Mis à jour le 13 février 2023 2 de nos experts
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À l’adolescence, la disponibilité de l’adolescent pour les apprentissages ne va pas de soi.
Il est des situations où manifestement, l’adolescent collégien est en difficulté : il faut alors se donner les moyens de comprendre que ces difficultés ne sont pas de principe à rapporter à des limites de compréhension ou de capacités intellectuelles, mais peuvent être l’expression d’un mal-être dans ce contexte de bouleversements physiques (la puberté) et psychique. Il est ainsi des signes qui doivent être des alertes pour se mobiliser, parents et corps enseignant : agitation, instabilité, transgression des règles voire jusqu’à l’insolence ou à l’inverse élève complètement « transparent », comportements anxieux accompagnés de manifestations physiques (maux de tête ou de ventre avec pour effet de multiples passages à l’infirmerie…).
Plusieurs situations doivent interroger et mobiliser.
Sommaire de l'article
L’hyper-investissement scolaire
Il se traduit par un intérêt exclusif avec exigence de réussite et d’excellence : il faut être le/la premièr.e.
Cet acharnement est souvent valorisé par les parents et les enseignants alors qu’il peut recouvrir un mal-être profond chez l’adolescent tourmenté par la crainte :
- de sortir de l’enfance
- de perdre le contrôle face aux exigences pulsionnelles qui l’assaillent.
Cette intellectualisation excessive peut s’accompagner d’autres manifestations témoignant d’une souffrance psychique sous-jacente. Le culte de la performance, le désir éperdu de maîtrise sont en effet bien présents dans :
- l’anorexie mentale
- les addictions aux produits psychoactifs, l’hyperactivité sportive et /ou artistique
- il arrive aussi que, faute de parvenir à être à la hauteur de leur idéal, certains adolescents se dépriment et soient gagnés par des idées noires.
- des plaintes somatiques peuvent être au devant de la scène : maux de ventre, céphalées.
Du fléchissement scolaire transitoire à l’échec scolaire durable
La situation d’un échec scolaire qui s’installe durablement demande à être analysée au plus près pour en comprendre l’origine, les mécanismes d’entrée étant multiples :
Y a-t-il des troubles cognitifs pré-existants ?
- Une déficience légère non diagnostiquée pendant l’enfance amène le collégien à être douloureusement confronté aux limites de ses capacités
- Des perturbations du raisonnement, (dysharmonies cognitives) peuvent compromettre la progression en mathématiques
- Les troubles « dys » persistants (dyslexies, dyspraxies, dyscalculies…) et le déficit de l’attention entraînent parfois un découragement durable face à l’inefficacité des efforts déployés.
Est-ce une expression d’un trouble névrotique ?
- L’inhibition constitue le mécanisme inconscient le plus fréquemment en cause dans les situations d’échec scolaire à l’adolescence en lien avec :
- une trop forte érotisation du savoir ou un refus de la rivalité. Une dimension autopunitive peut être ainsi présente dans le cas d’un élève intelligent qui se sent coupable de ne pas répondre aux attentes de son entourage
- une indisponibilité psychique inhérente à une souffrance dépressive ou la pression d’idées obsédantes
- Maux de tête, sensations de fatigue ou d’engourdissement des facultés intellectuelles surviennent parfois dès que l’adolescent est confronté à une tâche scolaire. Ces symptômes sont à comprendre comme des manifestations directes de l’anxiété ou des équivalents de conversion somatique.
Est-ce la conséquence d’une opposition grave ?
- Active : l’adolescent refuse l’ensemble du système scolaire, n’en intériorise pas les règles de fonctionnement, gêne souvent le déroulement de la classe, cherche à ne pas la fréquenter et ne se préoccupe pas du travail à fournir. Aucun sentiment de culpabilité n’est accessible mais cette défense caractérielle massive masque parfois une fragilité narcissique.
