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Les bébés aux besoins intenses (BABI) existent-ils ?

Mis à jour le 13 octobre 2022 Dr Catherine SALINIER

BABI
Crédit photo : AdobeStock 316523827

Votre bébé pleure beaucoup ? Il a du mal à se calmer ? Il a un sommeil agité ? Il bouge sans arrêt, demande sans cesse vos bras et les refuse aussitôt après ? Vous n’en pouvez plus, vous ne comprenez pas ses pleurs ?

Certains appellent ces bébés « bébés aux besoins intenses » (ou BABI), mais ce concept existe-t-il vraiment ?

Et surtout, comment accompagner au mieux un bébé qui semble « difficile » ou particulièrement « exigeant » ?

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Bébés aux besoins intenses : d’où viendrait ce concept ?

C’est un médecin américain qui, dans les années 80’s, a imaginé pour la première fois ce concept de « High Needs Baby » (HNB)[1] (en français « bébés aux besoins intenses » dont l’acronyme est BABI) qui ne correspond à aucune entité médicale. En effet, il ne s’agit pas d’un diagnostic médical reconnu ni d’une « maladie » (ce syndrome n’est pas de tout reconnu dans la classification des maladies).

En revanche, il est vrai que certains bébés (et même enfants plus grands) pleurent plus d’autres, sont plus agités, et parfois plus « demandeurs ». Ce comportement général relève de causes diverses, parfois bien difficiles à mettre en évidence. En effet, pour certains, ce tempérament « d’enfant difficile » serait « inné » dès la naissance. Pour d’autres, il pourrait s’expliquer par l’environnement (évènements de vie, mode éducatif…).

Quelles que soient les raisons de ce comportement, il ne faut pas culpabiliser en tant que parent mais apprendre à adapter sa réponse aux besoins de cet enfant.

Quels sont les signes comportementaux des bébés qui ont des besoins plus intenses ?

Si les causes organiques ont été écartées (reflux pathologique, problème de digestion, intolérance ou allergie, coliques… etc), s’il n’y a pas eu de changements importants dans son environnement et que, malgré cela, votre bébé pleure beaucoup et que rien ne semble l’apaiser, le plus important est de le comprendre.

Certains bébés ont en effet des particularités de comportement (que peuvent présenter tous les bébés) mais de manière plus dense et donc plus éprouvante pour les parents.  Par exemple, ils sont en demande continuelle, ils pleurent / crient beaucoup, de façon particulièrement intense. Ils peuvent avoir un fort besoin de succion et demander souvent le sein (ou la tétine) et ont des difficultés à se calmer d’eux-mêmes. Ils présentent souvent des difficultés de sommeil : troubles de l’endormissement, sommeil léger perturbé par les facteurs extérieurs (bruit, lumière…). Ils peuvent aussi montrer une certaine imprévisibilité et ne pas réagir toujours de manière constante. Ils demandent souvent beaucoup les bras, et ceux de leur mère notamment.

Chez tout nourrisson ou nouveau-né, ces caractéristiques sont bien entendu « normales » et peuvent être plus ou moins importantes selon les jours. Certains jours se passent ainsi très bien. Chez certains bébés, c’est l’accumulation et la répétition jour après jour, semaine après semaine de ce comportement qui doivent alerter.

Accompagner, comme les autres bébés, les bébés plus difficiles

Voici quelques conseils pouvant vous aider à gérer votre bébé :

  • Si quoi que ce soit a impacté votre bien-être au cours de la grossesse ou de l’accouchement et que vous n’avez pas eu l’occasion d’en parler avec un professionnel de la naissance, il serait bien de le faire de façon à surmonter tout traumatisme périnatal pouvant troubler le lien d’attachement et avoir des conséquences sur le développement psychique de votre bébé.
  • Essayez de vivre ces premiers mois avec votre bébé le plus calmement possible au quotidien : vie régulière et tranquille à la maison sans écran, promenades, vie sociale posée et sereine avec un entourage aidant. Et si vous n’avez pas d’entourage familial ou amical, rapprochez-vous des structures dans la ville : Lieux d’Accueil Enfant – Parents (LAEP), ateliers parentaux, Réseau d’Ecoute d’Appui et d’Accompagnement des Parents (REAAP).
  • N’hésitez pas à vous consacrer à ce bébé si votre contact le calme : portagepeau-à-peauallaitement prolongé, maternage. Privilégiez, dans la mesure du possible, le contact physique notamment durant la période de l’attachement, essentielle pour le développement du bébé.
  • Partagez les soins et l’attention au bébé avec l’autre parent ou votre entourage de façon que chacun puisse avoir des temps à lui pour se détendre.
  • Si vous vous sentez particulièrement désemparés, épuisés, il est très important de ne pas rester seuls et de consulter le pédiatre ou médecin de l’enfant, le service de PMI, votre médecin traitant. En effet, ces bébés peuvent être éventuellement cause mais aussi conséquence d’un mal-être parental voire d’une dépression post natale.
  • Enfin, soyez patients, cette période ne dure généralement pas ! La plupart des bébés lorsqu’ils acquièrent un peu plus d’intérêt pour l’environnement, d’autonomie motrice, de langage et participent plus activement aux interactions, seront beaucoup plus calmes.

