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Énurésie (pipi au lit) : ce n’est pas une fatalité !

Mis à jour le 06 novembre 2024 Dr Véronique DESVIGNES

Parents face au pot de leur enfant souffrant d'énurésie
Crédits photo : AdobeStock_55354880

Si votre enfant fait encore pipi au lit après 5 ans, vous vous demandez certainement pourquoi et que faire. En comprenant mieux les différents mécanismes possibles de l’énurésie, lui comme vous, pourrez mieux appréhender ce qui se passe. Des conseils et différentes prises en charge pourront l’aider à régler ce problème dont les impacts émotionnels et relationnels ne doivent pas être sous-estimés.

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L’énurésie : qu’est-ce que c’est ?

L’énurésie, communément appelée « pipi au lit », désigne une ou plusieurs mictions involontaires durant la nuit chez un enfant de plus de 5 ans. La propreté nocturne s’acquiert généralement entre 2 et 5 ans. Avant cet âge, les accidents sont fréquents, notamment lorsque l’enfant a beaucoup bu (des boissons sucrées, par exemple), a oublié d’aller aux toilettes avant de se coucher, ou est trop fatigué pour se réveiller. C’est pourquoi on ne parle pas d’énurésie avant l’âge de 5 ans.

L’énurésie n’est pas rare : 15 % des enfants en sont encore atteints à 5 ans, 5 % à 10 ans, et 1 % à 15 ans. Si votre enfant est concerné, il n’est certainement pas le seul dans sa classe, que ce soit en maternelle ou en primaire. L’énurésie primaire, qui correspond au cas où l’enfant n’a jamais été propre la nuit pendant 6 mois d’affilée, est la plus fréquente. En revanche, l’énurésie secondaire, marquée par le retour des “accidents” après une période de propreté nocturne de plus de 6 mois, est plus rare. Si ce type de situation se produit, il est important de consulter un pédiatre ou un médecin pour comprendre les causes sous-jacentes et éviter que le problème persiste.

Ce trouble peut être influencé par des facteurs physiques comme une petite vessie ou une production excessive d’urine pendant la nuit. Des éléments psychologiques, tels que le stress ou des événements traumatisants, peuvent également parfois jouer un rôle. L’énurésie a des répercussions qui vont au-delà des nuits : elle peut engendrer de l’anxiété, une baisse de l’estime de soi, et affecter les interactions sociales de l’enfant. C’est pourquoi il est essentiel de comprendre que ce n’est pas simplement un problème de propreté, mais un véritable trouble médical nécessitant une attention particulière pour réduire ses impacts émotionnels et sociaux.

Pourquoi certains enfants et même certains adolescents font-ils encore pipi au lit ?

Une remarque importante : les enfants, dans l’immense majorité des cas, ne font pas exprès de faire pipi au lit. Ce n’est pas leur faute !

Quels sont les mécanismes de l’énurésie ?

Les deux principales causes pour lesquelles les enfants font pipi au lit sont :

  • l’hyperactivité vésicale,
  • la production d’une trop grande quantité d’urine la nuit.

L’hyperactivité vésicale

La vessie est un muscle qui, comme le cœur ou l’intestin, travaille « seul ». On ne peut pas la « commander ». Ce qui empêche les « fuites », ce sont les sphincters, ces muscles à la sortie de la vessie et dans le périnée, qui se contractent et ferment l’urètre, le petit tuyau qui part de la vessie.

Voir cette vidéo de Lili, la vessie normale :

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Lili, la vessie normale

Quand la vessie est hyperactive (pour des raisons que nous ignorons encore), elle se contracte très facilement, même quand elle est peu remplie. Les contractions sont parfois si violentes que les envies d’aller aux toilettes sont impérieuses, l’enfant ne peut pas attendre plus de quelques minutes et, quand les sphincters sont débordés, il y a des fuites. En pratique, c’est comme si la vessie avait une petite taille et une capacité réduite.

C’est pourquoi les enfants avec une vessie hyperactive ont des signes à la fois le jour ET la nuit.

Ils font pipi très souvent dans la journée (plus de 7 fois par jour), ont des envies très pressantes, pas toujours bien contrôlées, avec des fuites fréquentes dans la culotte. Ils vont toujours aux toilettes « au dernier moment ». Très souvent ils se dandinent pour essayer de se retenir. Certains s’accroupissent même par terre pour essayer de calmer ces envies de faire pipi qui les empêchent de marcher ! La nuit, ils font pipi une ou même parfois plusieurs fois, surtout quand ils n’arrivent pas à se réveiller ou qu’ils ont trop bu.

