l’écriture alphabétique (chinois, japonais…) sans avoir commencé sa scolarité en France,
  • avoir des parents qui mélangent leur langue maternelle et le français dans le langage quotidien. Cela ne permet pas à l’enfant d’avoir des représentations précises de chaque langue.

Concernant l’orthographe, la langue française est d’une telle complexité que les enfants non-francophones se confronteront aux mêmes problèmes que les francophones!

En revanche ils risquent plutôt d’avoir des problèmes sur la manière de rédiger des histoires, à cause de difficultés de syntaxe ou par manque de vocabulaire. En effet, un retard lexical est souvent constaté chez les enfants bilingues qui doivent apprendre plus de mots.

Dans le cas où votre enfant éprouve des difficultés pour apprendre à lire ou écrire, il ne faut pas hésiter à consulter. Le problème peut venir d’une mauvaise maîtrise ou compréhension de la langue mais il peut aussi s’agir d’un trouble de l’apprentissage complètement indépendant des origines de l’enfant: voir l’encart «à savoir» ci-dessous.

Quelle langue choisir à la maison ?

Si en tant que parent vous ne maîtrisez pas correctement le français, il est conseillé de parler dans votre langue maternelle. Votre enfant, s’il est scolarisé en France apprendra le français à l’école ou de manière plus sociale auprès de ses copains de quartier ou encore de vos amis. A vous entendre parler, le risque serait de lui donner de mauvaises intonations, de l’habituer avec des sons incorrects qui pourraient le pénaliser pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture (les arabophones ont par exemple tendance à transformer en français le son « é » en « i », les hispanophones le son « u » en « ou »…).

Il est important que vous lui proposiez des livres en français tout comme dans votre langue maternelle. Votre enfant se créera ainsi des références dans les 2 cultures qui lui permettront une intégration dans le pays dans lequel il vit tout en gardant des références sur ses origines et les vôtres. Il constatera aussi que vous n’avez pas de tabou sur la langue ou la culture à préférer, il n’aura pas de choix à faire entre l’une ou l’autre. D’un côté il s’agira de la culture de ses parents, de ses origines, celle dans laquelle vous êtes plus à l’aise ; et d’un autre la culture du pays dans lequel il vit et où il va se sociabiliser.

Lire et écrire la langue maternelle des parents

Si à la maison vous parlez une langue différente de celle du pays dans lequel votre enfant a grandi, il se peut que lui-même parle et comprenne très bien votre langue. Vous aimeriez donc lui apprendre à lire et à écrire dans votre langue…

Pourtant, pour la lecture et l’écriture d’une autre langue, les experts conseillent de les dissocier de l’apprentissage de la langue du pays où votre enfant est scolarisé et même de les différer de 2 ans. Une fois que votre enfant maîtrisera la langue de l’école à l’oral comme à l’écrit, il pourra en apprendre une autre. Lui enseigner les 2 en même temps peut générer des confusions et compliquer leur assimilation; surtout, si votre langue maternelle est complexe, de par sa différence avec la langue de l’école (le chinois, l’arabe ou encore le russe par rapport aux langues latines…).

A savoir

Ne pas négliger les troubles de l’apprentissage

L’échec ou les difficultés d’un enfant non-francophone ou né dans une famille non-francophone est souvent attribué à un aspect linguistique ou culturel alors qu’il peut s’agir d’un trouble cognitif. Très souvent ces enfants sont pris en charge tardivement à cause d’un mauvais diagnostic. Or, ces problèmes peuvent fortement pénaliser la scolarité de votre enfant. N’hésitez pas à consulter le médecin de votre enfant qui vous renverra vers un orthophoniste pour faire un bilan et détecter d’éventuels troubles de l’apprentissage. Celui-ci vous orientera alors vers des solutions pour aider votre enfant à surmonter ces difficultés.

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