Mis à jour le 07 novembre 2023 2 de nos experts
78% des parents ont trouvé cet article utile.
Écrit par 2
de nos experts
Le cyberharcèlement se caractérise par des agressions répétées, exercées à travers un ou plusieurs canaux numériques (email, SMS, réseaux sociaux, messageries instantanées, blogs mais aussi jeux en ligne). Si ces violences peuvent être uniquement perpétrées en ligne, il n’est pas rare que les enfants victimes de harcèlement scolaire soient également les cibles de cyberharcèlement, une fois les portes de l’établissement scolaire franchies. Ceci renforce leur souffrance, avec un sentiment que « cela ne s’arrête jamais ».
Comment prévenir le cyberharcèlement ? Que faire si vous vous rendez compte que votre enfant en est victime ?
Sommaire de l'article
Qu’entend-on par cyberharcèlement ? Définition
Le cyberharcèlement concerne des actions en ligne, malveillantes et récurrentes, pouvant prendre différentes formes :
- Intimidation, moqueries, insultes, ou menaces,
- Diffusion de rumeurs, publication de photos ou vidéos humiliantes ou embarrassantes,
- Création de faux profils en usurpant l’identité de la victime sur les réseaux sociaux, ou piratage de ses propres comptes,
- Création d’une page, d’un groupe, ou d’un post à l’encontre d’un enfant,
- Sexting sans consentement (contraction de sex et de texting, ce terme désigne l’échange de SMS à caractère sexuel), pornodivulgation (publication d’une photo, d’un enregistrement sonore ou d’une vidéo à caractère sexuel sur les réseaux sociaux, sans le consentement de la personne concernée) ou revenge porn (pornodivulgation consécutive à une rupture amoureuse pour se venger),
- Chantage à la webcam (menace de publication de vidéos intimes, enregistrées lors d’une conversation ou obtenues grâce à un piratage supposé de la webcam de la victime, sur les réseaux sociaux),
- …
Sur internet, les harceleurs peuvent aujourd’hui facilement conserver l’anonymat en se cachant derrière des faux comptes ou des pseudonymes. Avec les nouveaux moyens de communication, la propagation d’informations malveillantes est instantanée, à un grand nombre de personnes et virale (effet « boule de neige »).
Comme dans les situations de harcèlement « classique », il peut y avoir un seul harceleur, ou plusieurs enfants qui se liguent contre un autre enfant. Les conséquences du cyberharcèlement peuvent être dramatiques pour l’enfant qui en est victime : décrochage scolaire, troubles psychologiques, dépression pouvant aller jusqu’au suicide.
Si l’enfant est déjà harcelé à l’école et qu’il est victime de cyberharcèlement, il devient aussi harcelé chez lui : il n’a alors plus d’endroit sécurisé où se réfugier.
En France, la dernière étude menée par Association e-Enfance en juin 2023 auprès de 1 200 binômes parents-enfants de 8 à 18 ans scolarisés (soit 2 400 répondants), montre que 67 % des enfants de primaire (8-10 ans) sont déjà sur les réseaux sociaux (27 % déclaraient y être inscrits en 2021). Ils sont 93 % au collège (contre 72 % en 2021) et 96 % au lycée (contre 91 % en 2021).
Autres indicateurs phares de cette étude :
- 24 % des 8-18 ans déclarent ne pas pouvoir rester plus d’une heure sans leur smartphone !
- Une famille sur 4 révèle avoir été confrontée au moins une fois au cyberharcèlement.
- Le phénomène de cyberharcèlement touche déjà largement les enfants de 8-10 ans en primaire (15 %) et s’aggrave au collège (25 %)
et au lycée (27 %).
Impact psychologique du cyberharcèlement
Le cyberharcèlement a des conséquences profondes sur la santé mentale des victimes. Les sentiments de peur, d’anxiété, de dépression et d’isolement sont fréquents chez les enfants harcelés en ligne. Il est impératif, si votre enfant est harcelé, que vous lui apportiez et montriez tout votre soutien, mais aussi que ses souffrances puissent être prises en charge par un professionnel de la santé mentale.
