Mis à jour le 30 octobre 2024 2 de nos experts
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Nous ne sommes pas égaux face à la pollution. Et s’il y a bien une personne à protéger, c’est l’enfant, particulièrement vulnérable. » Ces mots sont du Dr Patrice Halimi, Chirurgien-Pédiatre et co-fondateur de l’Association Santé Environnement France (ASEF).
Il est aujourd’hui largement admis que la qualité de l’environnement a une grande influence sur la santé humaine. Néanmoins, il semble encore nécessaire de souligner que les enfants sont très vulnérables, bien plus vulnérables que de simples « petits adultes ». Voyons ensemble pourquoi.
Cet article invité a été écrit par Guillaume Karr du blog Santé des enfants et environnement et revu par nos experts.
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0:00 / 0:00Sommaire de l'article
Enfants et pollutions : des vulnérabilités spécifiques
Face aux pollutions environnementales, les enfants présentent certaines spécificités. Par exemple :
- À poids corporel équivalent, ils mangent plus, boivent plus et respirent plus que les adultes [1]. En d’autres termes, pour un même niveau de contamination de l’environnement, les expositions des enfants sont plus fortes que celles des adultes [2].
- Leurs barrières biologiques et leur système de détoxification ne sont pas encore matures. Ils manquent donc d’efficacité. Par conséquent, les polluants peuvent plus facilement s’introduire dans le corps des enfants, puis ils seront plus lentement neutralisés et éliminés [3].
- Enfin et surtout, la construction du corps humain repose sur des procédés extrêmement sensibles. Ces procédés peuvent être aisément perturbés, notamment pendant les « fenêtres de vulnérabilité » [4] des 1000 premiers jours de vie [5]. Pendant ces périodes, sans équivalent chez l’adulte, de faibles expositions à des polluants peuvent conduire à des dommages graves et irréversibles [6,7]. C’est notamment pour cela que, pour certains polluants comme les perturbateurs endocriniens, le célèbre « c’est la dose qui fait le poison » évolue vers un « c’est la triade période-mécanisme-dose qui fait le poison » [8].
En résumé, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les « enfants ne sont pas de petits adultes ».
Besoin d’agir à notre niveau de parents
Au regard de leurs vulnérabilités spécifiques, les enfants ont besoin d’un haut niveau de protection contre les pollutions environnementales, avec des mesures spécifiques, d’autant plus qu’il existe encore des lacunes :
- On permet le rejet dans l’environnement de substances dont les effets sont mal connus et peu suivis [9].
- La formation des médecins comprend peu d’informations sur les enjeux de santé environnementale [10].
- Les tests de toxicité réglementaires présentent de nombreuses lacunes. Notamment : chaque substance est considérée individuellement (alors que nous sommes exposés à des centaines de substances) ; ils ne sont pas adaptés aux spécificités du corps des enfants ; ils sont en décalage avec l’état de l’art scientifique actuel [11,12].
- Des centaines de substances préoccupantes peuvent être mesurées dans le corps des enfants. À ce stade, les effets de tels mélanges sont largement inconnus [13].
En attendant que l’action des pouvoirs publics devienne plus efficace, il est donc indispensable de passer à l’action à notre niveau de parents.
Bonnes pratiques de santé environnementale
Pour diminuer l’exposition des enfants aux polluants du quotidien, vous pouvez vous appuyer sur des bonnes pratiques de santé environnementale. Voici quelques premiers exemples.
Les premiers pas en santé environnementale pour parents !
- Aérer les pièces de la maison tous les jours, été comme hiver, pendant au moins 10 minutes.
- Repérer les peintures contenant du plomb, en s’appuyant sur les diagnostics du logement. Surveiller leur état de conservation. En cas d’état dégradé, mener à bien les travaux adaptés en utilisant des techniques produisant peu de poussières.
- Éviter de réchauffer au micro-ondes des aliments dans un contenant en plastique, en particulier s’ils sont gras ou acides. Plus généralement, préférer les contenants en verre ou en inox.
- Préférer les « vrais aliments », bruts ou peu transformés, aux « produits industriels ultra-transformés ».
- Faire le ménage avec un minimum de produits d’entretien. En complément, privilégier les produits dont la composition ne fait pas débat. Par exemple : savon noir, bicarbonate de soude, vinaigre blanc…
- Dans le cas d’une rénovation de chambre, par exemple à l’arrivée d’un nouvel enfant, privilégier les matériaux et les revêtements étiquetés A+. En effet, ce sont ceux qui émettent le moins de polluants volatils dans l’air intérieur. Dans la même logique, les meubles neufs pourront être achetés plusieurs semaines avant l’arrivée du bébé. Ainsi, ils auront le temps de « dégazer » leurs polluants volatils, idéalement dans une pièce peu fréquentée et bien aérée. Par exemple : un garage.