Découvrez ci-dessous la vidéo YouTube de l’AFPA concernant la vessie hyperactive ou vessie instable :

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La vessie hyperactive ou vessie instable

La production d’une trop grande quantité d’urine la nuit

La nuit, la production d’urine est moindre que la journée (pour ne pas avoir à se lever !). C’est l’hormone antidiurétique (ADH) qui réabsorbe l’eau au niveau du rein. Chez certains enfants et adolescents, la production d’ADH existe mais n’est pas suffisante. Elle est dite « inappropriée ». L’urine est alors produite en grande quantité la nuit. C’est ce que l’on appelle une « polyurie ».

Très souvent s’y associe un sommeil très profond et l’enfant, non réveillé par l’envie, s’échappe dans le lit sans s’en rendre compte.
Ces enfants n’ont aucun problème le jour : ils se retiennent bien, ne font pas pipi trop souvent, n’ont pas de fuites dans la culotte ni de dandinements. Cependant ils ont des couches très remplies ou des draps très mouillés, même lorsqu’ils ont très peu bu le soir.
Les antécédents familiaux (chez les parents, grands-parents, fratrie, oncles et/ou tantes) sont très fréquents car ce problème est souvent héréditaire.

C’est l’occasion pour vous, si vous avez été dans ce cas, de le dire à votre enfant… Cela lui fera plaisir et l’aidera !

Découvrez ci-dessous la vidéo YouTube de l’AFPA concernant l’énurésie nocturne isolée de l’enfant :

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L'énurésie nocturne isolée de l'enfant

Ces deux causes peuvent être isolées, mais aussi parfois associées, ce qui complique un peu le tableau clinique.

Les autres causes possibles

Il existe aussi d’autres explications : un sommeil très profond, des boissons trop abondantes ou sucrées le soir, une constipation tenace, des apnées du sommeil ou d’autres causes plus rares encore…

On sait aussi depuis quelques années, que les enfants avec un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ont beaucoup plus souvent de problème d’énurésie que les autres. Les causes n’en sont pas encore bien connues.

Pendant trop longtemps, nous avons pensé que la cause principale de l’énurésie était d’ordre psychologique, comme le refus de grandir, par exemple.

Il n’en est rien et bien souvent un interrogatoire bien conduit permettra d’identifier une des causes précédemment évoquées.
Toutefois il est vrai qu’un problème à l’école, à la maison, un stress psychologique important, et tout particulièrement des violences sexuelles, peuvent agir sur l’inconscient et s’exprimer pendant le sommeil. Il s’agit alors souvent d’énurésie secondaire qu’il est bien sûr important de prendre en charge.

La plupart du temps, il faut vous persuader, en tant que parents, que ce n’est ni un manque de volonté ni de la fainéantise de la part de votre enfant. Rassurez-le et expliquez-lui bien que ce n’est pas sa faute. Les enfants ont souvent honte, ne veulent pas parler de « leur problème », même à leur meilleur ami ou au médecin… Et pourtant, des solutions existent.

Faut-il faire des examens ?

Le diagnostic d’énurésie est essentiellement un diagnostic d’interrogatoire.

Une bandelette urinaire (BU) faite par le médecin de votre enfant ou votre pharmacien peut être utile pour éliminer une infection urinaire ou un diabète, mais le contexte clinique est généralement différent.

Votre médecin pourra éventuellement décider de prescrire une échographie des reins et de la vessie pleine, puis vide, pour avoir une idée de la capacité vésicale de votre enfant et savoir s’il vide bien sa vessie. Toutefois, cet examen n’est pas systématique et ne sera recommandé que si, par exemple, l’énurésie est accompagnée de symptômes atypiques, persistants ou si le médecin souhaite prescrire certains traitements particuliers.

Quant à un bilan sanguin, il est rarement indiqué dans le cadre d’une énurésie, sauf si votre médecin suspecte une cause plus complexe.

Existe-t-il un lien entre le diabète et l’énurésie ?

