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Baby blues et dépression post partum : les reconnaitre pour les surmonter

Mis à jour le 03 octobre 2022 Dr Catherine SALINIER

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« Devenir mère » est un processus plus ou moins long et plus ou moins facile pour les jeunes mères : certaines mamans ont besoin d’une période plus longue pour s’adapter à leur nouvelle maternité. Il ne faut surtout pas vous culpabiliser si vous ne vous sentez pas « maman » tout de suite, si la situation vous parait étrange, voire pénible et pleine de contraintes nouvelles. Tout ceci est normal et bébé et maman finissent toujours par se rencontrer, sauf dans les cas de trouble pathologique important.

Si vous vous sentez démunie après l’accouchement ou dans les premières semaines ou mois suivants la naissance de votre enfant, n’hésitez surtout pas à en parler à votre entourage et à des professionnels de santé de la naissance. Loin de vous juger ou de vous blâmer, ces derniers comprendront la légitimité de vos sentiments, vous aideront dans le processus à « devenir mère » et à trouver votre place de parent et de femme, en vous donnant des conseils pour surmonter cette situation.

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Post partum blues, dépression post natale et psychose puerpérale : faire la différence

Le baby blues

Presque « physiologique », le post partum blues apparait dans 70 à 80% des cas durant les quelques jours suivants l’accouchement. Durant cette période, la jeune maman se sent triste et anxieuse, pleure parfois, a une humeur changeante. Il s’agit de troubles émotionnels transitoires, fréquents et en général bénins. Ces troubles de l’humeur sont également connus sous les termes de « baby blues » ou « blues du troisième jour ». Ils sont liés, d’un point de vue physiologique, à des changements hormonaux (taux important d’ocytocine après l’accouchement et montée de la prolactine) et, d’un point de vue psychologique, à l’évidente séparation de la jeune maman et de son bébé par rapport à la fusion de la grossesse. Cet état, semblant difficile, est une étape structurante de la nouvelle relation de la mère à son enfant.

Les dépressions maternelles post-natales (DPN)

La dépression postnatale est la complication la plus fréquente de l’accouchement (plus que les complications obstétricales) et touche environ 15 % des mères après la naissance, avec un pic de fréquence vers les 6 mois de vie de bébé. Le risque de dépression est d’autant plus important que la grossesse a été difficile ou que d’autres facteurs familiaux ou sociaux se sont imbriqués, alors que la maman était enceinte.

Les symptômes sont les suivants : la maman est triste, connait un stress important, a un sentiment d’incompétence, de perte de confiance, se sent démunie dans les soins à donner à son enfant, elle n’arrive plus à penser positivement, a des idées noires voire suicidaires. Le manque de sommeil dû aux tétées de nuit peut être une cause d’aggravation de l’état dépressif, si la mère ne dort pas la journée.

Une consultation, d’abord avec un médecin pour faire le diagnostic, puis avec un.e psychologue ou un.e psychiatre spécialisé.e dans la périnatalité pour la prise en charge de la maladie sont nécessaires. La dépression post natale nécessite parfois un traitement médicamenteux antidépresseur, voire une hospitalisation dans une unité « mère-enfant ».

Les psychoses puerpérales

Heureusement beaucoup plus rare, le tableau clinique de cette maladie est inquiétant : les pensées rapides parfois sans logique envahissent la mère qui s’agite dans des activités incessantes. Il peut y avoir des bouffées délirantes aigues avec passage à l’acte violent vers le bébé ou elle-même. La question se pose de la vulnérabilité préalable des mères et des risques de récidive possible lors de grossesses ultérieures.

Tristesse, baby blues ou dépression : reconnaitre son état

Si vous venez d’accoucher, quelques jours avant et que, soudain, à l’euphorie des premiers moments succèdent pour vous un moment de nostalgie, voire un sentiment de tristesse, des troubles de l’humeur, ne vous alarmez pas. Dites-vous que tout cela est normal et va bientôt rentrer dans l’ordre : les modifications hormonales dues à la fin de grossesse et à la naissance de votre enfant en sont la cause. N’hésitez pas à parler de votre état et à en profiter pour demander des conseils aux professionnel.les qui vous accompagnent, si vous avez des questions concernant vos premiers pas dans la maternité (allaitement, montée de lait, soins à apporter au bébé…)

Si au cours des premières semaines ou mois de vie de votre bébé, vous vous sentez triste voire déçue alors même que vous vous dites que « vous avez un magnifique bébé et devez être heureuse », si vous vous sentez débordée, incompétente, que vous êtes déprimée, fragile, émotive, seule dans votre bulle, que vous ne dormez pas même quand vous le pourriez, n’hésitez pas à en parler à un.e professionnel.le. Quelques entretiens, une « contenance » par une oreille attentive et bienveillante peuvent vous aider à passer le cap.

N’ayez surtout pas honte des sentiments que vous éprouvez : ils ont leur légitimité et méritent d’être entendus et reconnus. Ce n’est pas facile de devenir parent. Mais il est très important que le diagnostic de vraie dépression et non pas seulement de dépressivité soit fait. En effet, si cet état dure, il faut vous soigner, pour votre bien-être mais aussi bien sûr pour la qualité de votre relation à votre bébé et l’équilibre de votre famille.

Et la dépression pendant la grossesse ?

Dans un article de la revue scientifique British Medical Journal, Jonathan Evans, médecin et professeur à l’université de Bristol, affirme, d’après une étude réalisée auprès de 9 000 femmes britanniques enceintes, que la « dépression pendant la grossesse est plus fréquente qu’en période postnatale. »

En 2015, une enquête de l’université de Mac Gill, réalisée auprès de plus de 600 futurs papas, révèle que 13,3% d’entre eux présentent des niveaux élevés de symptômes dépressifs au cours de la grossesse de leur partenaire.

Ces résultats soulignent l’importance d’un dépistage et d’une prévention précoce de la dépression auprès de la femme enceinte mais aussi du papa pendant cette période de transition à la parentalité, tant celle-ci bouge les lignes de l’équilibre personnel et du couple, fait un retour sur sa propre enfance, son lien à ses parents et sa place au sein de sa famille.

L’essentiel est de se déculpabiliser par rapport à l’image du parent heureux et d’oser en parler aux bonnes personnes (entourage, professionnels de santé, psychologues, psychiatres..) d’autant que certains facteurs « aggravants » sont  modifiables avec un suivi adapté (meilleur sommeil, gestion du stress, soutien social…).

 

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