…et se faire aider

Ces bébés, qui crient et s’agitent, laissent souvent les parents désemparés et impuissants, les faisant même douter de leurs propres capacités à être parents, puisqu’aucune de leurs actions pour apaiser ces bébés ne semble être efficace. Cette agitation et cette «inconsolabilité» du bébé peuvent détruire leur patience, les affoler, les culpabiliser et leur enlever toute joie d’avoir ce bébé qu’ils ne comprennent pas et n’arrivent pas à satisfaire ni à calmer.

Parents de bébés qui ont des besoins intenses, ce qu’il faut retenir !

Si vous arrivez à accepter les particularités de comportement de votre enfant et à bien à les supporter, alors pas d’inquiétude : vous arriverez à adapter votre propre comportement au fur et à mesure que vous comprendrez votre enfant.

Si malgré tous vos efforts, votre patience, et vos tentatives, vous vous sentez perplexes, déstabilisés, voire excédés, ne culpabilisez pas. Faites-vous aider par un professionnel de santé, spécialiste en périnatalité.

Dans tous les cas, une aide à la compréhension de l’enfant peut être importante pour ajuster votre attitude.

Bébés agités et exigeants : quels enfants, quels adultes ?

Dans certains cas, un bébé agité et/ou aux besoins intenses restera un enfant agité et/ou aux besoins intenses qui aura besoin parfois de soins médicaux et d’adaptation pédagogique pour protéger son avenir scolaire ou social. Comme les enfants présentant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ou les enfants présentant un trouble autistique.

Il peut aussi devenir un adulte agité ou hyperactif qui aura une vie très riche d’activités, d’expériences et de satisfactions…

Mais, même si ce caractère peut persister chez certains enfants, celui-ci n’est pas immuable et les mesures d’accompagnement que vous mettrez en place l’aideront à s’apaiser.

Donc, rassurez-vous : dans la grande majorité des cas, ce n’est pas parce qu’un bébé a été « observé » comme bébé agité ou aux besoins intenses, qu’il sera un enfant particulièrement difficile ou exigeant en grandissant ou qu’il présentera des troubles du comportement.

NOUVEAU – Découvrez notre podcast Premiers liens – Créer la relation parent-enfant présenté par le Dr Marie-Hélène Cavert, à découvrir ici…

Et si notre chaine Youtube !

 

Je retiens !

Le terme de « bébé aux besoins intenses » (ou BABI) n’est pas un diagnostic médical mais une observation d’un comportement, correspondant probablement à un tempérament. Dans tous les cas, un avis pédiatrique est nécessaire, d’abord pour éliminer une affection organique douloureuse ou un trouble du neurodéveloppement influant sur le comportement, ensuite pour conduire les parents à trouver la meilleure voie d’aide et d’accompagnement pour apprendre à aider cet enfant.

Définitions

Epigénétique : à partir des années 80’s un nouveau concept de développement a été mis à jour : l’épigénétique. On sait aujourd’hui que l’environnement (et donc les évènements de vie), dès la conception de l’enfant peut influencer son développement y compris psychique, par exemple, un choc affectif pendant la grossesse (comme un deuil, une anxiété maternelle, des difficultés de vie de la famille). Ces caractéristiques psychiques de stress vont se transmettre et peuvent entrainer un comportement moins serein du bébé et de l’enfant.  Ceci n’est pas immuable mais c’est une raison supplémentaire d’en parler à un pédopsychiatre pour surmonter les éventuelles conséquences sur l’enfant.

 

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Notes :

[1]. Le Bébé difficile : Vivre avec un bébé aux besoins intenses, Dr Sears, 1991

Des conseils adaptés à l’âge de votre enfant !

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