Mis à jour le 07 février 2022 3 de nos experts
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La vie en société, qui oblige à faire des compromis, entraîne inévitablement quelques frustrations. D’où parfois une opposition systématique mêlée d’agressivité. Votre enfant a besoin de se différencier, et marquer son refus est un moyen de tester sa puissance. Comment l’aider à s’affirmer tout en respectant les autres ?
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Je dis « non », donc je suis
Votre enfant a découvert (vers 8 mois en général) qu’il est une personne distincte de vous. Vers 18 mois, il commence à bien intégrer cette différence, et veut la marquer. C’est sa façon de dire : « Je suis moi ! Je ne suis pas toi ! ». Pouvoir dire «Non! » est une acquisition puis une compétence importante pour lui, puisqu’atteindre cette étape témoigne de sa capacité à construire sa propre identité. En imposant ce mot, il se sent fort et s’affirme «lui».
Avec ce non, il comprend qu’il affirme sa différence : alors il dit non à tout. Pourquoi est-ce un passage essentiel ? Parce qu’à partir de l’instant où il sait qu’il peut dire non, cela le suivra toute son existence, à chaque fois qu’il tombera sur quelqu’un cherchant à s’imposer à lui.
En disant non, il vous dit : « j’ai le droit de dire non si je n’ai pas envie. Et quand je dirai oui ce ne sera pas par soumission, mais parce que moi, j’aurai le choix de dire oui ou non ». Cette phase d’opposition est particulièrement marquée entre deux ans et demi et trois ans, et de quatre ans à quatre ans et demi (et plus tard, au début de l’adolescence, entre 12 et 14 ans). Elle peut être parfois éprouvante pour les parents !
En réalité, votre enfant s’affirme dès la naissance !
Dès sa naissance, votre enfant manifeste sa présence. Il éprouve des émotions, réclame de l’affection, cherche votre contact, suscite votre attention. Ainsi, avant même de savoir parler, et de pouvoir dire « non », votre nourrisson possède la capacité de s’affirmer et de faire connaître ses attentes et besoins. Pour cela, dès ses premiers mois, il utilise un langage propre. Ce ne sont pas encore des mots, mais toute une palette de manifestations passant par la modulation de ses babillages, ses pleurs, mais aussi ses regards, ses mimiques faciales, ses gestes, bref, tout ce qui traduit sa présence en tant qu’individu interagissant avec autrui, en sachant que chaque enfant possède ses propres particularités et différences.
Entre 1 et 3 ans : votre enfant s’affirme un peu plus et dit non
Entre 1 et 3 ans, votre enfant va établir les bases de l’affirmation de soi. C’est une période très riche pour lui sur le plan moteur, , intellectuel, social, affectif et psychologique. Il explore son environnement, apprend à parler, marcher et à être propre, tout en découvrant, aussi, frustrations et interdits. L’âge du « non » correspond donc à une étape importante de son développement au cours de laquelle votre enfant va progressivement s’affirmer.
En effet, durant cette phase, les enfants éprouvent encore ce que les médecins appellent la «toute-puissance infantile», une sensation de maîtrise de soi et de son environnement un peu magique. Dans le même temps, c’est un moment où, pour votre petit(e), l’univers s’ouvre et les limites se repoussent, avec les débuts de l’apprentissage sphinctérien et de la propreté, les premières étapes de la motricité, jusqu’à une bonne maîtrise de ses déplacements et mouvements. Parallèlement, il apprend à parler et à enrichir son vocabulaire. Ces différentes facettes de sa croissance lui permettent alors de développer une autonomie grandissante et un désir nouveau d’exploration. Par ailleurs, c’est en repoussant ainsi les limites de son univers que votre bébé va découvrir les frustrations et les interdits, qui découlent de cette entrée dans la socialisation. C’est alors le début de « l’âge du non », étape essentielle et incontournable du développement psychoaffectif de chaque enfant. En disant non, votre enfant comprend qu’il a le pouvoir de s’affirmer, d’être entendu et pris en compte en tant qu’individu doté de sa propre identité.
