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Comment accueillir un enfant adopté dans les meilleures conditions

Mis à jour le 23 septembre 2022 Dr Vital DE MONLEON

Accueillir enfant adopté
Crédit photo : AdobeStock 174344311

Il est enfin là !… L’enfant que vous espériez depuis si longtemps. Vous l’aviez imaginé et vous voilà partagé entre la joie de l’accueillir et le fossé qui existe entre l’image que vous vous étiez faite et la réalité… Vous allez devoir apprendre à vous familiariser l’un à l’autre, à vous apprivoiser. Pas toujours facile. Le point sur les erreurs à éviter pour bien commencer votre vie ensemble.

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Le mythe du parent parfait

Votre enfant a été adopté, certes, mais mieux vaut ne pas réduire votre histoire à cette adoption. A vouloir combler les manques qu’il a pu connaître, ou mettre un baume sur ses souffrances, vous risquez de courir après le mythe du parent parfait. Il est tentant de vouloir prouver que vous êtes un bon parent, qui a bien mérité qu’on lui confie cet enfant… Or une fois au sein de votre famille, si votre enfant vit dans des conditions où il a toutes les chances de s’épanouir et d’être heureux, il est inutile d’en faire trop. Être un parent adoptant ne signifie pas être parfait, pas plus que pour un parent biologique (voir notre article «la mère parfaite»). Il suffit d’être un parent suffisamment bon, suffisamment aimant et attentif pour que votre enfant ait toutes les chances de grandir dans de bonnes conditions.

S’attacher l’un à l’autre

Comme pour une naissance biologique, c’est différent d’un enfant à l’autre. Il faut parfois du temps pour créer un attachement durable qui vous liera pour la vie. Cet enfant, peut-être vous l’étiez-vous imaginé autrement ou aviez-vous une autre vision du fait d’être parent. Il est possible que vous soyez déçu ou déstabilisé. Rassurez-vous, c’est normal. L’arrivée d’un enfant est toujours un bouleversement dans la vie de ses parents. Pendant quelques mois, tout vous semblera désorganisé, car cet enfant devient soudain le centre de votre univers et demande des soins, du temps, de l’attention… Et il vous faudra du temps pour vous y faire.

Il est important de relativiser les difficultés que vous risquez de rencontrer au tout début. Ce sont ces mêmes difficultés que rencontre tout parent. Mais très vite, rassurez-vous, les choses rentreront dans l’ordre et se mettront en place tout naturellement.

Au tout début, selon son âge, votre enfant n’aura peut-être pas trop envie de parler. Il a toutes les raisons d’être angoissé, d’être sous le choc du changement qui s’impose à lui. Il est possible qu’il commence par observer… par être distant, ou tout au contraire, il aura besoin de se coller à vous. C’est très variable d’un enfant à l’autre. Laissez-le faire les choses comme il le ressent. Ne cherchez pas à trop en savoir, attendez le moment où il aura envie de se confier à vous. Montrez lui simplement que vous êtes là, à ses côtés, heureux de sa présence, soyez attentif à ce qu’il veut exprimer, écoutez-le et accompagnez-le simplement dans son adaptation à sa nouvelle vie.

Un lien d’attachement durable demande du temps et parfois plus encore lorsqu’il s’agit d’un enfant adopté qui a souvent un passé difficile derrière lui et peut être immature sur le plan affectif.

Normalement, en effet, le lien d’attachement entre une maman et son bébé se crée à partir de la naissance. L’enfant que vous adoptez a déjà un passé derrière lui et n’a pas encore expérimenté un lien d’attachement ou au contraire, s’était attaché (à sa mère, à la personne qui s’occupait de lui…) et le lien a été rompu brusquement (ce qui peut l’avoir rendu méfiant). L’attachement va donc nécessiter plus de temps pour se faire. Parfois, les enfants adoptés ont du mal à accepter d’être confiés à quelqu’un d’autre (crèche, école…) que leurs nouveaux parents ou au contraire, iront volontiers vers d’autres personnes comme s’ils faisaient peu de cas de vous. Ce qui peut vous amener à vous remettre en question : suis-je un bon parent ? Suis-je bien fait pour élever cet enfant… ? En fait, pour que votre enfant puisse prendre confiance en lui, et devenir autonome, il faut qu’il y ait à la base ce lien de confiance entre vous et lui, qu’il vous sente en confiance.