Dans le cadre du diabète sucré insulinodépendant de l’enfant (diabète de type I), l’excès de glucose dans le sang entraîne une production d’urine plus importante qui peut dépasser la capacité de la vessie. La polyurie est une des caractéristiques du diabète de l’enfant et l’une des premières manifestations de la maladie.

Toutefois, dans ce cas précis, c’est généralement une énurésie secondaire récente et il existe des signes associés comme une consommation accrue d’eau le jour et la nuit et/ou une perte de poids qui doivent éveiller les soupçons. Au moindre doute, consultez votre médecin pour qu’il vérifie avec une bandelette urinaire s’il existe, ou non, du sucre dans les urines.

Que peut-on proposer à votre enfant ?

Il faut déjà commencer par des précautions évidentes et faciles à mettre en œuvre :

  • Le soir, au repas, limitez les boissons à un verre d’eau (davantage quand il fait très chaud). L‘arrêt de toute boisson à 18 heures est irréalisable et votre enfant se débrouillera pour boire en cachette…
  • Le soir encore : pas de boissons sucrées (sauf les jours de fête…) ou de tisane. Si vous faites de la soupe, faites-la bien épaisse pour ne pas apporter trop de liquide. Évitez les plats trop salés qui donnent soif, le verre de lait et les yaourts à boire… Et veillez à ce qu’il ne boive pas pendant le brossage des dents
  • Répartissez les boissons régulièrement pendant la journée, le matin, le midi, à 4 heures et pendant le sport pour éviter d’avoir trop soif le soir,
  • Rappelez-lui d’aller faire pipi avant de se coucher !
    Si votre enfant craint le noir, mettez-lui une petite veilleuse pour qu’il retrouve facilement les toilettes ou mettez-lui un pot dans sa chambre !
    Évitez les lits superposés ; c’est plus difficile d’en descendre rapidement…
    Par contre, ne réveillez pas votre enfant dans la nuit pour le conduire aux toilettes. C’est le plus souvent totalement inefficace. En revanche, s’il se réveille de lui-même, qu’il en profite pour aller faire pipi.

Une fois ces précautions rappelées et en fonction de la ou des causes identifiées, plusieurs prises en charge peuvent être proposées soit après un temps d’observation soit assez rapidement. Il est important de se faire aussi une idée du degré de motivation de votre enfant car, si sa seule volonté ne suffit souvent pas à régler son problème d’énurésie, une absence de motivation peut justifier de ne pas instaurer un traitement dans l’immédiat.

  • En cas de vessie hyperactive, un traitement médicamenteux peut diminuer l’intensité des contractions vésicales et augmenter la capacité de la vessie.
  • En cas suspicion de sécrétion inappropriée d’ADH, l’hormone de synthèse la desmopressine (Minirin) est très souvent efficace.
  • L’alarme sonore est un détecteur d’humidité. Le boitier de l’alarme qui sonne et/ou vibre, est fixé sur l’épaule de l’enfant (pour qu’il puisse dormir sur le dos ou le ventre et que la sonnerie soit bien entendue). Il est relié à une électrode placée dans la culotte. Les résultats sont très intéressants mais il faut que l’enfant (et le reste de la famille) soient suffisamment motivés car le principal intéressé est en général le dernier réveillé…. Il ne faut donc pas se décourager trop vite et persévérer (quitte à s’autoriser des pauses) !
  • Enfin, que le médecin ait ou non prescrit un traitement, il faut que votre enfant soit pleinement acteur. Un calendrier rempli avec les nuits sèches et mouillées peut permettre, à votre enfant, à vous-même comme à votre médecin, de mieux faire le point sur l’efficacité des traitements, les erreurs éventuelles (boissons le soir, oubli des médicaments…).

Et souvenez-vous : ce n’est pas sa faute … Ne le culpabilisez pas, ne l’humiliez pas, ne le comparez pas aux autres enfants mais aidez-le au quotidien. Il ne lui est pas interdit non plus, s’il est suffisamment grand, de vous aider à défaire son lit et porter les draps dans la machine à laver !

Enlever les couches est une décision à prendre avec lui. Des nuits constamment mouillées retentissent sur la qualité du sommeil et sur le moral…

La disparition spontanée de l’énurésie est de 15% par an. N’attendez pas trop longtemps pour consulter, surtout si vous rendez compte que ça commence à rendre votre enfant malheureux…

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