- S’équiper d’un aspirateur muni d’un filtre à haute efficacité (filtre HEPA, de l’anglais high efficiency particulate air [filter]).
- Privilégier les poissons se trouvant au bas de la chaine alimentaire aquatique, parce qu’ils sont généralement moins contaminés par le mercure. Notamment : anchois, sardines, maquereaux, etc. En parallèle, réduire la consommation de poisson « gros prédateurs ». Par exemple : marlin, requin, siki, espadon et lamproie.
- Laver soigneusement et éventuellement éplucher les fruits et légumes.
- Ne pas abuser du chocolat en raison de ses teneurs en nickel.
- Pour le choix de produits de consommation courante, s’appuyer sur des labels environnementaux reconnus (par exemple, parmi ceux recensés par l’ADEME). Ces labels indiquent souvent une absence ou une faible teneur en substances préoccupantes les plus classiques.
Ces premières bonnes pratiques peuvent être considérées comme de premiers pas en santé environnementale pour parents !
Des environnements de qualité pour un effet bénéfique sur la santé des enfants
Plus généralement, d’après l’OMS, « la santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. » Et ainsi, l’environnement des enfants ne doit pas être considéré uniquement comme une source de dangers. En particulier, des environnements de qualité peuvent produire des effets très bénéfiques sur la santé des enfants, aussi bien physique que mentale [14–16]. C’est notamment le cas des environnements naturels « verts et bleus », c’est-à-dire incluant de la végétation et des eaux de surface.
Par conséquent, les bonnes pratiques de santé environnementale pour parents visent aussi à mettre les enfants au contact d’environnements naturels. Par exemple :
- Pratiquer le jeu libre dans la nature.
- Visiter la nature de proximité au moins un peu tous les jours.
- Prendre régulièrement des « bains de forêt ».
- Trouver un « coin spécial » de nature et l’observer évoluer au fil des saisons.
- Participer à la culture d’un potager.
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Pour aller plus loin
Si ce thème des environnements favorisant la santé vous intéresse, rendez-vous sur le blog Santé des enfants et environnement.
Guillaume Karr y partage des conseils et des astuces pour aider les parents à entourer les enfants d’environnements plus sains, avec moins de pollutions et plus de nature.
Vous pouvez également suivre son travail sous la forme de podcasts et de vidéos.
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Conçu en partenariat avec l’ARS Nouvelle Aquitaine, en collaboration avec le RPNA (Réseau Périnat Nouvelle Aquitaine), l’AFPEL (Association Française des Pédiatres Endocrinologues Libéraux) et le GPG (Groupement des Pédiatres de Gironde).
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Guillaume Karr
Ingénieur-expert en santé environnementale
Dr Christine Magendie
Pédiatre
Pédiatre libérale à Huningue (68).
- American Academy of Pediatrics (AAP). Pediatric Environmental Health. Library of Congress, 2012.
- Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Évaluation du deuxième Plan national santé-environnement. Haut Conseil de la Santé Publique, 2013.
- Landrigan PJ, Landrigan MM. Children and Environmental Toxins: What Everyone Needs to Know. Oxford University Press, 2018.
- Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La santé des enfants et l’environnement numéro thématique. 2007.
- Ministère chargé de la Santé, Commission des 1000 premiers jours. Les 1000 premiers jours. Là où tout commence. 2020.
- Grandjean P, Landrigan PJ. Developmental neurotoxicity of industrial chemicals. The Lancet 2006.
- Barouki R, et al. Developmental origins of non-communicable disease: Implications for research and public health. Environmental Health 2012.
- Marano F, et al. Toxique ? – Santé et environnement : de l’alerte à la décision. Buchet-Chastel, 2015.
- Harremoës P, et al. The precautionary principle in the 20th century: Late lessons from early warnings. European Environment Agency (EEA), 2013.
- Toutut-Picard É, Josso S. Rapport fait au nom de la Commission d’enquête sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale. 2020.
- Demeneix B, Slama R. Endocrine Disruptors: From Scientific Evidence to Human Health Protection. European Parliament Reports 2019.
- Bonvallot N, et al. Pour une gestion alerte du risque chimique – Risques (éco)toxicologiques pour les êtres humains et l’environnement dans une logique de biodiversité. Expertise collective. Rapport final. 2021.
- Projet Human biomonitoring for Europe (HBM4EU). Presentations of the HBM4EU Final Conference. 2022.
- Agence européenne de l’environnement (AEE). Healthy environment, healthy lives: how the environment influences health and well-being in Europe. 2020.
- Balk SJ, Etzel RA. Protecting Your Child’s Health: Expert Answers to Urgent Environmental Questions. Am Acad Pediatrics, 2021.
- Landrigan PJ, Etzel RA. Textbook of Children’s Environmental Health. Oxford University Press, 2014.
Note :
Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.
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