Mis à jour le 19 octobre 2020 Pr. Jérôme COTTALORDA
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Le dos douloureux de l’enfant
Entre 6 et 11 ans, le dos (le rachis) des enfants est encore souple.
Dès lors il est rare d’être véritablement confronté à un gros problème de dos. Parfois le mal est peut être plus symptomatique ; un peu comme le trop fameux « mal de ventre »… Parfois, le dos « a bon dos » !
Cependant de 10 à 11 ans, 63% des enfants se plaignent de douleurs du dos (dites aussi rachialgies) occasionnelles ou fréquentes. Les facteurs favorisants, habituellement rapportés, sont l’âge, le sexe féminin et les antécédents familiaux de douleurs dorsales, lombaires ou cervicales.
Sont aussi rapportés les traumatismes rachidiens associés à la pratique d’activités sportives intenses ou au contraire l’absence de toute activité physique (avec son corollaire de muscles médiocres). D’autres facteurs restent discutés : un surpoids, des facteurs psychosociaux, la taille, les troubles de la statique rachidienne (scoliose vraie ou attitude scoliotique) et le poids du cartable…
Ce qui doit vous inquiéter s’il se plaint du dos
- Votre enfant a de la fièvre, se plaint d’être fatigué: consultez rapidement.
- La douleur le réveille la nuit, plusieurs nuits de suite et sans cause apparente: consultez sans tarder.
- Ses activités sont modifiées, il rechigne à bouger, il n’a plus le même entrain à jouer: consultez dès que possible.
- Et si les symptômes durent depuis plus d’un mois, sans pourtant qu’ils vous inquiètent vraiment: consultez aussi.
N’hésitez pas, consultez le médecin de votre enfant, il vous orientera.
Les douleurs du dos chez l’enfant nécessitent un examen minutieux afin d’éliminer un problème organique qui peut être grave. Cet examen orientera vers un bilan complémentaire et le traitement de la cause ou au contraire vers une surveillance et un traitement symptomatique.
Mais attention, tout comme le ventre, le dos est souvent un point d’appel pour attirer votre attention… Le problème est peut-être ailleurs…mais ne doit pas être négligé pour autant !
Une activité physique régulière est toujours conseillée
Un dos bien musclé est toujours plus fort et plus résistant. Le développement des muscles dorsaux ainsi que des muscles abdominaux est très important, puisqu’ils soutiennent la colonne vertébrale. Ces muscles, bien équilibrés et renforcés, permettent à la colonne d’être à la fois tonique et souple.
Attention cependant au sport de haut niveau, de compétition, pouvant entraîner des douleurs et fragiliser le dos (voir article certificats médicaux).
A contrario, une hypo activité reste néfaste. Assis toute la journée, peu mobile, votre enfant se fragilise et son dos absorbe alors bien des maux…
Et la scoliose ? Qu’en est-il pour vos 6-11 ans ?
Du grec « skolios », tortueux, la scoliose est une déformation du rachis dans les trois plans de l’espace ; elle associe une déviation frontale, une modification des courbures de profil et une rotation des corps vertébraux. Il existe de multiples formes de scolioses selon l’âge (nourrisson, enfant, adolescent ou adulte) selon les étiologies (idiopathiques c’est-à-dire sans cause connue, musculaires, malformatives, neurologiques, etc.) et selon la localisation (dorsale, lombaire, dorsolombaire ou double majeure: dorsale et lombaire). Toutes ces scolioses ont un potentiel évolutif différent et nécessitent un traitement spécifique.