Prévenir le cyberharcèlement
Eduquer votre enfant à un usage raisonné d’internet
La première mesure de prévention est d’informer votre enfant ! Les parents jouent en effet un rôle essentiel dans la prévention du cyberharcèlement : éduquer les enfants d’une part sur l’inutilité d’avoir un téléphone trop jeune, puis sur l’interdiction d’aller sur internet seul avant 12 ans et sur les risques en ligne et les inciter à signaler tout incident est fondamental pour en faire des utilisateurs avertis et ainsi faire reculer le harcèlement en ligne.
Même si vous avez l’impression d’être parfois « dépassé(e) » par le numérique et les derniers réseaux sociaux ou jeux en ligne à la mode, vous ne pouvez pas laisser votre enfant seul face à ces nouveaux modes de communication. Le web reste un outil formidable et puissant, à condition d’en connaitre les règles et les usages qui permettent leur utilisation en toute sécurité.
- Tout ce qui est publié sur internet, reste sur le net.
- Les données privées doivent rester privées : on ne divulgue pas son adresse, son nom, ses coordonnées mail et téléphoniques
- Sur les différentes plateformes et réseaux sociaux (Facebook, X, Instagram, Tik Tok, WhatsApp, Snapchat…) les comptes peuvent être « protégés » et ne laisser l’accès qu’à un certain nombre de personnes choisies (découvrez dans cet article de Mon enfant et les écrans, comment régler les paramètres de confidentialité sur différentes plateformes).
- Ne pas exposer sa vie privée ni celle des autres : on ne publie ou ne diffuse pas ses photos/vidéos, ni celles de ces amis, ni leurs histoires…
Aidez votre enfant à prendre conscience de la possible portée de ses actes
L’étude d’E-enfance révèle également que 6% des jeunes reconnaissent avoir été auteur ou avoir participé, même involontairement, à du cyberharcèlement :
- 47% pour rigoler,
- 29% pour faire comme les autres,
- 24% pour se faire accepter,
- 10% pour se venger.
Si 87% d’entre eux ont compris les conséquences de leur geste, ils sont 30% a avoir réitéré un comportement de cyberharcèlement…
N’attendez pas que votre enfant ait participé de près ou de loin à de telles actions : ayez dès le primaire des discussions ouvertes avec lui en l’invitant à avoir une posture d’empathie : que ressent-il si on se moque de lui ? Dans la cour de récréation, comme plus tard, lorsqu’il utilisera internet, faites-lui prendre conscience de l’importance de se respecter les uns les autres pour vivre en harmonie, dans la société !
Intéressez-vous à ses ressentis, à l’école comme sur les réseaux sociaux
Enfin, il vous faut être attentifs au bien-être de votre enfant en instaurant, autant que possible, une communication ouverte et un climat de confiance afin d’être en mesure de savoir ce qu’il vit lorsqu’il est à l’école ou lorsqu’il passe du temps sur les réseaux sociaux. Il ne doit pas avoir accès aux réseaux sociaux trop tôt. C’est vous qui décidez quand il y aura droit, lesquels et comment en fonction de sa maturité et de votre relation de confiance. Ainsi, vous pourrez plus facilement détecter les éventuels signes de harcèlement en ligne, pour pouvoir agir vite et le soutenir s’il traverse une telle épreuve.
Que faire si votre enfant est victime de cyberharcèlement ?
Collectez des preuves
Sans attendre, vous pouvez effectuer des captures d’écrans afin d’avoir les preuves du harcèlement subi par votre enfant en ligne. Ces captures d’écran peuvent également être effectuées par un commissaire de justice (anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire), afin qu’elles puissent être utilisées dans le cadre d’un procès éventuel.
Prévenez l’établissement scolaire / les éducateurs qui entourent votre enfant
Que ce soit à l’école, au centre de loisirs, ou dans le cadre d’activités extra-scolaires (musique, sport…), les enseignants et éducateurs ont un rôle à jouer pour protéger votre enfant, le soutenir, et faire passer des messages de lutte contre le cyberharcèlement auprès de tous les enfants.