Qu’il y ait des moments de doute, d’inquiétude, de remise en question est tout-à-fait naturel : finalement, adopter un enfant c’est avant tout devenir parent, comme n’importe quel parent. On croit que l’histoire s’arrête lorsque l’enfant paraît alors que tout commence au contraire ! L’amour entre les parents et leur enfant ne naît pas forcément de façon magique à la naissance. Il se forme tranquillement, au fil du temps et de leur vie ensemble. Tout reste à faire !

Le prénom d’origine

Lorsqu’on adopte un enfant, la question se pose de lui laisser son prénom d’origine ou pas. Il semble évident pour des parents naturels de commencer par chercher un prénom. Donner un prénom à votre enfant est une manière de créer un lien avec lui. Le prénom qu’il avait en arrivant correspond à sa vie d’avant. Ce nouveau prénom va de pair avec sa nouvelle vie. Il a finalement vécu bien des changements (de pays, de culture, de parents…) qu’il n’est sans doute plus à un changement près. Surtout que selon les pays d’origine, le prénom peut être un frein à son intégration (difficulté de le prononcer à l’école par ses camarades, par exemple)… Vous pouvez donc par exemple lui choisir un prénom et lui laisser son prénom d’origine en deuxième prénom. Mais si son prénom d’origine vous plait, vous pouvez le garder en le complétant d’un deuxième prénom, dont il pourra se servir s’il préfère.

L’adaptation de votre enfant

Votre enfant a vécu un passé avant vous qui a pu laisser des traces : il vient d’un autre pays où il parlait peut-être une autre langue, avait d’autres coutumes… Il est possible qu’il rencontre des difficultés pour s’intégrer et réussir à l’école ou dans la vie. N’hésitez pas à vous faire aider. Être un bon parent ce n’est pas tout réussir du premier coup.

Ne vous étonnez pas si l’attitude même de votre enfant varie au fil du temps : il peut s’efforcer d’être facile à vivre juste par souci de vous plaire, comme il peut éprouver le besoin de tester votre amour en se montrant rebelle ou difficile à vivre. Lorsque vous adoptez un enfant, lui aussi doit vous adopter, et ce n’est pas simple.

En tant que parent, vous essayez de lui inculquer les bases de l’éducation (la politesse, le respect, etc.) et vos habitudes de vie. Votre enfant a beaucoup de choses à apprendre en un temps record là où un enfant qui naît dans une maison intègre les règles petit à petit. Il faut donc se mettre à sa place et comprendre qu’il ne pourra pas tout apprendre d’un coup. Mieux vaut donc insister sur l’essentiel (la sécurité, le respect, par exemple) et être patient sur le reste. De même, valorisez-le lorsqu’il applique les règles mises en place plutôt que de le punir s’il ne les respecte pas.

Baby-blues

Malgré la joie ressentie en devenant parent, vous pouvez aussi ressentir une petite déprime, un «coup de blues»… Après avoir rêvé de cet enfant pendant des mois, parfois des années, l’avoir imaginé, avoir fait des projets… Vous vous retrouvez soudain face à une réalité qui n’est pas toujours aussi romanesque et cela peut vous rendre nostalgique de votre vie antérieure.

Si vous ne ressentez pas d’élan envers l’enfant qui vous est confié, si la responsabilité qui vous incombe vous semble soudain insurmontable, qu’une certaine tristesse s’installe (vous ne vous sentez pas à la hauteur, vous avez du mal à communiquer avec votre enfant, vous n’êtes pas à l’aise avec lui, et vous vous sentez en permanence au bord des larmes…), ne culpabilisez pas et ne vous en faites pas. Cet état, qu’on appelle communément le baby-blues, est fréquent et généralement passager. Parlez-en à votre médecin surtout si cela persiste.

Comme dans n’importe quel couple, l’arrivée d’un enfant perturbe les habitudes. Il est possible que vous n’ayez pas les mêmes idées sur l’éducation, et que sous le coup de la fatigue, vous vous heurtiez sur des petits détails. Il arrive aussi que l’on soit déçu. Parce que l’enfant ne correspond pas à ce que vous espériez, parce qu’il n’est pas facile à vivre, parce qu’il a des difficultés liées à son changement de vie ou à son passé, ou tout simplement parce que vous ne vous sentez pas à la hauteur…

Dites-vous que tout s’arrange avec de la patience et du temps. Du temps pour s’adopter de part et d’autre, pour apprendre à vivre ensemble et à s’aimer. Faites vous confiance et faites confiance à votre enfant.

NOUVEAU – Découvrez notre podcast Premiers liens – Créer la relation parent-enfant présenté par le Dr Marie-Hélène Cavert, à découvrir ici…

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Docteur Jean Vital de Monléon

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