Mis à jour le 23 novembre 2020 Pr Daniel MARCELLI
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Votre enfant s’imagine des amis, donne vie à des objets, leur parle, fait comme s’ils existaient vraiment… a-t-il trop d’imagination ? Faut-il entrer dans son jeu ou le ramener dans la réalité ? Est-ce un comportement inquiétant ? Autant de questions que les parents se posent quand leur enfant invente un ou des compagnons imaginaires.
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Qu’est-ce qu’un compagnon imaginaire ?
Dans le langage courant on parle souvent de copain imaginaire mais il ne faut pas oublier sa déclinaison toute aussi courante au féminin !
En général, l’enfant peut commencer à s’inventer un ou des amis imaginaires pendant la période de l’Œdipe, cette imagination se développe vers 5-6 ans et pourra se déployer tout le long de la période dite de latence qui s’étend jusqu’au début de la puberté.
Ce compagnon imaginaire peut prendre diverses formes et caractéristiques, être du même âge que l’enfant, plus âgé (comme un grand frère/grande sœur) ou encore être un parent imaginaire (roi/reine, princesse…). Il peut s’agir d’un objet réel auquel l’enfant donne vie (une peluche, une poupée…) ou de personnages sortis tout droit de son imagination. L’industrie des jeux contribue elle aussi à la fabrication de compagnons semi-imaginaires en humanisant les jouets et en les rendant de plus en plus interactifs (poupées qu’il faut nourrir…). L’enfant s’occupe de son jouet et prend en compte ses besoins comme s’il s’agissait d’un être vivant.
Un enfant peut aussi se créer un personnage imaginaire sur une période courte pour l’aider à surmonter un passage difficile dans sa vie (une maladie, une fracture, un accident…) qui l’isole pendant un certain temps.
A-t-il trop d’imagination ?
La plupart du temps, un enfant qui a un copain imaginaire est d’un naturel rêveur, avec plus d’imagination qu’un enfant tourné vers l’action qui, lui, sera donc plutôt dans la réalité. Il n’est pas rare de constater des amis imaginaires chez les enfants uniques ou solitaires, ils se créent ainsi des copains de jeu.
L’enfant s’en sert pour explorer les pistes de son désir, de sa rêverie, il peut leur faire faire ce qu’il a envie comme une sorte de « théâtre intérieur ». C’est également une manière de développer son autonomie, d’évacuer ses sentiments, faire dire à son copain imaginaire des choses que lui-même n’arrive pas à exprimer.
En plus de lui permettre de développer son imagination, cela le prépare également aux relations sociales. Les adultes aussi ont des comportements semblables, lorsqu’ils s’imaginent une situation à venir, ils se représentent des personnages, projettent leurs réactions… ces représentations les aident à appréhender des situations et à adapter leurs réactions. Un enfant qui a un ami imaginaire suivra le même cheminement : inventer des situations lui permet de gérer des relations sociales.
Doit-on entrer dans son jeu ?
En tant que parent quelle position adopter ? Faut-il feindre de voir ce personnage et interagir avec lui ou au contraire affirmer à son enfant qu’il n’existe pas, que personne ne le voit et que donc on ne peut pas lui parler ?
Comme souvent dans l’éducation et dans la vie, la nuance constitue la meilleure réponse. En effet, disqualifier l’imaginaire de son enfant est tout aussi négatif que le mettre en scène.
Vous pouvez porter un intérêt à son ami imaginaire mais évitez de faire intrusion et d’être trop curieux. Si votre enfant vous en parle, ne le niez pas mais de votre côté ne posez pas trop de questions, ne forcez pas votre enfant à vous en parler et ne vous adressez pas à son personnage directement. Il s’agit de son propre imaginaire, un espace qu’en tant que parents vous devez respecter.
Doit-on s’inquiéter ?
Il ne faut s’inquiéter que si cette activité imaginaire envahit sa vie, retentit sur son sommeil et monopolise son attention.
Normalement, le compagnon imaginaire de votre enfant disparaîtra ou s’atténuera au fur et à mesure qu’il développera des relations sociales. Dans la plupart des cas, il en oubliera même son existence !
En revanche, si vous pensez que sa présence est excessive et envahissante, qu’elle monopolise l’attention de votre enfant au détriment de sa vie réelle il convient de consulter. L’excès peut devenir pathologique, dans le cas d’un enfant replié sur lui-même, isolé, qui n’arrive plus à dormir car son personnage l’en empêche, qui se met en danger parce que son compagnon lui donne des ordres…une évaluation psychologique est nécessaire.
Si vous êtes inquiets vous pouvez en parler au médecin de votre enfant, il jugera s’il est nécessaire de lui faire consulter un.e pédopsychiatre ou un.e psychologue afin de l’aider à revenir dans une relation avec les autres.
Parlez-en aussi avec son instituteur/trice, essayez de savoir s’il joue avec ses camarades, si ses relations sociales sont bonnes. Si tel est le cas, alors son ami imaginaire n’interfère pas dans sa vie sociale, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
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