Faites-vous accompagner par des professionels
Un numéro national unique, le 3018, ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 23h, vous permet d’être accompagnés en tant que victimes de violences numériques. Par ailleurs, votre enfant aura probablement besoin d’être écouté et accompagné pour alléger ses souffrances psychologiques. Un professionnel de santé pourra l’aider à aller mieux.
Demandez le retrait des contenus en ligne
Vous pouvez directement signaler auprès des plateformes de réseaux sociaux, du contenu, des propos ou des comportements inappropriés ou abusifs :
Sur les forums, les modérateurs doivent également pouvoir être alertés.
Cependant, sachez que les conditions de retrait dépendent des critères de chaque plateforme, et non des lois françaises.
Que prévoit le droit français en cas de cyberharcèlement ?
S’il y a un dépôt de plainte, les peines encourues par le harceleur varient selon son âge (plus ou moins de 13 ans), et l’âge de la victime (plus ou moins de 15 ans). Dans tous les cas, à partir du moment où le responsable des faits est mineur, quel que soit son âge, ce sont ses parents qui seront responsables civilement et devront indemniser les parents de la victime.
Le harceleur a moins de 13 ans
La loi estime, compte tenu de son âge, qu’il n’est pas capable de discernement. C’est pourquoi il risque principalement une mesure à vocation éducative et non une peine. Les sanctions sont prises en fonction de chaque âge et situation.
Le harceleur a plus de 13 ans et la victime moins de 15 ans
Le code pénal prévoit une peine maximale de 18 mois de prison et 7 500 € d’amende.
Le harceleur a plus de 13 ans et la victime plus de 15 ans
La peine maximale encourue et prévue par le code pénal est alors de 1 an de prison et 7 500 € d’amende.
Je retiens !
Le ministère de l’Éducation nationale a mis en place un partenariat avec l’Association e-Enfance. Sa mission : permettre aux enfants et adolescents d’avoir accès au monde du numérique (Internet, téléphone mobile, jeux en réseau) avec un maximum de sécurité, en se préservant de toute violence.
Tout en ayant un rôle de sensibilisation et de prévention sur les risques d’Internet vis-à-vis des enfants, l’association conseille aussi les parents afin de leur permettre d’exercer une autorité en tant que « cyberparent » via des présentations écrites, des vidéos, des témoignages…
Pour aller plus loin
Pour sensibiliser les parents à l’usage des écrans, l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) a élaboré le site « Mon enfant et les écrans ». Conseils, astuces, actualités ou encore avis d’experts y sont répertoriés et régulièrement mis à jour.
- Pour découvrir le site « Mon enfant et les écrans », cliquez ici.
- Pour s’abonner à la page Facebook, cliquez ici.
Cet article vous a-t-il été utile ?
mpedia vous a aidé, aidez mpedia en faisant un don
Dernier don de Liana : 1 €
Comme Liana, soutenez une expertise indépendante et reconnue pour continuer à être un parent bien informé.
Dr Nicole CATHELINE
Pédopsychiatre
Dr Catherine SALINIER
Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
Note :
Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.
Vous pouvez aussi être intéressé.e par :
-
Harcèlement scolaire : le déceler et y faire face
-
La pornographie et l’enfant : écrans, internet…
-
Écrans & adolescent : parents, tenez bons… et donnez l’exemple !
-
Doit-on avoir peur des écrans pour nos enfants ?
-
Mal-être : reconnaître les signes de dépression à l’adolescence
-
TV, tablettes, ordinateurs, internet et réseaux sociaux…repères pour l’introduction des écrans
Des conseils adaptés à l’âge de votre enfant !
Je m'abonne à la newsletterAucune question n’a été posée sur ce thème précis, vous pouvez poser la vôtre à nos experts.
Vous ne trouvez pas de réponse à votre question ?
Vous pouvez consulter les réponses déjà apportées par nos médecins à ce sujet en tapant votre question ou mots clés dans le moteur de recherche ci-dessous
Toujours pas de réponse ? Posez votre question à l'un de nos experts qui vous répondra rapidement. Un pédiatre se tient également à votre disposition du lundi au samedi entre 18h30 et 21h sur notre service de messagerie instantanée mpedia.CHAT !
Je pose ma questionPlus que 8 questions disponibles aujourd’hui