Le plus souvent la scoliose est découverte par le pédiatre, le médecin traitant ou le médecin scolaire, très rarement par les parents. L’enfant est mesuré debout et assis. La taille assise donne une idée de la croissance résiduelle sur le rachis. L’enfant est vu de dos debout. Sont recherchés un déséquilibre des épaules (scoliose dorsale) et/ou une asymétrie des plis de la taille (scoliose lombaire). Un fil à plomb mis sur C7 (la dernière vertèbre cervicale) permet de mesurer l’équilibre de la scoliose. En cas d’équilibre, le fil à plomb passe par le pli inter-fessier [ce qui est naturellement le cas lorsqu’il n’y a pas de scoliose !]. On demande ensuite à l’enfant de se pencher en avant pour rechercher une gibbosité, (une bosse ou voussure) située à côté de la colonne vertébrale lorsque l’on regarde le dos se « plier ». La gibbosité signe la rotation des corps vertébraux et donc la scoliose. Il n’y a pas de scoliose sans gibbosité et toute gibbosité est synonyme de scoliose. La gibbosité est absente en cas d’attitude scoliotique.
L’attitude « scoliotique » à ne pas confondre avec la scoliose, est une mauvaise position de l’enfant qui se tient mal. Beaucoup plus fréquente et moins grave, l’attitude scoliotique est une simple déviation de la colonne vertébrale sans torsion des vertèbres et sans véritable déformation du tronc. Elle ne devient jamais une scoliose.
La scoliose peut survenir à tout âge, jusqu’à la fin de l’adolescence (scoliose juvénile entre trois ans et la puberté). Sa recherche fait donc partie de tout bon examen de l’enfant et l’adolescent.
La scoliose est plus fréquente chez les filles (80 % des scolioses idiopathiques) que chez les garçons (20 %).
Dans 70% des cas, elle se développe chez des enfants en pleine santé, sans cause connue. On en ignore encore très souvent la cause, son origine est probablement multifactorielle avec des facteurs héréditaires. L’alimentation, la posture, la pratique de sports ou le port d’un cartable trop lourd ne sont pas directement responsables de la survenue d’une scoliose.
Cependant, le port du cartable reste problématique, et source de bien des maux !
Le port du cartable
Sans être la cause de la scoliose, le cartable trop lourd peut être responsable de douleurs du dos. C’est un vrai problème. Les écoliers français portent une charge beaucoup trop lourde et la portent mal le plus souvent: sur une seule épaule…
Un enfant en 6ème, devrait porter 10% du poids de son corps. Et pourtant, le plus souvent, le cartable pèse bien davantage ! Jugez en et faites le calcul pour votre enfant…
Dans une étude portant sur des élèves français de 6ème, le poids moyen du cartable était de 9.6 kg, soit 19,2% du poids de l’enfant! La moitié (49%) des enfants portaient un cartable représentant plus de 20% de leur propre poids. Certains enfants portaient jusqu’à 40% de leur poids ! Dans cette même étude, les auteurs montrent qu’un cartable supérieur à 20% du poids du corps est un facteur de risque de lombalgie. Il semble que non seulement le poids du cartable mais la durée du port de celui-ci dans la journée soit un facteur favorisant pour l’apparition de douleurs. Il est à noter qu’au collège le poids du cartable reste constant de la 6ème à la 3ème sans tenir compte du poids de l’enfant. Ainsi un même cartable sera plus «traumatisant» pour un élève de 6ème que pour un de 3ème.
La manière de porter un cartable peut influencer sur la survenue de rachialgies. Les cartables portés sur une épaule ou mal positionnés peuvent influer sur la posture et la marche. Des études ont mis en évidence un risque plus élevé de consulter un médecin pour douleurs du dos chez les élèves portant leur sac à la main contrairement au portage sur les épaules (50% des enfants portant leur cartable à la main présentaient un absentéisme scolaire et/ou sportif contre 11,5% de ceux qui le portaient sur les épaules).
Alors alléger, alléger au maximum les cartables… et les maux de dos !
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Cartable et douleurs rachidiennes, Pr Jérôme Cottalorda
Le dos douloureux de l’enfant et l’adolescent, Cottalorda J, Louahem D, Mazeau P, L’Kaissi M
Les scolioses idiopathiques, J. Cottalorda, P. Mazeau, D. Louahem, K. Patte, L. Schifano, M. Porte – Service d’orthopédie infantile – Hôpital Lapeyronie – Montpellier
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