- Passive : elle se traduit par une absence complète d’autonomie dans la réalisation des tâches scolaires, l’adolescent tente de s’y soustraire, de temporiser, dit ne rien comprendre à ce qui lui est demandé. La présence vigilante et le soutien permanent de l’adulte sont nécessaires pour qu’il s’applique ; il conteste ainsi de manière indirecte les exigences excessives de ses parents ou entretient avec l’un d’entre eux un lien régressif.
Un trouble psychiatrique plus grave à cet âge de la vie se manifeste rarement par un retard scolaire durable
On conçoit de fait l’importance d’une évaluation approfondie effectué par un spécialiste de l’adolescence. De l’identification des causes découlera l’adoption de mesures thérapeutiques, ou éventuellement pédagogiques, adaptées à la problématique singulière de chacun.
À noter que les difficultés scolaires peuvent se présenter à toutes les étapes du parcours, parfois même jusque dans les études supérieures à des niveaux allant jusqu’au doctorat (incapacité à terminer une thèse par exemple.)
Refus anxieux – Phobies scolaires
Il s‘agit d’une incapacité à se rendre en cours, voire même de s’approcher de l’établissement scolaire.
Rien n’y fait, une injonction pressante ne faisant qu’aggraver les troubles, l’apaisement survient dès que l’adolescent obtient l’assurance que pour cette fois il n’ira pas en classe mais même s’il promet d’y retourner le lendemain sa promesse s’avère impossible à tenir.
Ce trouble est très médiatisé à la mesure des enjeux sociaux de la scolarité et de ce que représente pour l’adolescent voire sa famille le collège vécu comme un lieu possiblement « dangereux ». L’interruption de la fréquentation scolaire, qui laisse les parents démunis, soulage l’angoisse : grâce à ce repli protecteur l’adolescent évite de se mesurer aux autres et de se confronter à l’émergence de ses désirs.
Annoncée par des troubles anxieux, des conduites d’évitement, des somatisations diverses (la fréquentation de l’infirmerie devient quasiment pluriquotidienne), la phobie scolaire s’installe sans facteur déclenchant repérable : ce n’est que secondairement que sont avancées des rationalisations multiples…
Cette réclusion à la maison suffit rarement à apaiser durablement l’angoisse et d’autres symptômes viennent s’y associer :
- L’adolescent peut étendre sa conduite d’évitement à tout le champ social et sacrifier les activités sportives et les loisirs qui l’amèneraient à s’éloigner de chez lui, à fréquenter d’autres jeunes.
- La trop grande promiscuité avec les parents suscite des manifestations d’agressivité, des accès de colère, des exigences tyranniques…
- Le vécu dépressif sous-jacent se révèle pat l’émergence d’idées de dévalorisation, des craintes multiples et une inversion du rythme de sommeil.
L’isolement risque de s’étendre alors à toute activité sociale : non seulement il ne va plus en cours mais il désinvestit les apprentissages et renonce à ses activités de prédilection, ne fréquente plus ses amis, met à distance sa famille, et s’isole complètement de son environnement habituel.
Quand ce « décrochage scolaire » s’inscrit dans la durée faute de soins, l’avenir professionnel voire l’épanouissement personnel de l’adolescent concerné peut s’en trouver gravement compromis.
Un avis médical s’impose rapidement pour une mise en place d’un traitement complexe et multifocal dont l’objectif ira au-delà de la simple disparition du symptôme.
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Pr Bernard BOUDAILLIEZ
Professeur émérite Université Picardie Jules Verne (UPJV)
Médecin vacataire à l’ASE Amiens
Pr Christian MILLE
Professeur émérite Université Picardie Jules Verne (UPJV)
Pédopsychiatre Praticien attaché CHU Amiens
- Médecine et Santé de l’Adolescent : pour une approche globale et interdisciplinaire. Elsevier 2019 Chapitre 25 et 44
- Nicole Catheline (2012). Psychopathologie de la scolarité. Elsevier
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