Respectez le non de votre enfant…
En tant que parent, il peut vous sembler élémentaire d’obliger votre enfant à obéir. Mais l’empêcher de dire non revient finalement à l’empêcher de s’affirmer et donc de s’émanciper. Si votre enfant vous semble têtu, répétant «non !» et ne cédant pas, il est simplement en train de chercher à s’affranchir.
La patience est donc de mise : mieux vaut prendre les choses avec philosophie et ne pas s’embourber dans une discussion interminable : « Tu dis non mais moi je dis si ! », ni chercher à piétiner ses tentatives d’opposition.
… mais posez des limites
Pour autant, votre enfant ne doit pas s’enfermer dans un non systématique. Il a juste besoin de s’assurer que vous entendez son « non ». Mais lui aussi doit entendre le vôtre. Expliquez lui : « J’ai bien entendu ton refus, tu as tout à fait le droit de dire non, mais tu dois accepter que moi aussi je te dise non ».
En poussant votre enfant à réfléchir, vous lui permettez de choisir de dire oui, tout comme il a pu dire non. Votre enfant a besoin de limites, elles le rassurent et sont essentielles pour l’aider à se construire. Ce sont en quelque sorte les « règles du jeu » qui vont lui permettre de bien avancer dans la vie et la société.
Comment trouver un équilibre ?
L’affirmation de soi est une question de juste équilibre entre la nécessité de se faire respecter, tout en respectant les autres. Elle implique d’être capable de dire son opinion, de formuler ses besoins, d’exprimer ses sentiments, et ainsi de les faire connaître et partager par autrui, tout en étant soi-même à l’écoute de l’autre, c’est-à-dire réceptif à ses avis, attentes et ressentis. C’est la base de l’échange réciproque, égalitaire et donc de la vie en société.
Ainsi, entre 1 et 3 ans, lorsque votre enfant manifeste son refus, essayez toujours de comprendre pourquoi il vous dit «non». En effet, il n’est pas rare que le «non» de votre enfant signifie «oui», votre bambin cherchant simplement à susciter votre attention, tester votre réaction, éprouver les limites de son environnement et mieux comprendre les règles du monde qu’il découvre pas à pas.
Dès lors, par la prise en considération de cette expression d’une opinion personnelle, votre enfant va se percevoir comme un être différent des autres, pensant par lui-même et capable d’échanger et partager avec autrui.
C’est alors le début d’une belle aventure dans laquelle vous aurez plaisir à le guider et l’accompagner !
Que faire face aux jets d'objets ?
Le conseil du pédiatre
Dans tous les cas, dire « non » pour un enfant, c’est aussi et surtout lui permettre de pouvoir mieux dire « oui » après ! Cela fait partie d’un apprentissage essentiel.
Alors ne soyez pas inquiets, votre enfant ne vous rejette pas, bien au contraire…
Accompagnez-le simplement en lui montrant les limites et interdits que chacun (parent, comme enfant) se doit de respecter, en lui réaffirmant votre affection. C’est ainsi qu’il développera ses compétences et son autonomie.
Bien évidemment, en fonction de chaque enfant, cette étape du développement pourra s’avérer douce ou, au contraire, beaucoup plus tumultueuse.
Et en pratique ?
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A lire « c’est en disant non qu’on s’affirme » du Professeur Daniel Marcelli aux éditions Hachette Littérature.
Pr Daniel MARCELLI
Pédopsychiatre, Hôpital Henri Laborit – Poitiers. Professeur de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'université de Poitiers, Faculté de Médecine. Chef de Pôle et de Service au Centre Hospitalier Henri Laborit à La Milétrie. Créateur du...
Dr Laurence RACLE
Pédopsychiatre, PH – Psychopathologie du Développement – Hôpital Femme Mère Enfant, Lyon-Bron
Dr Catherine SALINIER
Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
American academy of pediatrics. Caring for your baby and young child: birth to age 5, Bantam Books. 2004. 752 pages
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