Mis à jour le 17 juillet 2023 2 de nos experts
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L’arthrite juvénile idiopathique est une pathologie décrite comme rare, pourtant on estime, en France, que 4000 enfants en sont atteints. Cette maladie est définie par :
- Une ou plusieurs arthrite(s)*, c’est à dire l’inflammation d’une ou plusieurs articulations, pendant au moins 6 semaines (chronique),
- Juvénile : touchant un enfant de moins de 16 ans,
- Idiopathique : sans cause déclenchante (ce n’est pas génétique ou dû à un événement extérieur).
Néanmoins, il est possible de retrouver un terrain familial inflammatoire voire auto-immun (résultant d’une production d’anticorps contre soi-même).
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Comment reconnaître l’arthrite juvénile ?
Il existe plusieurs types distincts d’Arthrite Juvénile Idiopathique (AJI), présentant chacun des signes évocateurs différents, et dont l’évolution peut être très variable. Il n’y a pas de passage d’une forme d’AJI à une autre.
Quels sont les symptômes ?
Un enfant souffrant d’arthrite juvénile peut ressentir des raideurs articulaires dès le réveil et/ou des douleurs, notamment à la mobilisation de la ou des articulations atteintes (genou, poignet…). Il peut rencontrer des difficultés à effectuer certains gestes avec ses articulations. Ces dernières peuvent changer d’apparence et gonfler, ou encore être chaudes au toucher. Néanmoins, les symptômes varient d’un enfant à l’autre et selon le type d’arthrite juvénile dont il souffre.
Les différents types d’arthrite juvénile et leurs symptômes spécifiques
- Forme systémique ou Maladie de Still (10%)
Touchant autant les filles que les garçons, elle débute classiquement dans la tranche d’âge de 1 à 5 ans. Elle associe une fièvre pendant au moins 15 jours, des éruptions cutanées diverses, souvent concomitantes de la fièvre et des arthrites. Cette forme d’AJI ne présente pas systématiquement de signes d’inflammation articulaire dans ses premiers stades. Il peut y avoir une hépatomégalie (augmentation de la taille du foie, qui devient palpable à l’examen clinique) ou une splénomégalie (augmentation de la taille de la rate qui devient palpable à l’examen clinique), des adénopathies et/ou des sérites (épanchement au niveau des séreuses : péritonite, péricardite, épanchement pleural (rare)). Les enfants atteints sont souvent très fatigués et une hospitalisation est nécessaire pour poser le diagnostic, surveiller les paramètres cliniques biologiques, et débuter la prise en charge.
- Forme oligoarticulaire (50%)
Touchant surtout les filles (9 filles/1 garçon), elle débute le plus souvent dans la tranche d’âge de 2 à 4 ans. Elle se caractérise par une atteinte de 1 à 4 articulations au début de la maladie. Les grosses articulations sont souvent atteintes (genoux, chevilles, poignets, coudes), de façon asymétrique. Le plus souvent, peu de changements sont observés dans le développement et l’état de santé global de l’enfant touché. En cas d’AAN (marqueur biologique : anticorps anti-noyaux ou anticorps anti-nucléaires ou facteurs anti-nucléaires) positifs, il existe un risque d’uvéite (inflammation de l’uvée de l’œil) à « œil blanc » (forme particulière d’uvéite non douloureuse et sans œil rouge) chez un tiers des patients : ceci nécessite donc un suivi régulier systématique chez l’ophtalmologue.
- Forme polyarticulaire avec Facteur Rhumatoïde* positif (5%)
Touchant surtout les filles (7 filles/1 garçon) dans la tranche d’âge de 10 à 12 ans. Cette forme correspond à la forme pédiatrique de la polyarthrite rhumatoïde. Elle touche surtout les articulations distales (mains, pieds) et est le plus souvent symétrique.
- Forme polyarticulaire sans Facteur Rhumatoïde (15 à 20%)
Touche surtout les filles (2 à 4 filles/1 garçon) entre 1 et 3 ans puis entre 9 et 14 ans. Les petites et grosses articulations peuvent être touchées, le plus souvent de façon symétrique. La présence d’AAN est pourvoyeuse d’uvéite à « œil blanc » également.
- Forme avec enthésiopathie* ou spondylarthrite juvénile (5-10%)
Touche surtout les garçons (7 garçons/3 filles) dans la tranche d’âge de 10 à 12 ans. Les articulations touchées sont souvent peu nombreuses. On retrouve classiquement une atteinte du tarse, des enthésites (inflammations des zones d’insertion des articulations dans les os), parfois des articulations sacro-iliaques. L’atteinte axiale, c’est à dire touchant la colonne vertébrale et les articulations sacro-iliaques situées au niveau du bassin, est moins fréquente que chez l’adulte. Cette forme peut être associée à une uvéite classique (œil rouge douloureux) ou une maladie inflammatoire du tube digestif. Il peut être recherché dans cette forme la présence du HLAB27, marqueur de susceptibilité génétique, retrouvé chez 70% des patients. Néanmoins, ce marqueur est présent dans environ 10% de la population : être porteur HLAB27 ne signifie donc pas qu’on a ou aura la maladie.
- Forme associée au psoriasis* (<10%)
Ce type d’arthrite se divise classiquement en 2 sous-groupes :
- Forme précoce ressemblant à la forme oligoarticulaire
- Forme tardive ressemblant à la spondylarthrite juvénile
Dans les 2 formes, les dactylites (inflammations d’un doigt ou orteil (orteil en forme de saucisse)) sont fréquentes.
Diagnostics différentiels
Avant de pouvoir poser ce diagnostic, il faut avoir éliminé d’autres causes d’arthrites, notamment une arthrite infectieuse d’origine bactérienne nécessitant une prise en charge en urgence avec un traitement antibiotique intraveineux. Les autres diagnostics différentiels sont classiquement les arthrites virales ou post-virales/réactionnelles, la maladie de Lyme (dans les formes monoarticulaires) ou la maladie de Kawasaki, voire une hémopathie dans les formes systémiques.
Le diagnostic est posé après une série d’examens réalisés par un médecin rhumatologue pédiatrique. Le plus souvent ces pédiatres exercent dans un centre hospitalier. Les centres experts en France peuvent être retrouvés sur le site Fai2R.
Comment traiter l’arthrite juvénile ?
L’AJI est le rhumatisme infantile le plus fréquent. Cette pathologie faisant partie de la grande famille des maladies auto-inflammatoires est maintenant bien connue et de multiples traitements efficaces existent.
Un traitement médicamenteux adapté
Le traitement de première intention repose sur les anti-inflammatoires pour traiter le gonflement articulaire. Les corticoïdes sont maintenant de moins en moins utilisés mais peuvent être nécessaire pour passer un cap. En seconde intention, le méthotrexate est utilisé dans la plupart des formes. En troisième intention, nous utilisons des biothérapies (anti-TNF, anti-Il1, anti-Il6). Celles-ci sont utilisées en seconde intention dans les formes systémiques (anti-Il1 et anti-Il6). Les infiltrations articulaires avec des corticoïdes peuvent aussi être nécessaires.
Traitements complémentaires
En parallèle, des prises en charge antalgiques (médicaments, sophrologie, hypnose…) peuvent être proposées ainsi qu’un soutien en kinésithérapie, ergothérapie, psychologie… Les traitements sont toujours adaptés au patient et au stade d’évolution de la maladie. Les programmes d’éducation thérapeutique permettent au patient et à sa famille de mieux connaître, comprendre et prendre en charge l’AJI.
Il est important d’aider votre enfant à maintenir ses capacités physiques et à participer à des activités sportives et récréatives, afin de préserver ses articulations…
L’AJI est une des maladies chroniques les plus fréquentes chez l’enfant. Ses traitements ont pour but de mettre en rémission cette maladie. En fonction des formes, il est possible de ne plus avoir de poussées à l’âge adulte. Les différentes études ne sont pas d’accord sur la fréquence des différentes évolutions, il est donc difficile de faire des projections sur l’avenir. Enfin, la recherche est active dans ce domaine et d’autres médicaments sont en cours de développement.
Soins et conseils pratiques pour votre enfant
Seuls les traitements permettront de soulager les douleurs liées à l’arthrite juvénile. Néanmoins, assurez-vous de maintenir une bonne hygiène de vie en suivant ces quelques conseils au quotidien :
- Faire de l’exercice: il est important que votre enfant maintienne une activité physique régulière pour assurer sa bonne croissance, un bon développement et préserver la mobilité et la souplesse de ses articulations. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande, chez les enfants âgés de 5 à 17 ans, au moins 60 minutes d’activité physique par jour (marcher, courir, faire du vélo ou de la trottinette…) et une activité sportive plus intense trois fois par semaine [1].
- Conserver une alimentation saine et équilibrée : assurez-vous que votre enfant adopte une hygiène alimentaire saine. Veillez à ce que ses apports en calcium et vitamine D soient suffisants, en fonction de son âge et de ses besoins nutritionnels, pour assurer une croissance normale de ses os. Enfin, vérifiez régulièrement ses courbes de poids et de croissance : le surpoids augmente le stress subit par les articulations.
- Appliquer de la chaleur ou du froid : en fonction du ressenti de chaque patient, les sources de chaleur (bain chaud, bouillotte…) ou de froid (gel, compresses…) peuvent éventuellement soulager les douleurs articulaires.
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Notes :
*Facteur Rhumatoïde : marqueur biologique spécifique de la Polyarthrite Rhumatoïde.
**Enthésiopathie : pathologie touchant les enthèses (zones d’insertion des tendons, ligaments et capsules articulaires dans les os).
***Psoriasis : maladie inflammatoire de la peau donnant des lésions rouges recouvertes de squames (couche de cellules mortes formant de petites pellicules blanches sur la peau).
Livre Méditasoins du Pr Tu-Anh Tran : Petites méditations pour grands maux de l’enfant. Une méthode simple, naturelle et puissante pour soulager les enfants de 3 à 16 ans.
Johanna Clet
Pédiatre
Pédiatre libérale et hospitalière. Spécialisée en rhumatologie pédiatrique et maladies osseuses constitutionnelles.
Dr Catherine SALINIER
Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
[1] : Lignes directrices de l’OMS sur l’activité physique et la sédentarité, 2020 : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/337003/9789240014862-fre.pdf
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